FNH N° 1040 (2)

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SOCIÉTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 21 OCTOBRE 2021

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rappeler encore une fois l’urgence d’ac- tions dans ce domaine et essayer de faire passer nos suggestions et propositions à l’ensemble des personnes impliquées. Dans ce nouvel ouvrage, je fais le point sur la situation du don et de la transplantation d’organes au Maroc et traite de la trans- plantation dans tous ses aspects, humains,

législatifs, religieux, sociaux et éco- nomiques. Toutes les enquêtes de perception de la population marocaine que j’ai menées, montrent une opinion favorable mais des connaissances très insuffisantes dans tous les domaines qui concernent le sujet. J’analyse, dans cet ouvrage, les éléments qui peuvent influencer l’acceptation ou le refus du don tels que les croyances,

L’essor de la transplantation d’organes a soulevé de nom- breuses questions éthiques, la faisant apparaître complexe et ambivalente dans son fondement philosophique, social, juridique, et dans sa pratique médicale.

les convictions et la perception de la mort et les valeurs éthiques qui doivent guider cette thérapeutique. C’est aussi un moyen pour moi de mettre l’accent sur le besoin urgent de développer la transplantation d’organes, en général, et rénale, en parti- culier, en privilégiant le donneur vivant ainsi que les différents moyens à développer pour l’essor de ce moyen thérapeutique. Un autre cri qui, peut-être, me permettra de continuer quand tout me parait insurmon- table et sans issue, ayant épuisé toutes les ressources de communication. C’est un livre pratique et didactique qui traite de la réalité et des perspectives et met l’accent sur les espoirs à court, moyen et long termes. F.N.H. : La transplantation rénale est un traitement de choix. Comment peut-on expliquer cette grande réticence du Marocain envers la greffe ? Pr A. B. : La transplantation d’organes non seulement sauve et prolonge la vie, mais elle améliore aussi la qualité de cette dernière. L’essor de la transplantation d’or- ganes a soulevé de nombreuses questions éthiques, la faisant apparaître complexe et ambivalente dans son fondement philoso- phique, social, juridique, et dans sa pra- tique médicale. À l’instar de ce qui se pas- sait dans le monde, la prise en charge de l’insuffisance rénale chronique ne pouvait rester limitée à l’hémodialyse périodique. Le développement de la transplantation rénale s’est donc imposé comme une solu- tion complémentaire évidente. C’est ainsi que l’histoire de la greffe d’organes au Maroc se confond avec celle de la trans- plantation rénale, en particulier à partir de donneurs vivants.

La transplantation d’organes s’entoure d’un ensemble de représentations culturelles autour de la perception du corps, du don et de la mort. Aussi, il est nécessaire que les citoyens ne soient pas exclus des débats, ils ne doivent pas être confisqués par les experts. Nous sommes tous concernés, personne n’est à l’abri ! Un débat natio- nal est nécessaire. Il doit s’adresser non seulement à la population marocaine pour la sensibiliser à ce geste citoyen, humain et généreux, mais aussi aux décideurs politiques et au ministère de tutelle. Il y a un manque important d’informations sur la positon de l’Islam, les dispositions de la loi, la notion de la mort encéphalique… «REINS» travaille seule sur le sujet depuis de longues années et a déjà organisé de nombreuses campagnes de sensibilisation en utilisant tous les moyens de commu- nication pour informer les citoyens sur ce moyen thérapeutique et les aider à réfléchir à ce geste de solidarité, mais tous ses efforts restent insuffisants. Par ailleurs, de nombreux autres pro- blèmes limitent l’accès à la transplanta- tion, dont l’insuffisance de fonds alloués. Une réflexion nationale, avec l’implication de tous les acteurs, s’avère nécessaire pour optimiser les dépenses, travailler pour changer la loi, développer le registre natio- nal du don d'organes et faciliter les moda- lités d’inscription. Et ce, tout en se rappro-

chant des professionnels de santé afin de les aider à accompagner les familles dans leur choix. Il faut tracer une stratégie pour le futur où l’on verrait la transplantation rénale comme une alternative indispensable. F.N.H. : Les maladies rénales chro- niques, dites silencieuses, se sont aggravées durant cette période de la Covid-19. Quel impact la pan- démie a-t-elle eu sur les patients atteints d’insuffisance rénale chro- nique ? Pr A. B. : Les patients les plus vulnérables face à ce virus sont ceux qui souffrent d’in- suffisance rénale chronique terminale sous dialyse (4 fois plus de risque d’hospitalisa- tion et 5 fois plus de risque de décès) et les transplantés du rein (5 fois plus de risque d’hospitalisation et 7 fois plus de risque de décès). Il faut rappeler que le coût très élevé d’un traitement par dialyse nous impose de travailler pour la prévention et éviter au maximum les pneumopathies Covid-19, qui pourraient faire augmenter les coûts des prises en charge qui sont déjà considérés comme trop importants. La meilleure façon de maximiser la sécu- rité des patients dialysés est de limiter les expositions au risque et d’initier des campagnes dans les centres de dialyse pour augmenter le taux de vaccination des patients et du personnel. ◆

Le nombre total des

patients dia- lysés est d’en- viron 32.000, avec un âge moyen aux alentours de 50 ans.

La personne doit se présenter au tribunal de 1 ère instance de sa ville, munie de sa carte d’identité, et s’adresser au responsable du registre du don pour remplir le formulaire et le signer. Le registre sera par la suite validé par le juge en charge de ces dossiers. Il existe deux types de fiches qui concernent le don après lamort : une première destinée audondans unbut thérapeutique et une deuxième dans un but thérapeutique et scientifique. Comment s'inscrire sur le registre du don d'organes?

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