FNH N° 1040 (2)

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POLITIQUE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 OCTOBRE 2021

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Uneguerresilencieuseoppose-t-elleleMaroc à la France ? I l y a de ces guerres qui ne font pas de morts, du moins en apparence. Silencieuses et souterraines, ces der- nières ont pour champs de bataille les chancelleries, les organisations inter- a renoué avec sa profondeur continentale à travers, entre autres, un retour au sein de l’Union africaine. Une nouvelle approche qui sera couronnée quelques années plus tard par la reconnaissance américaine de la sou- veraineté marocaine sur le Sahara. Une pilule qui est très mal passée au niveau des chan- celleries européennes. Par Rachid Achachi, chroniqueur, DG d'Arkhé Consulting

nationales (ONU, FMI,…), ou encore les mar- chés financiers. Il est question ici des guerres économiques. Cependant, la violence de ces dernières n’a, malgré les apparences, rien à envier aux plus sanglantes batailles de l’his- toire. Le passé en regorge. Nous citerons à titre d’exemple la chute d’Allende au Chili. Bien que tombé suite à un coup d’Etat mili- taire mené par Pinochet, ce coup de force a été soigneusement précédé par une guerre de déstabilisation économique menée par Washington. Une révolution colorée avant l’heure. Ou encore la guerre spéculative menée par George Soros contre la Llivre ster- ling en 1992, et qui fut qualifiée de plus grand hold-up monétaire de l’histoire. Sur un autre registre, l’écrivain et économiste américain John Perkins raconte dans son célèbre livre «Les Confessions d'un assassin financier» , comment les services de ren- seignements américains l’ont recruté ainsi que d’autres économistes au début des années 1980, afin d’infiltrer des structures comme le FMI et la Banque mondiale. Le but était d’aboutir par différents mécanismes au surendettement d’Etats en voie de déve- loppement, afin de leur imposer par la suite des plans d’ajustement structurel. L’objectif visé était de les ouvrir de manière forcée aux capitaux américains et occidentaux. L’auteur de ce livre n’a jusqu’à ce jour jamais été pour- suivi pour diffamation ni inquiété par la justice américaine. Ayant conscience de cette dimension, beau- coup de pays se sont dotés de ce qu’on qualifie aujourd’hui d’ «écoles de guerre éco- nomique» , tout en développant leur capacité d’espionnage industriel et technologique. Marx Frisch avait raison en disant : «je crains plus le silence des pantoufles que le bruit des bottes».

Plus récemment, la réussite du Maroc en termes de gestion logistique de la pandémie de la Covid-19 (production de masques,…) en a agacé plus d’un à l’Elysée. Quant au nouveau modèle de développement qui, en 2020, était en cours d’élaboration, il fut l’oc- casion pour la France de provoquer à nou- veau le Maroc sur le terrain diplomatique. Un tweet de l’ambassadrice de France au Maroc, Hélène le Gal, avait suscité à juste titre l’indignation des Marocains. Le Gal, à travers ce tweet, avait, probablement intentionnelle- ment, laissé croire que la commission pour le NMD rendait des comptes à la France avant de le faire aux autorités et au peuple maro- cains. Une manière parmi d’autres de laisser croire à nouveau à une tutelle française sur le Maroc. La liste des provocations et autres attaques sous la ceinture en provenance de notre partenaire français étant longue, nous nous contenterons d’évoquer le dernier incident en date. Celui des propos tenus par Gabriel Attal, Porte-parole du gouvernement français, concernant la réduction du nombre de visas octroyés par la France au Maroc, à l’Algérie et à la Tunisie. Ce dernier a parlé de «menaces» et d’exécution de menaces à l’encontre des trois pays, dont le Maroc. Or, depuis quand menace-t-on un partenaire stratégique et un allié ? Par-delà la diversification des partena- riats stratégiques, le Maroc semble, depuis quelque temps et à juste titre si cela s’avère être vrai, mettre en place ce qui s’apparente à une marocanisation graduelle de l’appareil productif national ainsi qu’une diversification des partenaires pour les projets majeurs, dans un souci de renforcement de notre sou- veraineté économique. A titre d’exemple, la réalisation du titanesque projet du nouveau port «Dakhla Atlantique»

Dans le cas du Maroc, beaucoup d’éléments suggèrent l’idée qu’un bras de fer straté- gique entamé au moins depuis 2014 entre Rabat et Paris, se déroule de manière non conventionnelle. Rappelons-nous à l’époque, un froid diplomatique avait donné lieu à une crise aigüe entre les deux pays. Profitant de la présence sur le sol français de Abdellatif Hammouchi, l’actuel Directeur général de la DGSN, trois plaintes déposées à Paris par une ONG française sans aucun fondement juridique et en violation flagrante des us et coutumes diplomatiques, avaient abouti à l’envoi de policiers pour transmettre à Abdellatif Hammouchi une convocation éma- nant d’un juge d’instruction. Le Quai d’Orsay évoquera un «incident regrettable». Or, à ce niveau de prise de décision, les incidents ne sont jamais ni regrettables ni désintéressés. Depuis cet incident, le Maroc a acté ce qu’il savait de longue date. A savoir que la France n’est pas un allié, mais un partenaire qui a tout intérêt à freiner le développement du Maroc afin d’entretenir un schéma de dépendance. S’en est suivie une nouvelle dynamique de diversification des partenariats stratégiques à travers des visites royales à Moscou, puis à Pékin. De même, le Maroc

La nomi- nation de Mohamed Benchaâboun relève de ce qu’on appelle

dans le jeu d’échecs de «coup posi- tionnel».

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