FNH N° 1040 (2)

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 OCTOBRE 2021

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Programme gouvernemental

◆ Le nouveau programme gouvernemental est très riche en mesures sociales et indigent en mécanismes de financement. ◆ Le nouveau gouvernement a promis la création d’1 million de postes de travail au cours du quinquennat, pour un taux de croissance moyen de 4%. Ces zones d’ombre inquiétantes L e retour d’expé- rience avec le gou- vernement El Otmani montre qu’il est aisé d’aligner des objec- carte d’un réalisme qui serait mu par la pandémie toujours d’actualité au Maroc et sous d’autres cieux. Rappelons tout de même que le gouverne- ment El Otmani avait fait une promesse plus ambitieuse en la matière. Celle de réaliser un Par M. Diao

tifs chiffrés dans la Déclaration de politique générale expo- sée au Parlement en début de mandat. En revanche, tenir les promesses sur les plans économique et social ainsi que sur le front des finances publiques relève d’une autre paire de manches (www. fnh.ma). Il y a quelques jours, Aziz AKhannouch s’est livré au même exercice, à une exception près : il a dévoilé des objectifs chiffrés du pro- gramme gouvernemental 2021- 2026. Pour les cinq prochaines années, le nouveau gouverne- ment dirigé par Akhannouch promet, entre autres, un taux de croissance moyen de 4% et la création d’au moins 1 million de postes d'emploi net, couplée à l’accroissement du taux d’activité des femmes à plus de 30% (au lieu de 20% actuellement). La pondération du nouveau gouvernement en matière d’objectifs de crois- sance pour les cinq ans à venir obéit-elle au réalisme ou au manque d’ambition, censée être boostée par les futures politiques publiques ? Au regard de la teneur des discus- sions au cours d’une séance plénière à la Chambre des représentants, Akhannouch joue vraisemblablement la

taux de croissance annuel moyen compris entre 4,5 et 5,5% du PIB lors de la période 2017-2021. La suite est connue. Le résul- tat escompté par l’ancien gouvernement en matière de croissance n’a pas été au rendez-vous.

La pondération du nouveau gouver- nement en matière d’objectifs de crois- sance pour les cinq ans à venir obéit-elle au réalisme ou au manque d’ambition ?

Des doutes légitimes Interrogé sur l’objectif de crois- sance fixé par le gouvernement Akhannouch pour le prochain quinquennat, l’économiste et professeur Mehdi Lahlou émet des réserves. « Il est clair que le taux de croissance visé par la majorité ne permettra pas d’atteindre l’objectif ambitieux de création d’un 1 million de postes de travail sur 5 ans. Ce qui revient à générer 200.000 emplois par an », assure l’éco- nomiste. Ce dernier rappelle que chaque année, ce sont entre 250.000 et 270.000 personnes qui arrivent sur le marché du travail. Au regard de la baisse d’activité induite par la crise, le nouveau gouvernement devrait plutôt travailler afin de permettre à l’économie natio- nale de réaliser un taux de croissance annuel moyen plus important que l’objectif fixé.

Ce qui serait un rempart contre les stigmates de la pandémie pour les années à venir. L’économiste s’interroge sur les voies qui seront investies par l’Exécutif pour réaliser ce qu’il convient d’appeler une prouesse en matière de création d’emplois. Pour rap- pel, un point de croissance au Maroc ne génère qu’entre 25.000 et 30.000 emplois. Et dans le même temps, l’on sait que le secteur public de son côté génère entre 15.000 et 20.000 postes de travail annuellement. Ainsi, au-delà de la question de la création d’emplois et de la réduction du taux de chômage qui sera l’un des plus gros défis du gouvernement, le fait que Aziz Akhannouch fasse l’impasse sur les données chiffrées rela- tives au financement des com- posantes-clefs du programme

social de son gouvernement est tout sauf rassurant pour bon nombre d’économistes. L’omission d’objectifs chiffrés, voire d’ambitions claires en matière de finances publiques est très mal perçue par les experts. Et ce, à une période charnière en proie au creuse- ment du déficit budgétaire et à l’inflation inquiétante de la dette publique globale (www. fnh.ma). « Lorsque l’on propose autant de mesures sociales dans un programme gouverne- mental, la moindre des choses est de livrer ne serait-ce que quelques pistes de finance- ment », soutient le professeur de l’INSEA de Rabat. Notons tout de même que le PLF 2022 pourrait permettre au nouveau gouvernement de lever le mys- tère sur les mécanismes de financement qui seront privilé- giés en 2022, voire au-delà. ◆

L’omission d’objectifs chiffrés en matière de finances

publiques est très mal per- çue par les observateurs avertis.

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