FNH N° 1136

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JEUDI 18 JANVIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO

ECONOMIE

Succession des années de sécheresse

Un sérieux problème pour la croissance à long terme

sans précédent des ressources hydriques, des réservoirs et des nappes phréatiques. Actuellement, les derniers chiffres sur la pluviométrie ne présagent guère d'une amélio- ration en fin de saison, d'autant plus que le taux de remplis- sage des barrages stagne à un modeste 23%. En anticipant une éventuelle nouvelle année de sécheresse en 2024, les consé- quences pourraient se faire sentir à travers une conjonction redoutable. A savoir, une dimi- nution des revenus, une hausse potentielle de l'inflation alimen- taire et des implications bud- gétaires associées à l'intensifi- cation des mesures contre les effets de la sécheresse. À très court terme, la reprise économique entamée fin 2023 a été stoppée par le retour de la sécheresse automnale, provoquant un retard dans le début de la campagne agricole 2023/24. Le déficit de pluviomé- trie des quatre premiers mois de la campagne a atteint 53% par rapport à une saison nor- male, selon le haut-commissa- riat au Plan (HCP). Malgré cela, la valeur ajoutée agricole pour- rait augmenter de 0,5% en varia- tion annuelle si les conditions météorologiques se rétablissent au cours du premier trimestre 2024. Maintenant, si des pluies de der- nière minute peuvent potentiel- lement sauver la croissance de cette année, c'est sur le long terme que se profile la véritable problématique.

Avec la fréquence accrue des saisons des pluies médiocres, la sécheresse pourrait devenir un défi structurel, impactant sérieusement l'économie à long terme. La rareté de l’eau pourrait entraîner une baisse du PIB réel pouvant atteindre 6,5%.

L Par Y. Seddik

es récentes sécheresses ont rappelé avec force l'exposition de l'économie marocaine aux chocs pluviométriques. Les grandes oscillations des niveaux de précipitations ont contribué à amplifier la récession de 2020 et la reprise de 2021, et ont ralenti la croissance en 2022 et 2023. Aujourd'hui, le retard pluvio- métrique laisse une fois encore planer le risque d'une nouvelle année de sécheresse en 2024. Le Maroc est l'un des pays les plus touchés par le stress hydrique au monde, un pro- blème qui devrait s'aggraver dans les décennies à venir. Entre

1960 et 2020, la disponibilité par habitant des ressources en eau renouvelables est passée de 2.560 m 3 à environ 620 m 3 par personne et par an. Elle place le Maroc dans ce qui est considéré comme une situation de stress hydrique structurel (inférieur à 1.000 m 3 ), se rapprochant rapi- dement du seuil absolu de pénu- rie d'eau de 500 m 3 par personne et par an. Les récentes déclarations du ministre de l'Agriculture devant le Parlement sont révélatrices de l'ampleur du défi. La pluviomé- trie actuelle a décliné de manière significative, enregistrant une

baisse de 54% par rapport à la moyenne des 40 dernières années, avec les ressources hydriques chutant de manière alarmante de 83%, atteignant un niveau critique de 600 millions de mètres cubes. La décroissance des ressources hydriques des barrages est également marquée, passant de 18 milliards de m 3 sur la période 1945-1980 à moins de 5 milliards de m 3 au cours des cinq dernières années. Ces tendances inquiétantes s'inscrivent dans un contexte où le pays a enregistré six années sèches consécutives depuis 2018, caractérisées par un déclin

 Le Maroc pourrait avoir du mal à récupérer les pertes de production agricole subies lors des années sèches.

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