FNH N° 1040 (2)

F OCUS AGRICOLE

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JEUDI 21 OCTOBRE 2021 FINANCES NEWS HEBDO

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Classe agricole moyenne

◆ La réforme foncière est une étape importante pour booster les investissements et réussir ce pari ambitieux. Des défis majeurs à relever

torielle. Elle mettait l’accent sur les branches d’activité et traçait une feuille de route compor- tant des objectifs chiffrés ayant trait à la hausse de la produc- tion, des exportations ou de la valeur ajoutée. Actuellement, cette stratégie cible le volet social, portant un intérêt parti- culier à l’élément humain. Pour mettre enœuvre le modèle préconisé, le gouvernement sera amené à déployer de nou- velles allocations budgétaires. Un effort considérable doit être fourni en matière de sensibili- sation et d’encadrement des exploitants. « Il est utile de cibler les jeunes fellahs qui sont plus aptes à accepter le changement et l’adoption des nouvelles tech- niques de production, de condi- tionnement et de commercia- lisation. L’objectif est d’aug- menter la production, maîtriser les effets des aléas climatiques, mettre en valeur les produits et assurer une plus grande valeur ajoutée. Cela aura un effet sur le revenu des exploitants, les- quels, dans quelques années, pourront améliorer leur situa- tion sociale », souligne Hassan Chaoui, ingénieur en génie rural. ◆

lution du secteur agricole. Elle permettra un développement soutenu de l’activité. L’accès à la propriété est un gage de motivation et de réussite. Les personnes concernées pour- ront solliciter un financement

ou des subventions en toute tranquillité. Leur projet ne sera plus perturbé par des parties tierces et elles seront confiantes quant à l’issue de leur bien après leur décès », souligne

La nouvelle straté- gie agricole cible le volet social en por- tant un intérêt par- ticulier à l’élément humain.

Mohamed Benrahou, socio- logue et militant associatif dans la région du Haouz. « Si les ayants droit n’ont pas la capacité financière ou opéra- tionnelle de mener à bien des projets, ils peuvent léguer leurs parts à d’autres investisseurs. Dans tous les cas de figure, l’agriculture nationale sera gagnante à tous les niveaux. Le nombre de projets va augmen- ter, la productivité et la qualité des récoltes aussi. Ce sont les ingrédients nécessaires pour assurer l’émancipation d’une classe moyenne agricole », explique Benrahou. Jadis, la stratégie agricole nationale était purement sec-

a entamé un vaste programme de régularisation d’un million d’hectares de terres dites collectives. Le processus de «melkisation» vise à identifier les ayants droit d’une parcelle et à leur céder le titre de pro- priété. La plupart de ces terres étaient boudées par les inves- tisseurs à cause de leur sta- tut traditionnel qui n’offre pas assez de garantie. Pourtant, ces parcelles sont situées dans des zones très fertiles, représentant ainsi un manque à gagner pour le secteur en termes de création d’emplois et de valeur ajoutée. « La melkisation est une révo-

Par C. Jaidani

L’ é m e r g e n c e d’une classe moyenne agri- cole figure parmi les axes phares du programme gouvernemen- tal présenté et approuvé der- nièrement au Parlement. L’idée de ce projet n’est pas nou- velle, puisqu’elle a été évo- quée pour la première fois par le Roi Mohammed VI, lors de l’ouverture du Parlement en 2018. Deux ans plus tard, elle a pris forme dans «Generation Green», la nouvelle vision qui a succédé au Plan Maroc Vert (PMV) et qui aspire à donner une nouvelle dimension au sec- teur agricole à l’horizon 2030. Ce projet sera un facteur d’équilibre dans le monde rural marqué par de fortes inégalités sociales. Mais pour atteindre les objectifs escomptés, plu- sieurs défis de taille doivent être relevés. L’accès à la pro- priété et la réforme foncière sont parmi les contraintes à surmonter. Pour ce faire, l’Etat

Il est utile de cibler les jeunes qui sont plus aptes à accepter le changement et l’adoption des nouvelles techniques de production, de condition- nement et de commerciali- sation.

Quid des infrastructures de base ?

L’émergence d’une classe moyenne agricole ne dépend pas uniquement du département de tutelle. Doivent être impliqués d’autres départements et d’autres acteurs publics ou privés, notamment les ministères de l’Équipement, de l’Enseignement, la Santé, l’Industrie, le Commerce et l’Intérieur. Car en l’absence de certains éléments comme les infrastructures et un cadre de travail adé- quat, il sera difficile pour les exploitants d’améliorer leur rendement et d’optimiser leur cycle de production.

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