FNH N° 1040 (2)

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 OCTOBRE 2021

www.fnh.ma

◆ Le Maroc jouit d’une infrastructure bancaire très robuste et réglementée, ce qui a le mérite de garantir une certaine stabilité financière, mais au détriment d’innovation ou de rupture par des acteurs non bancaires. ◆ Pour les Fintech qui cherchent à déployer leurs services auprès du grand public, le défi est de taille. ◆ L’Egypte a déjà ratifié en 2020 une loi pour l’octroi de licence «banques digitales». ◆ Entretien avec Yacine Faqir qui, après avoir été Directeur général de Quantik Crédit Bureau, est aujourd’hui consultant pour les Fintech/start-up désireuses de se développer au Maroc et sur le continent africain. «L’industrie bancaire traditionnelle ne doit pas voir les Fintech comme une menace»

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Quelle appréciation faites-vous de l’évo- lution de l’écosystème des Fintech au Maroc ? Yacine Faqir : Pour un entrepreneur, les choses ne vont jamais assez vite. Le progrès de l’écosystème des Fintech est largement tributaire de son contexte réglementaire, étant donné la nature de son activité. Les start-up Fintech sur le continent africain ont levé plus de 335 millions d’USD sur la première moitié de 2021, ce qui est en soi deux fois plus que toute l’année précédente. Les paiements mobiles mènent le bal, suivis de près par le crédit. Hormis l’Afrique du Sud, les pays qui ont connu un essor fulgurant sont ceux dont le système financier était peu régulé et où il y avait une volonté politique de rupture totale pour offrir des services financiers à tous. L’Ouganda, le Rwanda ou encore le Kenya n’ont pas fait de progressions linéaires dans leur adoption technologique, mais plutôt exponentielle, c’est le fameux «leap fro». Aucune Fintech marocaine n’apparait dans ce palmarès, mais ce n’est pas pour autant que rien ne se passe au Maroc. Au contraire. Le Maroc jouit d’une infrastruc- ture bancaire très robuste et réglementée, ce qui a le mérite de garantir une certaine stabilité financière, mais au détriment d’innovation ou voire même de rupture par des acteurs non bancaires. Ce type de configuration prend du temps à se transformer en un terrain fertile pour des start-up et des capitaux qui cherchent une règlementation favorable et un climat

L’innovation doit profi- ter en pre- mier lieu au plus grand nombre et répondre à des pro- blèmes que les banques tradition- nelles ne savent pas (ou ne peuvent pas) adresser.

des affaires encourageant. Les initiatives marocaines pour soutenir cette dyna- mique, le programme de start-up de CDG Invest, 212 Founders ou encore H-Seven font un travail remarquable, aussi bien sur la partie accompagnement que la partie levée de fonds. Bank Al-Maghrib, quant à elle, a commencé à piloter une réflexion

autour de cette problématique et a fait un premier pas envers les entrepreneurs avec la mise en place du guichet unique, le «one stop shop Fintec». La CNDP elle, soucieuse de préserver l’intégrité des données et leur usage, est de plus en plus sollicitée pour permettre une éclo- sion plus rapide de start-up dont la data

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