FNH N° 1020

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 22 AVRIL 2021

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Lutte contre l’informel

◆ Le proverbe «A quelque chose malheur est bon» est d’autant approprié pour nos propos, si l’on sait que la crise pandé- mique a été une sorte de piqûre de rappel de l’ampleur du secteur informel qui risque de prospérer au Maroc. Un chantier tombé aux oubliettes

rant pour le pays. Celui de la généralisation de la couver- ture sociale qui constitue une digue contre la vulnérabilité des personnes modestes. Le proverbe «A quelque chose malheur est bon» est d’au- tant approprié pour nos pro-

à la sous-capitalisation de celles-ci, dont la plupart sont vulnérables financièrement. A l’échelle nationale, des suggestions vont également dans le sens de la création d’un cadre juridique appro- prié aux structures infor- melles. D’où la pertinence de mener la réflexion autour d’un statut simplifié. Par exemple, l’Association des moyennes et petites entre- prises de textile et d’habille- ment (AMPETH) propose une combinaison entre le statut de l’autoentrepreneur et celui de la société à responsabilité limitée, avec à la clef un sys- tème comptable et un régime fiscal simplifiés. Une révision profonde et réaliste du régime de la TVA est également une nécessité surtout si l’on sait que d’après les Brefs du plan susmentionnés, la princi- pale composante fiscale qui influence le secteur informel est la TVA et non l’impôt sur les sociétés. Toujours dans l’optique de rendre le secteur informel attractif dans cette période difficile, l’exonéra- tion temporaire (5 ans) de la part patronale pour les coti- sations sociales (CNSS) est une sérieuse piste à explorer. A l’évidence, cette liste est loin d’être exhaustive, mais force est d’admettre égale- ment que la lutte contre l’in- formel requiert, entre autres, un fort engagement de l’Etat et de grandes campagnes de sensibilisation sur l’intérêt de rejoindre le secteur formel qui garantit des emplois plus décents. ◆

pos, si l’on sait que la crise pandémique a été une sorte de piqûre de rappel de l’ampleur du secteur informel. Ce dernier risque de pros- pérer en ces temps de crise économique si des mesures fortes ne sont pas prises afin d’amener les unités

Une étude plus récente de la Banque centrale

montre que le sec- teur informel a pesé près de 31,3% du PIB sur la période 2006-2017.

informelles à rentrer dans les rangs de la formalité qui a plusieurs avantages. A ce titre, rappelons que les entre- prises formelles en difficulté en raison de la crise, ont eu droit à des aides mises en place dans le cadre du Comité de veille économique (CVE). Ces pistes qui peuvent séduire Parmi les solutions suscep- tibles de séduire les struc- tures clandestines à rejoindre le secteur formel en ces temps difficiles, il y a lieu de citer la facilitation de l’accès des entreprises au finance- ment par l’accroissement substantiel des crédits garan- tis par l’Etat avec des critères d’éligibilité et de décaisse- ment moins contraignants. L’aversion des entreprises informelles pour le paiement de l’impôt, notamment la TVA et l’IS, peut être liée

le secteur informel a pesé près de 31,3% du PIB sur la période 2006-2017. C’est dire les énormes proportions prises au cours de ces der- nières années par les activi- tés informelles. En dépit de cette donne préjudiciable pour l’économie nationale, force est de constater que la lutte contre l’informel est reléguée en seconde zone par l’actuel gouvernement. Et pourtant, le foisonne- ment des structures infor- melles constitue un manque à gagner considérable pour les finances publiques, cha- hutées par la crise de la covid-19. Mener un combat pragmatique contre l’infor- mel tenant compte des spé- cificités et des réalités des petites structures et des unités industrielles clan- destines, est un grand pas dans l’avancée d’un chantier national hautement structu-

L e contexte actuel en proie à la pandé- mie de la covid-19, source de la crise de l’offre et de la demande au Maroc et dans plusieurs pays, constitue une énième preuve de l’impératif de réduire la voilure de l’in- formel à l’échelle nationale. Rappelons que les Brefs du Plan de mars 2021 sous le thème : «Le secteur informel au Maroc : les principales caractéristiques et tendances d’évolution» , évoquent l’en- quête nationale réalisée par le HCP entre 2013 et 2014. Cette étude montrait déjà à l’époque que la part du sec- teur informel dans le volume total des emplois créés s’est élevée à 28,7%, et sa contri- bution au PIB a atteint 11%. Une étude plus récente de la Banque centrale montre que Par M. Diao

Une révision profonde et réaliste du régime de la TVA est éga- lement une nécessité.

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