FNH N° 1091

9

BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 12 JANVIER 2023

www.fnh.ma

Bons du Trésor

◆ Bank Al-Maghrib a démarré cette semaine son programme de rachat d’actifs auprès des banques. Il portera en totalité sur 25 Mds de dirhams. Mais malgré cette annonce inédite, les opérateurs sont sceptiques sur son issue. Bank Al-Maghrib peut-elle calmer la volatilité du marché obligataire ? E n décembre, Abdellatif Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib, a révé- lé que la Banque Par A. Hlimi

couplée à un manque cruel de liquidité sur le marché où, pendant plusieurs séances de l’année, le Trésor n’a pas pu se financer, refusant les exigences des investisseurs jugées élevées. Ces derniers intégraient dans leurs prix une inflation galopante et un resserrement de la politique monétaire de BAM. Il n’y a donc pas eu de conciliation entre l’offre et la demande. Mais, on le sait, le Trésor a besoin de ressources. En face, la force de frappe des banques commerciales pour continuer à financer le Trésor est de plus en plus limitée. Leur déficit de liquidité devrait atteindre les 90 Mds de dirhams en 2023 et leurs bilans ne peuvent plus détenir plus de BDT après des années fastes où elles se sont mon- trées boulimiques en ache-

tant des obligations à tour de bras quand les taux étaient sur un trend baissier. Cela leur permettait, d’une part, de faire des plus-values sur le portefeuille trading et, d’autre part, de maintenir la rentabilité de leurs autres portefeuilles, notamment de placements et d’investissements. La Banque centrale a donc dégainé ce mode d’interven- tion pour remettre du cash dans la machine. Comment BAM va-t-elle intervenir ? «Les interventions se feront au prix du marché sur les bons à court terme unique- ment pour un montant de 25 Mds de dirhams», indique CDG Capital Insight dans ses perspectives économiques et taux pour 2023. De l’avis des opérateurs de

pas en faire plus au risque d’orienter le marché, contre- dire sa propre politique res- trictive et sortir de son cadre de politique monétaire. Car, cet outil, bien que inédit, fait bien partie des outils de politique monétaire considé- rés comme des «opérations structurelles» à l’image des rachats de titres ou la réserve obligatoire, instruments plus communs. Vers une poursuite de la hausse des taux ? Le scénario central de CDG Capital Insight s’appuie sur une poursuite de la hausse des taux en 2023. Pour les ana- lystes de la banque d’affaires, le cadre monétaire devrait res- ter restrictif, et même si le Trésor pourrait maîtriser son besoin, la demande des inves- tisseurs demeurera faible. Tout cela, en plus d’une exécution incertaine du programme de financement à l’international, pousse CDG Capital à consi- dérer «une hausse mécanique de la courbe des taux, avec un nouveau dérapage des par- ties moyenne et longue de la courbe». Un scénario alternatif dépen- drait de la demande des investisseurs si la visibilité s’améliore. Mais, là aussi, l’on s’attend à «une stabilité de la partie courte et une légère hausse des parties moyenne et longue de la courbe». ◆

centrale envisage de mener des opérations d’Open Market pour «fluidifier» le marché obli- gataire et le «réguler». Ces opérations consisteraient en des achats de bons du Trésor sur le marché secondaire, une opération inédite de la part de BAM, mais qui est tout à fait possible en vue de ses statuts. Pourquoi BAM veut-elle acheter des obligations d’Etat sur le marché secon- daire ? En 2022, le marché des obli- gations d’Etat a connu une hausse significative des taux,

De l’avis des opérateurs de salles de mar- chés, l’impact serait positif mais mar- ginal sur la flambée des taux.

salles de marchés, l’impact serait limité sur la flambée des taux. D’abord, parce que les interventions ne concernent que les matu- rités courtes, et ensuite parce que le montant des interventions est limité à 25 Mds de dirhams. Un

Le scénario central de CDG Capital Insight s’appuie sur une poursuite de la hausse des taux en 2023.

chiffre bas vu les dépenses du Trésor, où rien qu’en tombées (les remboursements de bons du Trésor), le montant estimé pour 2023 serait autour de 140 Mds de dirhams. L’impact attendu est donc limité. Mais la Banque centrale ne peut

Made with FlippingBook flipbook maker