FNH N° 1040 (2)

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 OCTOBRE 2021

www.fnh.ma

◆ Au Maroc, un adulte sur dix souffre d'insuffisance rénale chronique et la maladie toucherait plus de 3 millions de Marocains. ◆ La Journée mondiale du don et de la transplantation d’organes, célébrée le 17 octobre, vient consolider les acquis et permet de sensibiliser davantage. ◆ Entretien avec le Professeur Amal Bourquia, présidente de l’association «REINS», experte en éthique médicale et communication, fondatrice et membre de nombreuses sociétés savantes. «Un débat national est nécessaire» Don et greffe d’organes

Propos recueillis par Ibtissam Z.

Finances News Hebdo : Vous êtes impliquée depuis plusieurs années dans la prise en charge des mala- dies rénales. Quels constats en faites-vous et quelle est la situa- tion actuelle au Maroc ? Pr Amal Bourquia : L’état actuel montre des chiffres de plus en plus alarmants. Un adulte sur dix souffre d'insuffisance rénale chronique (IRC) et la MRC devrait devenir la cinquième cause la plus cou- rante d'années de vies perdues dans le monde d'ici 2040. C’est un problème mondial de santé publique, entraînant des décès prématurés. On considère que la MRC toucherait plus de 3 mil- lions de Marocains, dont beaucoup arrivent chaque année au stade terminal. L’absence d’un registre national de l’IRCT (insuffisance rénale chronique terminale) rend difficile l’estimation des variables. Cependant, selon les quelques données disponibles, l’Incidence de l’IRC serait de 4.200 malades/an, dont 40% de diabé- tiques (nombre de cas apparus pendant une année au sein d'une population), et sa prévalence de 3.400 malades/an (proportion de personnes malades à un moment donné). Par ailleurs, il faut savoir que le Maroc dispose de 380 centres de dialyse. Le secteur libéral compte plus de 220 néphrologues sur un total de 460. Le nombre total des patients dialysés est d’environ 32.000. L’âge moyen de nos patients reste jeune, aux alentours de 50 ans, le diabète représentant la cause principale qui amène les malades à la dialyse. La greffe, quant à elle, reste à un stade embryonnaire, loin des aspirations et attentes des patients et du corps médi- cal, avec moins de 600 greffes en 34 ans !

La greffe reste à un stade embryon- naire, loin des

aspirations et attentes du patient et du corps

F.N.H. : Vu la situation actuelle, quelle importance revêt cette Journée mondiale du don d’organes et de la greffe ? Pr A. B. : Cette journée vise à encoura- ger les gens à faire don de leurs organes sains après la mort afin de sauver plus de vies. Le don d'organes comme les reins, le cœur, le pancréas, les poumons, etc. peut aider à sauver la vie de ceux qui souffrent de maladies chroniques. De nombreuses personnes perdent la vie à cause de l'indis- ponibilité d'organes sains. Considérant que la transplantation de reins est meilleure que le maintien en vie en dialyse chronique et qu’elle est obligatoire pour les enfants, REINS, Association de lutte contre les maladies rénales et de promotion du don et de la transplantation d’organes, a lancé cette année une cam- pagne de sensibilisation au don et à la transplantation d’organes. Elle ambitionne

de toucher aussi bien le gouvernement, les responsables sociaux, politiques et édu- catifs. Tenant compte du contexte de la pandémie Covid-19, «REINS» a axé essen- tiellement sa campagne sur des actions de communication sur le net et le digital, pour être proche du citoyen et l’aider à faire son choix en ayant toutes les informations nécessaires. F.N.H. : Vous venez de sortir un ouvrage intitulé «Don et transplan- tation d’organes, quel espoir ?», pour mettre en lumière la situation délicate du don et de la greffe dans le Royaume. Peut-on dire que l’écri- ture est une échappatoire pour vous en vue de continuer continuer le combat ? Pr A. B. : Absolument. Un combat lourd et très long. Après avoir écrit plusieurs ouvrages, il m’est apparu nécessaire de

médical, avec moins de 600 greffes en 34 ans.

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