Class & Relax Lifestyle Magazine N°42

développé que nous ne disposons même pas d’indica- teurs. On le retrouve dans les activités de pêche sportive, qui offrent des moments tout à fait exceptionnels, et lors de certaines expéditions en forêt amazonienne. La gamme hôtelière va jusqu’au quatre étoiles, mais il y a surtout des meublés de tourisme quatre étoiles, très appréciés par cette clientèle. Dans cette catégorie nous pouvons intégrer de manière singulière le tourisme d’af- faires, international, exigeant, qui se déploie dans la durée. Enfin, les connexions aériennes restent insuffi- santes. Lorsqu’il y a des vols, les touristes brésiliens vien- nent en Guyane, qui offre à proximité de chez eux des produits de luxe français : vin, champagne, épicerie fine, parfums. Les Surinamais viennent aussi faire leurs emplettes à Cayenne. C’est à la Collectivité Territoriale de Guyane de favoriser le développement de nouveaux axes aériens, porteurs de touristes, Cayenne étant, géographi- quement parlant, extrêmement bien située pour les échanges aériens.” Nous demandons à Jean-Marie Prévoteau, Secrétaire de la Compagnie des Guides de Guyane, pourquoi le touris- me a tendance a se concentrer sur le littoral, alors que la forêt amazonienne devrait être la destination première des touristes : “L’orpaillage illégal gangrène le territoire et pollue les sites. On en est arrivé au point que des trou- peaux entiers de zébus sont acheminés clandestinement depuis le Brésil pour être abattus sur site, parce ce que tout a été mangé, c’est dire l’impact sur la faune locale. Les expéditions lointaines sur la Mana, qui pouvaient durer 15 jours, on cessé parce qu’on ne peut pas montrer à des touristes un fleuve sale, boueux et sans faune, avec le risque de se faire racketter, ou pire, par des garimpei- ros. Jadis sur le Maroni, nous faisions la course entre guides (il y a avait davantage de réceptifs qu’aujourd’hui) pour avoir les meilleurs emplacements dans les villages : tout cela, c’est terminé. Le milieu naturel est ravagé et pollué, le matériel des opérateurs touristiques et réguliè- rement volé : moteurs, pirogues. Le flux touristique en Guyane est faible et donc, économiquement parlant, ce n’est pas facile. Même sur le littoral, il y a beaucoup à faire : A l’ilet la Mère, il est interdit d’avoir une activité touristique pérenne sur site, un carbet par exemple, ou des toilettes, et le débarcadère est dangereux. Aux Iles du Salut, site le plus visité de Guyane, il n’y a que deux gen- darmes et les dégradations engendrées par les visiteurs sont déjà importantes. Des croix ont été volées au cime- tière. Il n’y a pas de gestion des sites. Comment accueillir des touristes dans ces conditions ?”

du P.I.B., la consommation touristique intérieure de la Guyane est conséquente par rapport à la richesse régio- nale, elle représente un certain poids. Pourtant les pro- jets les plus structurants n’aboutissent pas. Je vous mets au défit de pointer un grand projet de développement touristique. Certes il se passe des choses, essentiellement sous l’im- pulsion d’investisseurs privés : l’agrotourisme a tendance à progresser. Mais la Maison du Rhum ne s’est jamais concrétisée. Le rhum de Guyane, c’est le seul spiritueux, en France qui n’ait pas son musée de valorisation, alors que le rhum de Guyane a une histoire. L’histoire de l’or mériterait aussi d’être racontée mais la Maison de l’Or n’a toujours pas vue le jour. Le projet de Centre européen de la Biodiversité n’a pas abouti. Le Parc Amazonien de

Guyane n’a pas de vitrine : il mène ses missions, mais personne n’en sait rien. Cela mériterait d’être présenté au public. La même chose pour les réserves naturelles et le Parc naturel régional. On comprend que le touriste reste sur sa faim. La gastronomie guyanaise, elle aussi, fondée sur la diversité des peuples et très différente de celle des Antilles, est exceptionnelle ; et totalement sous valorisée. Les Iles du Salut, qui sont un des hauts lieux du tourisme en Guyane, pourraient voir leurs services être améliorés, mais on est plus attaché à leur conservation en l’état, les îles étant classées aux Monuments histo- riques. Les projets d’y faire venir en escale des bateaux de croisière, avec pour résultat une massification de la fré- quentation des îles, profiteraient très peu au tourisme local. D’abord parce que les escales sont courtes, ensuite parce que les Iles du Salut ont une offre marchande très limité. Les croisiéristes ne représentent qu’1% de la consommation touristique en Guyane. Je pense que ce n’est pas du tout une priorité pour le développement. Quand au tourisme haut de gamme, il est tellement peu

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