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BOURSE & FINANCES
FINANCES NEWS HEBDO
JEUDI 21 OCTOBRE 2021
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marocaines. C’est relativement jeune au Maroc et les grandes institutions ban- caires sont victimes de leur gouvernance pour la mise en application d'une stra- tégie data-centrique ambitieuse et agile. Elles avancent chacune à son rythme en fonction de ses priorités du moment; la barrière à l’entrée pour intégrer l’industrie est telle qu’elles ne craignent pas l’arri- vée de nouveaux entrants qui seraient entièrement digitalisés et dont le moteur serait l’optimisation de la data à travers le Machine Learning par exemple. Ayant dirigé le Credit Bureau Quantik, j’ai été témoin de la complexité de mise au diapason des banques sur le partage de données mutualisées pour réduire le risque crédit. La data est encore une chasse gardée des banques qui n’ont pas encore atteint une certaine maturité de son usage pour penser à un partage dans une configuration d’Open Banking. La Covid-19 a certes accéléré des théma- tiques au sein des banques qui ne figu- raient pas parmi leur priorité IT. La mise en place de «data-lake» ou de «data lab» prend beaucoup de temps, nécessite des ressources spécialisées, représente un investissement important et doit impérati- vement être le cheminement logique d’une vision claire de l’avenir de la banque. La culture intra-bancaire doit aussi évoluer et être revue pour que la data soit une arme pour tous les départements, en éliminant les silos existants qui font de la résistance au changement. A ceci s’ajoute le grand défi de la protection des données person- nelles : comment permettre aux établisse- ments bancaires d’optimiser la masse de données à laquelle elle a accès pour four- nir des produits ultra-customisés et aller chercher de nouveaux clients dans les couches non bancarisées ? Nous savons que les obstacles sont faits pour être surmontés et qu’ils sont souvent là pour protéger des tranchées qui ont des rami- fications stratégiques importantes : toutes les problématiques autour des Fintech en font partie. L’ensemble des acteurs de l’écosystème (start-up, incubateurs, ADD, BAM, GPBM, ANRT, CNDP, banques, opérateurs téléphoniques) y compris le nouveau gouvernement devront trouver le juste milieu, entre laisser l’innovation faire rupture, protéger l’intégrité du système financier et offrir au peuple marocain des services financiers à la hauteur de ses attentes. Un jeu d’équilibriste complexe, mais que le Maroc peut gagner pour pou- voir enfin se positionner sur l’échiquier africain des Fintech. ◆
Le rôle de la Banque centrale est capital pour l’éclosion de Fintech.
pices, permettant ainsi à des start-ups innovantes marocaines de faire rupture avec les Credit Bureau classiques et de développer de nouvelles niches por- teuses. Il nous faut plus d’audace au sujet des Fintech et aller de l’avant comme est en train de le faire l’Egypte, qui a ratifié en 2020 une loi pour l’octroi de licence «banques digitales». En 2020, le pays était classé second dans la région MENA, derrière les Emirats – en termes d’inves- tissements Fintech-, d’après le rapport de MAGNITT. Ils ont des projets de lois similaires dans la nano-finance, l’assure- tech, la consumer-tech qui sont en voie de promulgation. Le principal catalyseur de ce changement ? Une volonté sans concession d’accélérer l’inclusion finan- cière grâce à l’innovation, quitte à bous- culer le système bancaire. F.N.H. : Quel regard portez-vous sur le développement des paie- ments mobiles ? Y. F. : Les paiements mobiles sont une fraction du potentiel des Fintech, mais un passage quasi obligé. Depuis la pandé- mie, on a vu une accélération fulgurante des paiements mobiles, que ce soit pour le paiement de factures ou d’achats en ligne. Le Maroc compte aujourd’hui 3 millions de m-wallets, mais leur spectre d’usage reste principalement axé sur les paiements de factures et peine à se généraliser auprès des commerçants. Afin de devenir intéressant pour ces der- niers, il faudrait que son usage soit plus attractif que le cash, dont la circulation reste majoritaire. Il faut également que ça dépasse le simple effet d’annonce et que
les entrepreneurs puissent innover sans avoir à être rattachés à un établissement bancaire. Notons la mise en place du cadre d’IME (Institution de monnaie élec- tronique) à l’étranger, qui permet à toute Fintech conforme d’opérer un service bancaire sous conditions et moyennant l’acquisition d’une licence à partir de 200.000 euros. C’est notamment ce qui a permis la prolifération du mobile money à travers le monde. Il y a un intérêt crois- sant des bailleurs de fonds internationaux pour le Maroc, mais il faut que le contexte règlementaire suive. En attendant, ces fonds sont dirigés vers des géographies beaucoup plus dynamiques. De même, l’industrie bancaire traditionnelle ne doit pas voir les Fintech comme une menace mais, plutôt comme des acteurs complé- mentaires. En revanche, ne pas leur per- mettre d’opérer représente une menace. Les progrès technologiques se font de façon exponentielle et les mutations s’ac- célèrent, ce qui accentue la fracture digi- tale du pays. Il suffit de voir les fonds croissants dédiés aux Fintech en Afrique et l’appétit des GAFA (Apple Pay, Google Pay, etc.) pour avoir une idée de ce que nous réserve l’avenir. F.N.H. : Enfin, quelle appréciation faites-vous du rythme de progres- sion de l’Open banking au Maroc ainsi que ses avantages pour le secteur bancaire, de plus en plus conscient de la nécessité de miser sur les IT ? Y. F. : Avant de parler d'Open Banking, il faut faire le constat de l’adoption des instruments de Big data par les banques
La data est encore une chasse gardée des banques qui n’ont pas encore atteint une certaine maturité de son usage.
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