FNh N° 1050

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 13 JANVIER 2022

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jour perçus comme masculins. Le rôle des réseaux et des alliances où les femmes peuvent être pénalisées par une présence moins importante dans les réseaux d’affaires, n'est pas à négliger non plus. A cela, on peut ajouter l’appréhension de se retrouver seule ou minoritaire au sein des Conseils d’administration, d’où la nécessité d’avoir des «Rôle models» d’administratrices pour encourager les plus réticentes. F.N.H. : Comment peut-on amélio- rer la représentativité des femmes dans les instances de gouvernance publiques et privées aujourd’hui ? N. R. : La parité étant un principe consti- tutionnel qui découle de l’article 19 de la constitution duMaroc, plusieurs démarches peuvent être adoptées pour améliorer la représentativité des femmes dans les ins- tances de gouvernance publiques et pri- vées. La politique des quotas a fait ses preuves dans tous les pays où elle a été introduite et le droit peut être un levier pour assurer une meilleure représentativité de la femme au sein des instances de gouvernance. D’ailleurs, la dernière évolution législative en la matière remonte à juillet 2021 où la diversité dans la composition des Conseils d’administration et de surveillance des sociétés faisant appel public à l’épargne a fait son entrée dans le droit marocain. Cette loi vise une représentation des femmes dans les organes de gouvernance, avec pour objectif 30% à compter de jan- vier 2024 et 40% à compter de janvier 2027. L’action affirmative ou la discrimination positive atteste de la volonté d’assurer une meilleure représentation des femmes, mais des efforts restent à fournir pour une véritable distinction du leadership féminin via l’élargissement du champ d’action et l’instauration entre autres du «Commit & Report» ou encore du «Comply or Explain». F.N.H. : Quelle analyse faites-vous de l’amendement de la loi sur la S.A qui oblige les entreprises à plus de parité dans leurs organes de gouvernance ? N. R. : Les organes de gouvernance, notamment les Conseils d'administration, jouent un rôle crucial dans la vie entrepre- neuriale, et force est de constater que la présence des femmes dans ces organes reste minoritaire. La loi 19-20 modifiant et complétant la

La mixité est consi- dérée, aujourd’hui, comme une straté- gie d'affaires intel- ligente.

loi 17-95 relative aux sociétés anonymes adoptée en juillet 2021 vise à y remédier en apportant plus d’équilibre au niveau de la représentativité des femmes au sein du management des entreprises. En adoptant ce texte, le Maroc affirme son engagement en faveur de l’égalité des genres en intro- duisant un quota progressif et en mettant en place des mesures affirmatives transi- toires (affirmative action). Ce texte vise à instaurer un équilibre de genre de 30% au bout de trois ans (janvier 2024) et 40% au bout de six ans (janvier 2027) dans la composition des Conseils d’administration (article 39) et des Conseils de surveillance (article 83) des sociétés fai- sant appel public à l’épargne. Ce quota étant limité aux sociétés faisant appel public à l’épargne, de grands efforts doivent être fournis pour parvenir à une parité appliquée de l’ensemble des entre- prises marocaines. F.N.H. : Répondre à cette obligation de représentativité peut-elle, d'une forme ou d'une autre, nuire à la performance des entreprises ? N. R. : Ce nouveau texte s’inscrit dans les efforts d’harmonisation du cadre législatif marocain avec les standards internatio- naux en renforçant la performance et la présence du leadership féminin. De nombreuses études se sont penchées sur les incidences de la présence des femmes administratrices sur la perfor- mance organisationnelle et la gouvernance, et d’autres sur la performance financière ou boursière des sociétés : la plupart confir-

ment un effet positif de la mixité dans les organes de gouvernance où le compromis, la collaboration et le développement du travail en équipe sont favorisés. Il ne faut pas perdre de vue que l’efficacité des organes de gouvernance est dépen- dante de la composition, la taille et le fonc- tionnement des Conseils d’administration qui permettra de réussir le passage vers la gouvernance «coopérative». L’obligation légale de représentativité de femmes dans les organes de gouvernance enclenchera nécessairement des change- ments dans la culture managériale des entreprises en adoptant des mesures spé- cifiques pour l’accès des femmes aux res- ponsabilités exécutives, leur donnant ainsi les outils nécessaires pour réussir leur mandat. F.N.H. : Y a-t-il un lien direct entre la gouvernance au féminin et la performance de l’entreprise ? N. R. : Toutes les études sérieuses natio- nales et internationales démontrent que les femmes sont un levier de croissance, mais qui n’est pas apprécié à sa juste valeur. La corrélation entre mixité et performance n’est plus à démontrer. La diversité est la clef de la performance. Les entreprises dirigées par les femmes affichent souvent une meilleure rentabi- lité. Et celles qui ont développé la mixité dans leur management ont augmenté leurs bénéfices de 5 à 20%. C'est pourquoi la mixité est considérée, aujourd’hui, comme une stratégie d'affaires intelligente. ◆

La corréla- tion entre mixité et performance n’est plus à démontrer. La diversité est la clef de la perfor- mance.

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