l’écume des flots : lieu touristique très fré- quenté, superbe, sur le littoral, et qui aurait été totalement défiguré par l“œuvre“ implan- tée en mer. Par chance, des êtres sensés ont fait obstacle à son égo : il n’était déjà plus ministre depuis longtemps lorsque le projet de statue a sombré dans l’oubli. Donc, pour reve- nir à la difficulté de trouver un restaurant ouvert le dimanche soir, il est assez drôle de constater que le seul à prendre cette initiative, être ouvert lorsque les autres sont fermés, offrant par la même occasion au voyageur de passage la chance de passer une belle soirée,
déjeuner, misérable (gageons que StraTOM Group, nouveau gestionnaire des lieux, fera mieux : ce ne sera pas difficile). Je pense à celles à ceux qui ont l’idée saugrenue de vou- loir faire stopper des bateaux de croisière aux Iles du Salut. Non seulement aucune infra- structure digne de ce nom ne pourrait les rece- voir, en l’état actuel, mais en plus, si ce non- sens voyait le jour, les îles, si fragiles et non protégées, seraient rapidement dévastées par le flot des visiteurs ! Puisse Poséidon tenir éloi- gné d’elles les bateaux de croisière, tant qu’elles ne pourront pas les accueillir avec res- pect. C’est bien de cela dont on parle lorsqu’on aborde la question du tourisme en Guyane : de quelles infrastructures dispose-t-on pour rece- voir des voyageurs dans les meilleures condi- tions, en préservant les sites ? Que faire pour qu’une crique ne soit plus une décharge à ciel ouvert, où le touriste pourra se baigner sans se couper sur des bouteilles en verre brisées ni sla- lomer entre des préservatifs usagés ? Et je passe le fait que le littoral se transforme peu à peu lui même en poubelle, où s’amoncellent carcasses de voitures, frigidaires abandonnés, bien d’autres choses qui n’ont rien à faire là et donnent une image inattendue de l’Amazonie française. Au lieu d’être obsédés par cette question vitale pour l’image et le développement du touris- me, et surtout par l’immense vide structurel à combler pour accueillir des visiteurs et leur donner l’occasion de vivre des expériences uniques, en facilitant la mise en place de pro- duits touristiques, le Comité du Tourisme de Guyane déploie son plus gros budget annuel pour la Foire de Paris : une foire, vous avez bien lu ! On pourrait trouver l’idée intéressan- te si elle était suivie d’un beau retour sur investissement, mais ce n’est pas le cas ! La gabegie d’argent public dépensé là pourrait faire le bonheur de celles et ceux dont les rêves de développement touristique sur le ter- ritoire ne trouvent pas d’écoute attentive. Les prospects éventuels de la foire (touristes non affinitaires ni endogènes, ou Guyanais vivant à Paris) viennent essentiellement sur le stand de la Guyane pour boire et manger : c’est à cela que se résume la destination et les profits,
est le restaurant Chéri, à l’Anse Chaton, qui a eu les plus grandes peines à ouvrir, pour des raisons que nous ne développerons pas (elles ont été assez inutilement médiatisées) mais qui de toute évidence mettent en avant la dif- ficulté à participer au développement de la Guyane. Retour aux Iles du Salut. J’y ai accompagné deux jeunes femmes, rencontrées au marché de Cacao, et qui m’avaient compté leurs mésa- ventures, dont une location de kayak un jour de saison des pluies et de crue. Mésaventure mémorable : elles avaient eu le temps d’imagi- ner leur noyade et de perdre une partie de leurs effets personnels… dans un naufrage qui n’a pas fait sourciller leur loueur. Tout allait donc bien aux Iles du Salut, jusqu’à l’heure du
~C L A S S & R E L A X L I F E S T Y L E M A G A Z I N E - B U S I N E S S - 2023 ~
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