considérablement augmentés, ce qui impacte directe- ment l’aviation. Le dollar a aussi un cours très élevé, et nous en sommes dépendants pour la maintenance des avions, les assurances, la valeur des avions, les taux d’in- térêts qui définissent les loyers. Si l’on ajoute à cela une inflation générale, on s’attend à une année 2023 difficile. On a augmenté les tarifs, parce qu’il fallait bien répercu- ter ces coûts, notamment celui du pétrole, mais le moins possible, afin de ne pas perdre de clients. La sortie de crise est en cours, mais lente et difficile. Jean-Emmanuel Hay : Vous avez entendu parler de nou- veaux projets de desserte au départ de Paris, des Antilles, de Cayenne et probablement de Belém, par une compa- gnie aérienne croate, qu’en pensez-vous ? Marc Rochet : Que ce soit du point de vue de ma culture personnelle, ou de ma motivation en tant que patron de compagnies aériennes, je suis pour la concurrence, pour une activité libéralisée. Je ne crois pas du tout aux mono- poles, ni à la gestion par les Etats du trafic aérien. Laissons faire l’industrie, elle s’en sort très bien toute seule. Elle l’a d’ailleurs prouvé lors de la pandémie, une crise d’une ampleur inédite, malgré les aides non équi- tables et non transparentes allouées à certaines compa- gnies aériennes. Je dis donc bienvenue à ce nouveau concurrent annoncé. Maintenant, en tant qu’opérateur, je suis très réservé sur la validité du business modèle, parce nous sommes dans des régions éloignées de tout, où le pétrole est encore plus cher qu’ailleurs. Je rappelle que la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane sont alimen- tées en kérosène par une raffinerie qui s’appelle la SARA, qui a décidé d’augmenter les prix pour les avions afin de faire baisser le prix de l’essence pour les automobilistes :
ne prendre qu’un exemple, la fin des lancements de Soyouz depuis le Centre Spatial Guyanais, en raison du conflit entre la Russie et l’Ukraine, provoque une baisse d’activité. Le retard pris par Ariane 6 aussi. Du côté d’Air Caraïbes, nous avons modernisé notre flotte pour n’avoir quasiment plus que des A350, nous avons rénové les salons d’affaires de Cayenne et d’Orly, nous avons ouvert une nouvelle agence commerciale à Cayenne, mais on ne peut pas dire que la ligne connaît une forte croissance. Le point positif concerne le redémarrage de l’activité cargo et de ce point de vue l’A350 est très performant. Il va se passer un an ou deux encore, avant que l’on puisse y voir plus clair : il y a eu la crise de la covid, suivie d’une crise économique. Les coûts de l’énergie et du pétrole ont
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