FNH N° 1136

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FINANCES NEWS HEBDO / JEUDI 18 JANVIER 2024

CULTURE

raine. «J’ai beaucoup travaillé sur l’amour parce qu’il est la vie. L’amour fait de nous des êtres à part, touchés par ce souffle divin qui nous élève. L’amour est un appel à devenir meilleur, à chaque instant de notre vie. C’est de cette constance que j’essaie de m’approcher chaque jour, à chaque moment. Ce souffle de vie est amour et c’est notre miracle. Il nous faut aimer. Donner, offrir. Et l’art est une des formes suprêmes d’aimer et de donner», explique Malika Agueznay. Ce mot « Amour» est un leitmo- tiv. Il devient le centre même de cette peinture. Décliné dans toutes les formes, présenté sous des couleurs différentes, animé par des lumières et des ombrages variés, l’amour gagne à chaque trait plus de force et revendique du même coup, toute sa place au sein de cet univers. James Joyce disait : «Ce qui importe par-dessus tout dans une œuvre d’art, c’est la profondeur vitale de laquelle elle a pu jaillir». C’est exactement cela qui nous frappe devant ce mot répété si souvent, sans jamais perdre de sa puissance. Au contraire, l’amour est si senti en profon- deur que chaque fois qu’il est décliné en couleur et en forme, à chaque fois qu’il est gravé pour l’éternité, il nous renvoie à notre essence qui n’est que passion et désir. Passion de vivre. Désir d’aller encore plus loin, plus pro- fondément en soi pour faire jaillir ce geyser qui est synonyme de vibrations, de vivacité, d’éclat suprême pour chanter la beauté de vivre et d’aimer. Cela fait écho à cette phrase si célèbre d’Anatole France : «E n art comme en amour, l’instinct suffit». Cet instinct qui va de l’être à l’univers pour célébrer l’Un. Cette unité du monde qui prend racine chez l’artiste pour peu qu’il devienne cette ouver- ture à tout ce qui vit. «Faites que votre tableau soit toujours une ouverture au monde», disait Léonard de Vinci. ◆

dit, premier venu. Pablo Picasso avait coutume de dire aux amis proches : «Il y a des êtres qui font d’un soleil une simple tache jaune, mais il y en a aussi qui font d’une simple tache jaune, un véritable soleil». Malika Agueznay, à chaque fois qu’elle entame une œuvre, on peut être sûr que la lumière y est déjà présente. Ses blancs ancrés dans leur blancheur sont une revendication de cette pureté primale. George Bernard Shaw avait raison de dire que «l’art est un miroir magique que nous créons pour transformer les rêves invisibles en images

des plus proches du temps. Le temps dans sa spatialité comme mesure de ce qui advient tou- jours. «Il est vrai que quand je regarde mon travail des années après, je le perçois autrement. Certes, les images premières restent toujours rattachées au travail, mais il y a l’empreinte du temps qui vient apporter une nouvelle dimension de lecture. J’ai souvent l’impression que mes œuvres vivent au-delà du temps et continuent de grandir et de se nourrir de la vie, même quand je ne les touche plus. Je leur laisse cette part de mystère qui est inqualifiable» , dit-elle. Une dimension mystique qui, au-delà des formes et des

signes, rapproche cette pein- ture de l’art musulman persan et asiatique. Autant la forme, les lignes, le tracé nous renvoient tous à cette haute symbolique religieuse. «L’art est une forme de religiosité. C’est de là qu’il tire toute sa force. C’est une connexion à l’âme du monde et c’est cette relation au sacré qui me bouleverse au plus haut point». Le sens du caché, celui du non- dit, mais uniquement suggéré, la quête de la révélation, autant de thématiques picturales qui donnent à ce travail une valeur quasi scientifique. Sans oublier que pour l’artiste, tout ceci n’est qu’amour, ce message premier

visibles». En effet, le peintre ici a cette capacité qui est aussi un réel souci de simplicité de rendre un espace monochrome une source d’irradiation. Une source vive où chacun de nous peut puiser une lumière folle. Bref, face au travail de cette artiste habitée par le don de soi, nous sommes sommés de croire avec William Blake que «l’art est la vie, la vie c’est l’art». Amour. Tout est amour Dans tout ce travail qui s’étale sur une vie de recherches et de rencontres, de questionne- ments et de débuts de réponse, la force d’aimer est ici souve-

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