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CULTURE

JEUDI 10 DÉCEMBRE 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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3 Duira (village des

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spectateur et procure un support aux projections mentales et à la contemplation. L’œuvre est aux prises avec des questions qui la débordent comme celles du temps, de l’infini, du devenir, mais elle parvient avec une grande éco- nomie de moyens à les ‘contenir’, les ramener à l’échelle du specta- teur, qui est sollicité à sonder ses propres possibilités créatrices et émancipatrices». De fait, l'œuvre permet de trans- cender les éléments chaotiques et contradictoires du réel qui nous entourent avec une sorte de fulgurance. Dans une moindre mesure, elle permet d'aborder les choses sous une forme qui cor- respondrait sans doute à ce qu'on appelle l'harmonie ou la beauté. En fait, cela revient à cristalliser à un moment donné des notions qu'il serait très difficile d'expri- mer de manière littéraire. We Are Living Now Under the Same Roof comme un objet pluridimension- nel, susceptible d'être regardé sous différents angles. «Le titre ‘Firdaouss’ renvoie direc- tement au paradis suprême tel qu'il est dépeint dans les trois ver- sets coraniques de Sourate Ya Sin (55 à 58), mais il n’est pas là pour définir le contenu de l'œuvre. Pour l’artiste, le contenu est ce que le spectateur éprouve sous l’effet des textures, des couleurs et des formes». L'artiste n'a pas écrit les versets, mais s'est plutôt évertuée à reproduire par des images ses sensations. Transcrits sur 9 mètres de linceul islamique moyennant tatouages traditionnels faits avec du henné et flottant telle une partition musi- cale, chaque lecteur a entrevu, en picorant d'yeux l'œuvre, la profon- deur de sa compréhension. Reste qu’il n'a compris que la signifi- cation apparente, celle dont la majorité des gens se contenterait d’entrevoir. Or, ce que la lecture 2 Firdaouss de Khadija El Abyad

abeilles) d’Abd El Jalil Saouli

Une installation de ruchers dépo- sée sur les hautes branches d’un arbre forestier, offerte comme refuge aux abeilles. «‘Duira’ développe une relation inextricable avec deux lieux : celui des jardins d’essais, qu’elle occupe et redéfinit, et celui du village, qui en est la source et avec lequel elle entre en résonance (...) L’œuvre réhabilite une pensée égalitaire entre les espèces et tend à activer à partir d’un site éloigné la relation affective au village, nous invi- tant ainsi à réfléchir aux responsabi- lités partagées vis-à-vis des espaces géoculturels faisant l’objet de margi- nalisation» . Chaque unité - des cinq pièces - reprend à échelle réduite «les caractéristiques morphologiques et les principes structurels de l’archi- tecture vernaculaire locale (mode de groupement du bâti, implantation sur le site, structuration des volumes qui épousent les courbes des roches, orientation conditionnée par cer- taines conditions climatiques, murs en terre sous forme d’adobe ou de pisé et toitures en chaume)». Techniquement, l’œuvre est compo- sée de différents matériaux : certains qui rappellent ceux utilisés au pré-Rif (plaque de zinc, branches de bois d’olivier sauvage, raphia, paille et terre); d’autres choisis pour l’habi- tat des abeilles, comme le bois de sapin, traité par enfumage de plantes sauvages. Il s’agit de neuf fleurs de paco- tille reproduites avec des câbles de nylon. «Cette œuvre s’inscrit dans une réflexion et un travail plus exten- sifs de l’artiste sur la notion d’inter- vention sur le paysage naturel : celle de l’artiste dans cet effort de recons- titution d’un fragment de jardin bota- nique; et celle de l’homme dans la nature, qui entraîne la planète vers des déséquilibres biophysiques alar- mants». 4 Wild Flowers de Loutfi Souidi

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a nécessité, c’est le niveau inté- rieur, l’intérieur de l’intérieur, ce qui est si profond qu’on ne peut le mettre en mots. Condamné à res-

ter indescriptible, mais éprouvé forcément ! C'est donc ce que Khadija El Abyad a essayé de nous offrir à voir.

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