FNH 1003 OK

19

ECONOMIE

JEUDI 10 DÉCEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

saires à un intervalle de 21 jours pour donner l’immunité sou- haitée au corps ? Difficile de répondre par l’affirmative, en l’absence notamment de son- dages crédibles. Ce que l’on sait surtout, c’est que les scientifiques marocains défendent bec et ongles ce vac- cin élaboré selon un procédé vieux de 50 ans, et dont l’inno- cuité a, semble-t-il, été prouvée sur la santé de la personne vac- cinée. «Ce vaccin a été inoculé chez 50.000 volontaires et s'est montré efficace, générant une production d'anticorps neutrali- sants et sans effets secondaires importants. Actuellement, plus d’un million de Chinois ont été vaccinés avec efficacité et sans effets secondaires notables», précise le Pr Said Moutawakkil. Moulay Said Afif, membre du Comité national technique de vaccination et président de la Société marocaine des sciences médicales (SMSM) et de la Fédération nationale de la santé (FNS), ne dit pas autre chose. «Il s'agit d'un vaccin sûr et effi- cace dont les résultats ont été démontrés aux Émirats Arabes Unis et en Chine, qui a procédé à la vaccination de plus d'un million de sa population», sou- tient-il, précisant que pendant les essais cliniques, auxquels le Maroc a participé, aucun effet secondaire grave n’a été constaté et que le vaccin peut

provoquer les effets de rougeur, une douleur au point d’injection ou bien une migraine. La seule voix un peu disso- nante est venue des médecins marocains établis à l’étranger qui, dans un courrier adressé au ministre de la Santé, ont mis le doigt sur certaines zones d’ombre, voire insuffisances, comme le nombre limité de volontaires (600) ayant partici- pé à l’essai clinique au Maroc. Par ailleurs, les Compétences médicales des Marocains du monde (C3M) suggèrent, par la voix de leur président, Dr Samir Kaddar, de s’assurer que la souche vaccinale utilisée par le vaccin Sinopharm protège effectivement des souches. Ils demandent aussi à Sinopharm, qui a procédé à une vaccina- tion sur plus de 60.000 volon- taires répartis dans 10 pays, dont les Émirats Arabes Unis, l'Argentine, le Pérou, l'Égypte ou encore la Jordanie, de com- muniquer officiellement sur les résultats de la phase III. En effet, même si au Maroc cer- tains scientifiques adhèrent à ce vaccin chinois et louent son efficacité, il faut dire qu’il pèche par le flou qui l’entoure. Il n’y a eu aucune publication scientifique le concernant et aucune communication sur son degré d’efficacité. «Tout le monde ici veut être le plus rapide à mettre son vaccin sur

le marché, alors même que nous, scientifiques, ne dispo- sons même pas des éléments de base pour pouvoir évaluer leur efficacité», avoue, dans la revue Nature, un immunologue chinois qui a préféré garder l'anonymat. Force est néanmoins de recon- naître que pour AstraZeneca, Pfizer ou encore Moderna, hormis des communiqués de presse, il n’y a pas non plus de données scientifiques détaillées pour leur vaccin. Compte tenu de tous ces élé- ments, les Marocains accepte- ront-ils de se faire piquer pour se prémunir contre la Covid-19 ? Préféreront-ils s’abstenir et attendre l’immunité collective

naturelle, en subissant cepen- dant les vagues successives de cette pandémie ? L’avenir nous le dira. Et l’on verra bien si les 2.880 points de vaccination mobilisés pour cette campagne massive seront pris d’assaut par les citoyens. ◆ Le Maroc a mis en place 2.880 points de vaccination pour mener à bien la campagne massive qui se prépare.

Vaccination : Démarrage toujours attendu

Le Maroc n’a pas encore démarré sa campagne de vaccination. Selon le ministre de la Santé, Khalid Ait Taleb, la date de son lan- cement dépendra intimement de la visibilité des arrivages. Néanmoins, pour réussir cette campagne, il faudra l’adhésion massive de la population. Or, sur le terrain de la sensibilisation, le gouvernement est encore bien timide. Rappelons que le Royaume-Uni a lancé depuis mardi 8 décembre sa campagne de vaccination contre la Covid-19. Une patiente âgée de 90 ans, Margaret Keenan, a été la première à recevoir le vaccin Pfizer/ BioNTech à l'hôpital de Coventry, dans le centre de l'Angleterre.

Made with FlippingBook flipbook maker