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JEUDI 10 DÉCEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO
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motivent souvent leurs positions. Dans quelle mesure est-il possible de s’éloigner de ces obstacles afin de défendre le droit universel à la vie ? A. M. : Il faut dire que c’est un débat mené entre ceux qui sont pour la peine de mort et les abo- litionnistes. Et il continuera tou- jours d’exister à mon sens. Cependant, l’orientation générale actuelle vire vers l’abolition de la peine de mort. D’ailleurs, la plupart des pays ont aboli cette peine. Le vrai pari qui se pose dans ce cas concerne principalement la volonté politique des décideurs et des législateurs nationaux pour en finir avec toute sorte d’atteinte au droit universel à la vie. F.N.H. : La peine capitale peut-elle mettre fin aux plus horribles des crimes ? Rend-elle justice aux vic- times ? A. M. : Si l’on considère que la peine capitale a pour but de réaliser la dissuasion et de stop- per le crime, c’est loin d’être le cas, puisque les expériences des autres pays ainsi que les études ont prouvé le contraire. En effet, les crimes montent au niveau des pays qui exécutent toujours la peine de mort. F.N.H. : Le Maroc a opté, depuis 1993, pour la non- exécution de la peine de mort. Peut-on considérer cet acte comme une étape majeure dans le proces- sus de l’abolition de cette peine ? A. M. : D’après la cartographie mondiale, nous pouvons classer les pays en trois principales caté- gories : les pays qui ont aboli la peine de mort et qui sont majori- taires; les pays qui maintiennent cette peine et l’exécutent, qui sont minoritaires; et les pays qui maintiennent la sentence, mais qui ont mis à l’arrêt les exécu- tions. C’est le cas du Maroc bien évidemment, et ce depuis 1993.
La position du Royaume est assez positive si elle mène le pays à grands pas vers l’abolition de la peine capitale, surtout en comparaison avec des pays qui ont basculé vers l’exécution de cette peine. Il convient à cet égard de signaler que l’Assemblée générale des
Nations unies a instauré un mora- toire, qui a été voté en 2020 par 120 pays. 24 pays étaient contre et 39 pays se sont abstenus, dont le Maroc. Les différents mouvements plai- dant pour les droits de l’Homme espèrent que notre pays votera l’abolition de la peine de mort,
lors du 2ème vote qui sera orga- nisé la mi-décembre 2020, au niveau de l’Assemblée générale de l'ONU. Le vote du Maroc sera ainsi décisif et crucial en matière de respect des droits humains, de façon générale, et du droit universel à la vie, de façon parti- culière. ◆
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