FNh N° 1050

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 JANVIER 2022

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Industrie du microcrédit

◆ L’opérationnalisation intégrale de la loi n°50-20 n’est pas encore possible en raison de l’absence de décrets d’application. ◆ D’après les professionnels, le retour du niveau nominal d’avant crise prendra plus de temps que prévu. La transformation se fait toujours attendre L a centralité de la microfinance est reliée à sa forte pro- pension à inclure économiquement et La priorité du moment Interrogé sur l’opération- nalisation de la loi n°50- 20, Youssef Bencheqroun, Directeur général d’Al Amana Microfinance, apporte une précision de taille. Par M. Diao

lieu de rappeler l’élaboration du décret du 7 août 2019, qui a relevé le plafond maximum des prêts à 150.000 DH contre (50.000 DH auparavant). La mise sur pied de la loi n°50- 20 relative au microcrédit est également un fait majeur. Ce dispositif juridique est censé, entre autres, transformer le secteur du microcrédit, l’inté- grer dans le système finan- cier, tout en améliorant la gouvernance. Sachant que le champ d’activité des établis- sements de la microfinance est élargi par la loi n°50-20 qui permet, outre l’octroi de microcrédits de la part des établissements de microfi- nance, la collecte des dépôts et les opérations de la micro- assurance. Concrètement, en vertu de l’instrument juridique précité, les entités de micro- finance peuvent dispenser, au profit de leurs clients, des prestations de conseil, de formation et d’accompagne- ment technique en matière de microcrédit.

de 2019. Or, nous n’y sommes pas encore», explique notre interlocuteur. Faudrait-il le rappeler, à l’instar de plusieurs pans de l’économie nationale, les paramètres de sortie de crise échappent au contrôle du secteur du microcrédit. L’actuelle fermeture des fron- tières, qui a mis à genoux le tourismeet d’autres secteurs et professions (artisanat, guides touristiques, restauration tou- ristique, location de voitures, etc.), n’est pas sans impact sur l’industrie du microcrédit. «Le risque de sécheresse qui se profile constitue une source d’inquiétude pour notre busi- ness» , analyse le patron d’Al Amana Microfinance. Rappelons que selon les chiffres disponibles sur le site de la Fédération nationale des associations de microcrédit (FNAM), l’encours du micro- crédit a évolué de 9,77% entre le premier trimestre de 2020 et celui de 2021. Il est ainsi passé de 7,44 Mds de DH en mars 2020 à 8,16 Mds de DH à la même période de 2021. Et ce, avec en prime une amélio- ration au niveau des montants débloqués entre le 1 er trimestre 2020 et le 1 er trimestre de l’an- née 2021. Concrètement, le montant des prêts débloqués a augmenté de 22.6% en 2021 pour atteindre 728 MDH. Youssef Bencheqroun est for- mel. Eu égard à l’ampleur de la crise, prolongée par le variant Omicron, il faudra du temps pour que la loi n°50-20 fasse bouger les lignes du marché. Pour l’heure, la fiscalité, jugée prohibitive, suscite une pos-

socialement les personnes aux revenus très modestes, donc peu attrayantes pour les établissements bancaires classiques et les compagnies d’assurances. Pour avoir un ordre de grandeur, le nombre de clients actifs a connu une baisse pendant le 1er trimestre 2021 à 886.109, soit un repli de 1.66% par rapport au même trimestre de 2020. Conscients du fort impact économique de la microfinance sur les populations dépourvues de revenus conséquents, les pouvoirs publics ont pris au cours des dernières années des mesures significatives allant dans le sens du ren- forcement de la capacité de financement et de la transfor- mation des établissements de microcrédit. A ce titre, il y a

«L’opérationnalisation inté- grale de la loi n’est pas encore possible en raison de l’ab- sence de décrets d’applica- tion. La question cruciale de la fiscalité n’est pas encore tranchée» , révèle le patron de l’établissement. La crise liée à la pandémie a joué le rôle de ralentisseur pour l’arri- vée des différents décrets d’application. Pour l’heure, la fiscalité constitue une épine dans le pied des entités de microfinance, conscientes de la nécessité d’investir davan- tage le segment du finance- ment des TPE. Ce qui revient à prendre plus de risques. Or, une telle orientation suppose le renforcement des fonds propres qui ne doivent pas être grevés par une lourde fis- calité pénalisante. La matière

Al Amana Microfinance a déve- loppé un portefeuille Corporate expérimental qui pèse entre 10 et 15% de son porte- feuille global.

fiscale constitue un point d’achoppement, puisque dans le contexte pan- démique, l’Etat a besoin de plus de recettes fis- cales afin de financer les dépenses croissantes de la collectivité. La crise liée à la covid-19 a également amené certains acteurs de la microfinance à reconsi-

A en croire les professionnels, la hausse des créances en souf- france en 2021 serait une manifes- tation des consé- quences de la crise.

dérer l’ordre de leurs priorités. «Nous sortons d’une année de crise qui n’est pas encore der- nière nous. Tout l’enjeu est de revenir au niveau nominal d’avant crise, c’est-à-dire celui

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