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JEUDI 11 JANVIER 2024 / FINANCES NEWS HEBDO
POLITIQUE
Revisiter la politique au Maroc Chronique E n ce début d'année 2024, com- ment se présente donc la politique au Maroc ? Tout dépend évidem- ment du lieu d'où l'on parle : gou- vernement, opposition, réseaux sociaux... Une chose paraît sûre en tout cas : la stabilité politique. Un acquis précieux alors que l'environnement régional, arabe et continental se distingue par tant de spasmes et de convul- sions qui sont éligibles à une forte instabilité, marquée du sceau de la violence, de la division de la confrontation et même des coups de force. Tel est le tableau.
Par Mustapha. SEHIMI / Professeur de droit (UMV Rabat) Politologue
l'activité, surtout dans les écono- mies européennes, premier mar- ché du Maroc avec 66% environ de ses échanges. Pour ce qui est de l'emploi, c'est un marché dans une situation difficile : baisse du taux d'emploi des 15-24 ans de 29% à 27,4%; celui des hommes a aussi reculé de deux points (60,7%) ainsi que celui des femmes (15%); et les pertes d'emploi ont frôlé les 300.000 personnes en 2023, surtout dans le milieu rural (270.000). Il faut évoquer encore la tendance à la hausse du sous-emploi de l'ordre de 94.000 personnes pour atteindre 1.005.000 individus. Le chômage, lui, s'est élevé à 1,63 million de personnes, passant de 11,4% à 13,5% -, taux plus élevé dans les villes et en particulier chez les jeunes de 15-24 ans de 38%, en hausse de sept points. Inflexion sociale Cela dit, les grands équilibres macroéconomiques restent solides et confortent la bonne signature du Maroc auprès de la communauté financière interna- tionale (FMI, Banque mondiale, BAD,...) et des marchés, comme l'a illustré à ce sujet le succès de l'opération d'emprunt de 2,5 mil- liards de dollars en février 2023, puis la ligne de crédit modulable (LCM) de 5 milliards de dollars accordée par le FMI pour deux ans, début avril. L'année 2023 a été, par ailleurs, la séquence d'in- flexion sociale devant traduire les orientations royales énoncées depuis 2020. Le dispositif a pris du retard. Il a fini par être mis sur pied dans certains domaines : alloca- tions familiales, aide et prise en charge médicale, aide mensuelle
Cela tient à quoi dans le Royaume ? A l'attachement historique à un principe de légitimité qui confie au Roi la défense des fondamentaux; à une culture nationale aussi, adossée au compromis, à la tran- saction et à l'arbitrage même si le corps social, comme forma- tion historique, s'articule toujours autour de différenciations socio- culturelles. Sur ces bases-là, comment peut- on appréhender le déploiement de la vie politique nationale, son déroulé et ce que l'on pourrait appeler son rendu ? Ce premier constat est à faire : les secteurs régaliens dit de souveraineté présentent un caractère satisfai- sant. Référence est faite à des domaines comme les Forces Armées Royales, la Sûreté natio- nale, le champ religieux, le dépar- tement de l'Intérieur et la politique étrangère servie par une diplo- matie d'influence, rayonnante et même flamboyante. Conclusion : c'est là l'essentiel national dont le Souverain a la charge.
autres domaines ? Pour ce qui est du gouvernement, bien des positions passablement contras- tées sont à relever. Ce cabinet arrive-t-il vraiment à imprimer, si l'on ose dire ? Pas vraiment. La question des conflits d'inté- rêts demeure, d'autant plus que la décision du Conseil de la concurrence sur des pratiques anticoncurrentielles de sociétés d'hydrocarbures - dont celle du chef de l'exécutif - en date du 23 novembre dernier ne peut être évacuée : tant s'en faut. Dans un contexte économique et social difficile avec la détérioration du pouvoir d'achat des citoyens, comment rendre audible et cré- dible la parole publique ? De plus, ce cabinet est à mi-mandat : il ne peut plus se défausser désormais sur le passif des dix ans de gestion des deux gou- vernements PJD; il est désor- mais comptable de ce qu'il a fait ou pas depuis son investiture en octobre 2021. Il est vrai que
les politiques publiques ont été fortement impactées par la pan- démie Covid-19 (2020-2021) et ses conséquences ultérieures. Elles ont aussi pâti des effets du conflit Russie-Ukraine ouvert en février 2022 (envol des prix des hydrocarbures et du blé et d'autres matières premières, ren- chérissement des frais de logis- tique, inflation supérieure à 10 %, économie mondiale en berne,...). Il faut y ajouter des facteurs endogènes liés à des années successives de sécheresse et à une contraction de la croissance, sans oublier la catastrophe du séisme d'Al Haouz, voici quatre mois, le 8 septembre dernier. En 2022, le taux de croissance a été médiocre avec 1,3%; pour 2023, il a atteint 2,8% et il est prévu 3,7% en 2024 - une prévision d’ailleurs déjà revue à la baisse compte tenu d'une sécheresse qui s'installe. L'offre extérieure est incertaine, avec une baisse du rythme de progression de
Un gouvernement comptable Qu'en est-il maintenant dans les
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