Découvrez le numéro 981 de Finances News Hebdo, premier hebdomadaire de l'information financière au Maroc
Du 18 septembre 2025 - 8 DH - N° 1208
PREMIER HEBDOMADAIRE DE L'INFORMATION FINANCIÈRE AU MAROC
Directeur de la publication : Fatima Ouriaghli
Soutenabilité budgétaire Entre pression des investissements et objectif de rigueur P.7
● Le chef de gouvernement s’est livré récemment à un exercice de bilan mi-solennel, mi-électoral. ● Satisfecit général, promesses fortes et mise en scène d’une action gouvernementale maîtrisée. ● L’opposition a vivement réagi. Décryptage.
P. 18/19
Benjamin Netanyahu Un certain cynisme politique
Un marché en plein boom, mais miné par l’illégalité Il faut des politiques publiques de rééquilibrage territorial Croissance Entretien avec El Fakir Rachid, expert en économie monétaire.
Morocco FinTech Center «La fluidité entre l’idée et l’usage réel, le véritable enjeu»
Entretien avec Sofiane Gadrim, CTO et cofondateur d’Atela.
P.13 à 15
P.3
P. 10 à 12
Dépôt légal : 157/98 ISSN : 1114-047 - Dossier de presse : 24/98 - Adresse : 83, Bd El Massira El Khadra, Casablanca - Tél. : (0522) 98.41.64/66 - Fax : (0522) 98.40.22 - Adresse web : www.fnh.ma
SOMMAIRE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 SEPTEMBRE 2025
ACTUALITÉ
18 Aziz Akhannouch : Du storytelling à la réalité POLITIQUE
Editorial
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Voyons voir : Benjamin Netanyahu : Cynisme poli- tique
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Ça se passe au Maroc Ça se passe ailleurs
BOURSE & FINANCES
Point Bourse Hebdo : Recul mesuré, confiance intacte Soutenabilité budgétaire : Entre pression des inves- tissements et objectif de rigueur OPCVM : Des performances solides à fin août CFG Bank : Un très bon premier semestre, les ana- lystes séduits Entretien avec Sofiane Gadrim : Morocco FinTech Center, «Le véritable enjeu, c’est la fluidité entre l’idée et l’usage réel»
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Fatima Ouriaghli Directeur général, Responsable de la publication
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20 L'UNIVERS DES TPME
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HTBS : «Le besoin en cybersécurité explose, la for- mation doit suivre»
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es frappes israéliennes visant des membres du Hamas, en plein territoire qatari, ont sidéré le monde. Un coup de tonnerre. Comme réponse à cette agression, un sommet arabo-islamique d’urgence à Doha, lundi. A l’aéroport Hamad, le protocole marocain a donné le ton. Le Prince Moulay Rachid, représentant le Roi Mohammed VI, est accueilli par les plus hauts dignitaires qataris. Derrière l’étiquette, le message : le Royaume ne se contente pas L Un front arabe inédit contre l’Etat-voyou israélien d’être juste présent, il s’engage. Par la voix de ses ambassadeurs et de Nasser Bourita, ministre des Affaires étrangères, Rabat a soutenu les résolutions et déclarations condamnant l’agression israélienne, réaffirmant sa solidarité avec l’émirat. Plus globalement, ce sommet a eu ceci d’inédit : il a donné à voir une région qui, au-delà des querelles intestines, sait encore afficher un front commun. Turcs, Iraniens, Saoudiens, Egyptiens, Jordaniens… tous ont dénoncé la frappe israélienne. Même les Etats-Unis, tra- ditionnellement prompts à protéger leur allié, ont laissé filtrer une réprobation rare. Le secrétaire d’Etat américain, Marco Rubio, en visite express à Doha, a même demandé l’émir de «continuer son rôle de médiateur» dans le conflit qui oppose le Hamas à Israël. Mais une question flotte dans l’air : Les résolutions votées et autres condamnations suffiront-elles à dissuader Israël de recommencer ? Rappelons-le, l’attaque n’a pas seulement visé des membres du Hamas venus négocier, elle a frappé l’image même du Qatar, média- teur incontournable dans ce conflit et allié de Washington. En le visant, Israël s’est comporté en Etat-voyou et a envoyé un double message : il ne veut pas la paix et plus aucun sanctuaire n’est sacré. D’où l’indignation des monarchies du Golfe et même des chancel- leries occidentales, inquiètes de voir s’effondrer le dernier canal de communication avec le Hamas. Et dans ce brouhaha, la position marocaine garde sa cohérence : condamner fermement l’agression, rappeler l’importance de la paix, mais aussi souligner, par le biais du Comité Al-Qods, que la cause palestinienne ne peut être escamotée. Une diplomatie à la fois ferme et nuancée, qui évite les pièges de l’escalade verbale. On l’aura compris, ce sommet d’urgence était tout sauf anodin. Il marque un tournant : soit la région décide enfin de traduire ses indi- gnations en actes concrets (suspension de relations, pressions éco- nomiques ou encore actions coordonnées…), soit elle retombe dans ses travers, avec des condamnations à répétition aussitôt oubliées que prononcées. En tout cas, l’avenir proche nous dira si l’agression contre le Qatar est une alerte sans suite ou, au contraire, l’étincelle qui va réveiller un monde arabe souvent somnolent. u
ASC2 : Vers un leadership climatique africain affirmé 22 DEVELOPPEMENT DURABLE
ECONOMIE
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Disparités territoriales : L’un des grands défis du Maroc Entretien avec El Fakir Rachid : Croissance, «Des politiques publiques de rééquilibrage territorial sont de mise» Lutte contre l’habitat insalubre : Un effort budgé- taire colossal pour des résultats mitigés Campagne 2025/2026 : Les préparatifs démarrent sur fond d’inquiétude des exploitants
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Intelligence artificielle : Le patient, partenaire des soignants
• Directeur des rédactions & Développement : David William • Journalistes : Charaf Jaidani, Leïla Ouriaghli, Adil Hlimi, Youssef Seddik, Khalid Aourmi, Ibtissam Zerrouk, Désy Mbakou • Révision : M. Labdaouat • Directeur technique & maquettiste : Abdelillah Chamseddine • Mise en page : Zakaria Beladal
• Assistantes de direction : Amina Khchai • Département commercial : Samira Lakbiri, Rania Benchaib • Administratif : Fatiha Aït Allah • Édition : JMA CONSEIL • Impression : Maroc Soir • Distribution : Sochpress • Tirage 5.000 exemplaires • Dépôt légal : 157/98 • ISSN : 1114-047 • Dossier de presse : 24/98 • N° Commission paritaire : H.F/02-05 • S.A.R.L. au capital de 5.000.000,00 DH - C.N.S.S. 600 50 62 I.F. 1022303 - Patente 35770001 - ICE N° : 001526693000021
• Directeur Général responsable de la Publication : Fatima OURIAGHLI Contact : redactionfnh@gmail.com
VOYONS VOIR
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 SEPTEMBRE 2025
Benjamin Netanyahu
Un certain cynisme politique
le pas : elle accuse pour la première fois Israël de commettre un «génocide» à Gaza et met en cause le Premier ministre Benjamin Netanyahu et d’autres responsables. Israël fulmine : «rap- port mensonger» et «commission à dissoudre». De son côté, Paris dénonce «une campagne destructrice, qui n’a plus de logique militaire» , et exige l’entrée de l’aide et la reprise des pourpar- lers pour un cessez-le-feu, assorti d’un accord sur les otages. Londres parle d’une opération «totalement irresponsable et épouvantable» . En Espagne, le roi Felipe VI est sorti de sa réserve pour dénoncer «la souffrance indicible de centaines de milliers d’innocents» et une «crise humanitaire insupportable». Le gouver- nement Sanchez, déjà en première ligne pour la reconnaissance d’un Etat palestinien en 2024, soutient les manifestations massives qui ont car- rément neutralisé l’arrivée de la Vuelta à Madrid. L’Espagne va jusqu’à brandir une menace de boycott de l’Eurovision si Israël participe à l’édi- tion à venir. Plusieurs pays (Irlande, Slovénie, Islande et Pays-Bas) avaient déjà ouvert la brèche. En Italie, la Confédération générale italienne du travail (CGIL) appelle à une journée de mobilisa- tion nationale le vendredi 19 septembre contre «le massacre » à Gaza et réclame la suspension des coopérations commerciale et militaire avec
Israël. En face, Washington répète son « soutien indéfectible» à l’objectif d’éliminer le Hamas. Le secrétaire d’Etat, Marco Rubio, concède tout de même qu’il reste «une petite fenêtre» (quelques jours, peut-être quelques semaines) pour arracher un accord. Parallèlement, Netanyahu maintient sa ligne dure : la frappe du 9 septembre à Doha contre des respon- sables du Hamas était «entièrement justifiée», dit-il. Problème : Doha est le médiateur clef dans ce conflit depuis deux ans. Cette attaque a scandalisé les capitales arabes, embarrassé Washington et fait enrager le Qatar qui y voit une tentative délibérée de torpiller les discus- sions. Politiquement, le gouvernement Netanyahu récolte ainsi à l’extérieur une tempête de désapprobations et, à l’intérieur, des reproches croissants de familles d’otages qui l’accusent de saper tout accord. Car l’escalade militaire obstrue toute issue vers un cessez-le-feu. Mais n’est-ce pas ce que veut Netanyahu : se main- tenir au pouvoir en faisant perdurer la guerre ? Ouvrir des routes pour faire fuir la population avant de détruire les destinations ? Bombarder le médiateur et regretter que la médiation fasse du sur-place ? Fabriquer sa légitimité en massacrant des civils innocents ? Ce cynisme politique, les Palestiniens le paient très cher. ◆ oui , je souhaite m’abonner à cette offre spéciale pour 1 an BULLETIN D’ABONNEMENT Mon abonnement comprend : ❑ 48 numéros Finances News hebdo & 2 numéros du Hors-série. Voici mes coordonnées : ❑ M ❑ Mme ❑ Mlle Nom/Prénom : ................................................................................... Adresse : ............................................................................................ Ville : ............................. Code Postal : ............................................ Tél : ........................................ Fax : ................................................. E-mail : ............................................................................................. Mon règlement ci-joint par : ❑ Chèque bancaire ou virement bancaire à l’ordre de JMA Conseil : Banque Populaire, Agence Abdelmoumen, Compte N° 21211 580 5678 0006-Casablanca - (Maroc)
I sraël a relancé l’assaut terrestre sur Gaza-ville. Objectif officiel : finir le travail et «anéantir» le Hamas, dont 2.000 à 3.000 combattants seraient dans la ville, selon Tsahal. Pour «faciliter» la fuite des civils vers le sud, l’armée a ouvert temporairement un couloir. La brutalité de la scène n’est pas nouvelle. Depuis le début du conflit, les Gazaouis ne sont en sécurité nulle part… et tombent comme des mouches. Le ministère de la Santé de Gaza recense plus de 64.000 morts, alors que la situation humanitaire est catastrophique, l’ONU déclarant la famine dans certaines zones. Au niveau de la communauté internationale, l’indignation est totale. L’Union européenne dénonce «plus de destructions, plus de morts», tandis qu’Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU, ne mâche plus ses mots, qualifiant la situation de «moralement, politiquement et légalement intolérable». Son haut-commissaire aux droits de l’Homme, Volker Türk, réclame la fin du « carnage» et parle de «preuves gran- dissantes» d’un «génocide» . A Genève, une commission d’enquête internationale, mandatée par le Conseil des droits de l’Homme, franchit Par D. William
ÇA SE PASSE AU MAROC
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 SEPTEMBRE 2025
Protection sociale
24,3 millions de Marocains désormais couverts
L a réunion de la Commission ministérielle chargée du pilotage de la réforme de la protection sociale a examiné l’avancement des principaux programmes, en consé- cration de la volonté royale. Le chef du gouvernement a réaffirmé l’en- gagement de l’Exécutif à mettre en œuvre ce chantier dans les délais fixés par le Roi Mohammed VI. À fin août 2025, 22,5 millions de personnes sont inscrites au Registre
Marhaba 2025
national de la population et 5,3 millions de familles au Registre social unifié. Les bénéficiaires de l’AMO ont atteint 24,3 millions contre 8,6 millions en 2021, dont 11 millions via «AMO- Tadamon». Le programme d’aide sociale directe a touché environ 4 millions de familles, soit 5,5 millions d’enfants et 1,3 million de personnes âgées, avec 40,5 Mds de DH distribués depuis décembre 2023. La Commission a souligné l’impact de l’aide exceptionnelle de la rentrée scolaire, bénéficiant à 1,8 million de familles et ciblant 3,2 millions d’élèves. ■
Un record de 4 millions de MRE accueillis L a 25 ème édition de l’opération Marhaba s’est achevée lundi avec un chiffre record de plus de 4,06 millions de Marocains résidant à l’étranger (MRE) accueillis, en hausse de 11% par rapport à 2024. Placée sous la présidence du Roi Mohammed VI, cette opération consacre un quart de siècle d’un dispositif inédit qui illustre la force du lien entre le Maroc et ses ressortissants. Déployée du 10 juin au 15 septembre, l’édition 2025 s’est déroulée dans de bonnes condi- tions grâce à une gestion fluide des flux, malgré des pics à plus de 86.000 passages quotidiens. La Fondation Mohammed V pour la Solidarité, en coordination avec ses partenaires, a mobilisé 26 sites d’accueil au Maroc et à l’étranger, appuyés par 1.000 personnes ressources. Plus de 88.000 MRE ont bénéfi- cié d’un accompagnement médico-social, dont 22.000 cas administratifs, 7.500 interventions médicales et 1.575 aides au transport. Deux nouveaux sites ont été ouverts à Dakhla et Laâyoune sur hautes instructions royales, renforçant la couverture territoriale. Cette édition consacre le succès d’un dispositif devenu un rendez-vous annuel incon- tournable pour les MRE. ■
Tourisme
33% des visiteurs réservent leur séjour à l’avance L e Maroc s’impose de plus en plus comme une destination planifiée, a affirmé mardi à Rabat la ministre du Tourisme, Fatim-Zahra Ammor, lors d’une réunion avec les membres de la Confédération nationale du tourisme (CNT). Elle a souligné que 33% des visiteurs réservent désormais leur séjour entre deux semaines et un mois avant le départ contre 21% en 2019, et que la durée moyenne de séjour atteint 7 jours. Le taux de fidélité progresse à 38% contre 34% auparavant.
Les recettes touristiques ont bondi de 13% pour atteindre 67 Mds de DH à fin juillet 2025. Le tourisme interne a gagné 8%, tandis que les départs à l’étranger reculent de 25%. Pour sa part, le président de la CNT, Hamid Bentahar, a plaidé pour une coopération ren- forcée entre acteurs publics et privés afin de consolider ces acquis. ■
Indice mondial de l’innovation : Le Maroc enregistre son meilleur classement
L e Maroc a gagné neuf places dans le classement de l’Indice mondial de l’innovation 2025 (Global Innovation Index), atteignant la 57 ème position mondiale, soit son meilleur score à ce jour et un tour- nant majeur dans son parcours d’innovation de longue date, selon un rapport publié par l’Organisation mondiale de la propriété intel- lectuelle (OMPI), l’université de Cornell et l’INSEAD. Cette performance s’inscrit dans une dyna-
mique de transformation structurelle de l’éco- nomie marocaine, marquée par un passage progressif d’une économie fondée sur les matières premières et la production à faible coût vers des secteurs à plus forte intensité technologique et en capital immatériel. Selon cette 18 ème édition de l’indice, le Maroc figure parmi les économies à revenu intermé- diaire et se classe dans le Top 60 mondial, enregistrant des progrès notables depuis 2013. ■
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ÇA SE PASSE AILLEURS
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France
Zone Euro
Chine
La croissance devrait atteindre 0,8% en 2025
Objectif budgétaire fixé à 14.930 milliards de dollars sur 5 ans
La BCE relève ses prévisions de croissance pour 2025
L a Banque centrale euro- péenne (BCE) prévoit désormais une croissance de 1,2% en zone Euro en 2025, contre 0,9% projeté en juin, selon de nouvelles prévisions. Pour 2026, la projection de crois- sance est légèrement abaissée de 0,1 point, à 1%, tandis que celle pour 2027 reste inchangée à 1,3%, précise la BCE dans un communiqué suite à la réunion de son Conseil des gouverneurs. Les nouvelles projections de la BCE présentent une image de l’inflation similaire à celle publiée en juin.
L’inflation devrait s’établir en moyenne à 2,1% en 2025, avant de ralentir à 1,7% en 2026 et 1,9% en 2027. Hors énergie et produits alimentaires, elle ressor- tirait à 2,4% en 2025, puis à 1,9% en 2026 et 1,8% en 2027. Le Conseil des gouverneurs réaf- firme qu’il continuera de fonder ses décisions sur l’évolution des données économiques et finan- cières, de la dynamique de l’infla- tion sous-jacente et de la trans- mission de la politique moné- taire, sans s’engager à l’avance sur une trajectoire de taux parti- culière. ■
L a croissance française devrait atteindre 0,8% en 2025, contre 0,6% estimé jusqu'alors, selon la dernière note de conjoncture de l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee). L’Insee précise que les 0,8% de croissance seraient principalement dus à « quelques branches » mainte- nant l’activité à flot : le tourisme, le marché immobilier, l’aéronautique et l’agriculture. Pour le reste, « l’investissement redé- marre un peu moins vite qu’ailleurs, les industriels perdent un peu plus de parts de marché, et le climat des affaires se maintient en deçà de sa moyenne de long terme depuis l’été 2024, sans signe d’amélioration », ajoute la même source. Le troisième trimestre de l'année devrait atteindre une croissance de 0,3%, et de 0,2% à la fin de l’année (contre 0,1% de janvier à mars et 0,3% au deuxième trimestre), selon les chiffres de l'Insee. ■
L es recettes budgétaires générales de la Chine devraient s'élever à 106.000 milliards de yuans (14.930 milliards de dollars) durant le 14 ème plan quinquennal (2021-2025), en hausse de 19% par rapport à la période 2016-2020, selon le ministre chinois des Finances, Lan Fo’an. Cette progression traduit le renforce- ment de la capacité fiscale du pays, qui a permis de soutenir la croissance éco- nomique, d’améliorer les conditions de vie et de contenir les risques financiers, a souligné le ministre lors d’une confé- rence de presse tenue à Beijing. Les dépenses publiques devraient, de leur côté, dépasser 136.000 milliards de yuans sur la période, soit 24% de plus que lors du 13 ème plan. ■
Dette
L’ agence de notation Fitch a abaissé la note souveraine de la France, à A+, sanctionnant le pays pour son instabilité politique persistante et les incertitudes budgé- taires qui contrarient l'assainissement de ses comptes publics très dégradés. Ouvrant le bal des revues d'automne des agences de notation, Fitch dresse un constat sévère de la situation des finances publiques dans la deuxième économie de la zone Euro, quatre jours après la chute du gouvernement Bayrou et la désignation d'un nouveau Premier ministre, le troisième en un an. Pointant la « fragmentation et la polari- sation croissante » de la politique, Fitch estime que « cette instabilité affaiblit la capacité du système politique à mettre en œuvre une consolidation budgétaire d'ampleur ». ■ Fitch sanctionne la France pour ses incertitudes budgétaires
UEMOA
Croissance soutenue à 6,5% et inflation en recul au T3-2025
L’ Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) devrait enregistrer une croissance robuste de 6,5% au troi- sième trimestre 2025, portée par la vigueur de la demande intérieure et le dynamisme de secteurs clés, notamment les services marchands, le BTP et les industries extractives, selon la Banque cen- trale des États de l’Afrique de l’Ouest (BCEAO).
Sur le front des prix, l’inflation poursuit sa décrue, ressortant à -0,9% en juillet 2025 contre -0,2% en juin, fait savoir une note de la Banque, ajoutant que cette évolution s’explique par la bonne disponibilité en céréales issues de la campagne agricole 2024/2025 et par le recul des cours mondiaux des denrées importées. Par ailleurs, la masse monétaire a progressé de 12,7% en glissement annuel à fin juin, tirée par la forte hausse des actifs extérieurs nets (+197,3%) et des créances des banques sur les résidents (+6,7%). En outre, le taux d’intérêt moyen du marché interbancaire à une semaine est revenu à 4,74% fin juillet, tradui- sant un léger assouplissement des conditions de financement. ■
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BOURSE & FINANCES
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Point Bourse Hebdo Recul mesuré, confiance intacte
Evolution de l'indice Masi depuis début septembre 2024
A Il fallait bien que ça arrive. Après onze semaines de progression quasi linéaire, dont plusieurs records battus, le marché a fini par marquer le pas. près un été marqué par une ascen- sion régulière de l’indice Masi, ponctuée de onze semaines consé- cutives de hausse et de nouveaux sommets historiques au-delà des 20.000 points, la Bourse de Casablanca a marqué une pause. Le marché a cédé 1,29% sur la semaine, dans ce qui ressemble davantage à un mouvement de consolidation qu’à un retournement de tendance. qui viennent renforcer l’argumen- taire en faveur d’une dynamique de marché toujours soutenue. À cela s’ajoute un environnement obligataire plus favorable. La détente des taux accentue l’attrait relatif des actions et pourrait conti- nuer à jouer en faveur du marché sur la seconde moitié de l’année. Politique monétaire : le prochain catalyseur ? Par Y . Seddik
TOP Performances
FLOP Performances
Réalisations Mécaniques Med Paper Cosumar
-6,09%
+42,47% +14,18%
Ennakl Résidences Dar Saada Rebab Company
-4,73%
Ce léger recul n’a rien d’inquiétant. Il s’inscrit dans une logique de prise de bénéfices après un rallye prolon- gé, dans un contexte où la volatilité, en hausse ces derniers jours, a invité les investisseurs à alléger certaines positions. Pour autant, les fonda- mentaux restent solides. L’indice conserve une position élevée, proche de ses plus hauts annuels, ce qui témoigne d’une confiance intacte sur le moyen terme. La clôture de la saison des publi- cations est venue confirmer cette solidité. Les entreprises cotées ont, dans l’ensemble, affiché des perfor- mances positives, avec un chiffre d’affaires global en hausse de 7% au premier semestre. Des résultats
Dans l’immédiat, les regards se tournent vers la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib, prévue le 23 septembre. Le statu quo reste, à ce stade, le scénario le plus probable, mais toute inflexion dans l’orien- tation de la politique monétaire, notamment dans un contexte de reflux progressif de l’inflation et d’un besoin de financer la croissance, pourrait raviver l’intérêt acheteur et, potentiellement, ouvrir la voie à une reprise vers de nouveaux sommets. Il convient toutefois de noter que dans certains compartiments du marché, les valorisations com- mencent à tendre. La progression rapide de ces derniers mois a laissé peu de place à l’erreur. L’épisode
-4,72%
+9,75%
de cette semaine rappelle, s’il le fallait, que la discipline reste primor- diale. L’accent doit rester mis sur les valeurs de qualité, bien ancrées sur le plan fondamental, à même de mieux résister aux secousses conjoncturelles. Sur le plan sectoriel, la consolidation a été plus marquée dans certains segments. «Sylviculture et papier» recule de 4,73%, l’«Agroalimentaire» de 3,64% et les «Télécoms» de 3,24%. À l’inverse, quelques hausses discrètes : +0,71% pour le «Pétrole et gaz», +0,38% pour les «Mines», +0,37% pour l’«Ingénierie indus-
trielle». Côté volumes, 2,46 milliards de dirhams ont transité sur le mar- ché central. Trois titres ont mono- polisé l’attention : Marsa Maroc (10,87% des échanges), Attijariwafa bank (10,05%) et TGCC (9,52%). En bref, la tendance de fond reste haussière, mais elle s’inscrit désor- mais dans un environnement plus complexe, où la sélectivité et l’ana- lyse fondamentale redeviendront des boussoles indispensables. La réunion de la Banque centrale pour- rait constituer le prochain jalon clé. En attendant, les opérateurs restent attentifs, mais nullement fébriles. ◆
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Cette orientation vers les marchés extérieurs traduit une volonté de diversifier les sources de finan- cement et d’atténuer la pression sur la dette intérieure, qui s’élève désormais à 786,5 milliards de dirhams. Il faut dire que la situation des finances publiques en 2025 illustre une équation plutôt complexe. D’un côté, une dynamique de recettes solides, portée par une fiscalité performante et une contri- bution accrue des monopoles. Et de l’autre, une croissance soute- nue des dépenses courantes et une stratégie volontariste d’inves- tissement public. Malgré la hausse actuelle du défi- cit, le gouvernement réaffirme son engagement à ramener progres- sivement le solde budgétaire vers 3% du PIB en 2026 et 3,5% en 2025, un niveau considéré comme soutenable et compatible avec la stabilisation de la dette publique. Cette discipline s’inscrit dans une stratégie plus large de consolida- tion budgétaire visant à préserver la stabilité macroéconomique tout en soutenant la croissance. Selon le ministre du Budget, la trajectoire retenue repose sur une logique simple : «plus la crois- sance est robuste, plus elle élargit nos marges de manœuvre budgé- taires; à l’inverse, une croissance faible nous oblige à resserrer les dépenses afin de contenir l’endet- tement» . L’objectif affiché est de réduire sensiblement le ratio dette/ PIB, en le ramenant de 72% en 2022 à moins de 67% d’ici 2026. Cette stratégie bénéficie du soutien d’institutions financières internatio- nales, au premier rang desquelles le Fonds monétaire international (FMI), qui devrait prochainement renouveler sa ligne de résilience climatique en faveur du Maroc. Une perspective qui viendrait confirmer la crédibilité du pays sur les mar- chés et la solidité de sa gestion budgétaire. Si la cible de déficit de 3,5% du PIB apparaît réaliste à ce stade, sa soutenabilité dépendra de la capacité du Maroc à maintenir un rythme robuste de croissance économique, tout en veillant à la maîtrise des charges de fonction- nement et du service de la dette. ◆
Malgré la hausse actuelle du déficit, le gouvernement réaffirme son e ngagement à rame- ner progressivement le solde budgétaire vers 3% du PIB en 2026.
Soutenabilité budgétaire Entre pression des investissements et objectif de rigueur A Avec un déficit qui s’est creusé à 54,1 milliards de dirhams à fin août 2025, le Maroc fait face à une équation budgétaire complexe : financer ses investissements publics d’envergure, liés notamment à la CAN 2025 et au Mondial 2026, tout en maintenant une trajectoire de soutenabilité des finances. Par Y. Seddik Financement : un recours diversifié aux marchés
fin août 2025, le déficit budgétaire a atteint 54,1 milliards de dirhams contre 32,9 milliards un an aupa- ravant, soit une aggravation de près de 65%, selon la Trésorerie générale du Royaume (TGR). Cette détérioration survient malgré une progression notable des recettes ordinaires (+17%), qui se sont éta- blies à 271,7 milliards de dirhams. L’impôt sur les sociétés (+33%) et l’impôt sur le revenu (+18,3%) ont constitué les principaux moteurs de cette dynamique, aux côtés de la TVA, première source de recettes fiscales, en hausse de 10%. Les recettes non fiscales ont égale- ment contribué positivement, tirées par les versements des monopoles publics et de Bank Al-Maghrib. Toutefois, cette embellie sur le plan des recettes n’a pas suffi à compenser l’augmentation soute- nue des dépenses. Les charges
ordinaires se sont accrues de 16,5%, atteignant 252 milliards de dirhams, sous l’effet combiné de la hausse des dépenses de biens et services (+18,5%), de la masse salariale et du service de la dette (+9,3%). Les dépenses d’investissement poursuivent leur tendance haus- sière, atteignant 72 milliards de dirhams, contre 67 milliards à la même période en 2024. Cette pro- gression de 7,3% illustre la volon- té de l’État de maintenir un haut niveau d’investissement, notam- ment dans les infrastructures, en lien avec deux échéances spor- tives majeures : la Coupe d’Afrique des Nations 2025 et la Coupe du monde 2026. Ces projets structurants sont por- teurs de retombées économiques et sociales à moyen terme, mais ils exercent une pression immédiate
sur les équilibres budgétaires. Le défi consiste à concilier ces ambi- tions d’investissement avec une trajectoire soutenable de finances publiques.
Le besoin de financement du Trésor s’est établi à près de 76 mil- liards de dirhams à fin août, contre 45 milliards un an plus tôt. Pour y répondre, l’État a mobilisé deux leviers : premièrement, le finance- ment intérieur, qui a couvert envi- ron 50 milliards de dirhams, via les adjudications et dépôts au Trésor. Et puis le financement extérieur, qui a apporté un flux net positif de 25,5 milliards de dirhams, grâce notamment à une émission inter- nationale de 20,9 milliards et à des financements de la Banque mon- diale (BIRD).
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BOURSE & FINANCES
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 SEPTEMBRE 2025
OPCVM Des performances solides à fin août La gestion collective continue de surfer sur une vague favorable. Les Organismes de placement collectif en valeurs mobilières (OPCVM) affichent à fin août des performances globalement remarquables, traduisant la vitalité du marché boursier et la capacité d’adaptation des gérants face à un environnement toujours marqué par des taux bas. Par A. Hlimi
à capter une part intéres- sante de la dynamique bour- sière sans renier leur profil de risque. Certains affichent ainsi jusqu’à 10% de performance depuis le début de l’année, et davantage encore sur une base glissante de douze mois. De quoi satisfaire une clien- tèle institutionnelle exigeante, mais aussi un nombre crois- sant de particuliers porteurs de parts d’OPCVM. Sans surprise, ces gérants privilégient les grandes capi- talisations les plus liquides et dotées de fondamentaux solides. Banques, télécoms, cimentiers, grands acteurs du BTP ou encore opérateurs portuaires sont souvent cités. Des titres qui, tout en offrant la liquidité nécessaire à ce style de gestion, permettent de générer des performances à deux chiffres. ◆ Au 12 septembre 2025, les actifs nets sous gestion des OPCVM ressortent à 813,6 milliards de dirhams, en léger repli heb- domadaire de 0,12%, selon les dernières statistiques publiées par l’ASFIM. Depuis le début de l’année, la progression demeure solide, avec une performance de +24,5 % YTD. Dans le détail, les encours des OPCVM monétaires enre- gistrent une quasi-stabilité, à 118,30 milliards de dirhams contre 118,88 milliards une semaine auparavant (-0,49%). Les encours des OPCVM OCT poursuivent leur progression à 117,55 milliards (+0,69 %), tan- dis que les encours des OPCVM OMLT enregistrent une légère avancée à 378,15 milliards (+0,15 %). Du côté des fonds diversifiés, les encours se replient de 0,5% à 107,57 milliards de dirhams, alors que les encours des OPCVM actions cèdent un peu de terrain, passant de 83,88 à 83,01 milliards de dirhams (-1,04%). Légère consolidation des encours à 813,6 milliards de dirhams OPCVM
Toutes les catégories d’OPCVM affichent des performances positives à fin août.
A
vec une progression de +38,47% depuis le début de l’année, les OPCVM actions caracolent en tête du clas- sement. Cette dynamique illustre la reprise vigoureuse du marché actions, portée par les grandes capitalisations bancaires, industrielles et de BTP, mais aussi par un regain d’appétit des investisseurs institutionnels et particuliers. Les OPCVM diversifiés enre- gistrent pour leur part une hausse de +18,76%. Tirant parti de la vigueur des actions tout en gardant une assise obligataire, ces fonds séduisent une clientèle à la recherche de compromis entre rendement et sécurité. Leur succès tient aussi à la flexibilité qu’ils offrent dans
l’allocation d’actifs, particu- lièrement en période d’incer- titude. Les fonds OMLT (Obligataires moyen et long terme) pro- gressent de +5,9%, profitant d’un repositionnement actif des gérants et de la recherche de rendement alternatif face à des taux souverains qui stagnent. Les gérants obligataires de plus en plus séduits par les actions On dit souvent que la faiblesse des taux pousse les inves- tisseurs à arbitrer au profit des actions, au détriment des obligations. Souvent perçue comme une idée théorique, cette mécanique est pourtant bien réelle. Les statistiques montrent en effet que près de 2% des actifs des fonds obligataires marocains sont composés de titres actions. Si la proportion peut sem-
bler modeste, son poids en valeur est inédit et traduit une mutation progressive des pratiques de gestion. Car l’on parle de 10 milliards de dirhams dans un actif glo- bal de près de 520 milliards de dirhams détenus par ces fonds obligataires. Cette bascule tient avant tout à la recherche d’un rende- ment meilleur que celui offert par les produits de taux. «Les actions des banques offrent un rendement dividende supérieur à celui des bons du Trésor, tout en affichant des fondamentaux solides et des valorisations raisonnables», explique à titre d’exemple un gérant de taux. Ainsi, pour compenser la baisse structu- relle des rendements obliga- taires, nombre de gérants ont adopté une stratégie active, intégrant ces titres solides à leurs portefeuilles. Les gérants obligataires parviennent ainsi
Aujourd'hui, près de 10 Mds de DH d’actions figurent dans les portefeuilles des fonds obligataires, un niveau historique.
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CFG Bank Un très bon premier semestre, les analystes séduits
supérieure à 20%, du résul- tat avant impôts supérieure à 25% et du RNPG supé- rieure à 12%, la banque vise désormais des progressions de plus de 40%, 45% et 25% respectivement. Ce degré de confiance s’ap- puie également sur des initia- tives stratégiques : l’organi- sation en mai de son premier «Capital Markets Day» pour présenter aux analystes son ambition de doubler de taille à horizon 2028/2029 sans augmentation de capital, ainsi que la réussite en juin d’une émission de dette subordon- née de 500 MDH pour soute- nir sa croissance. ◆ Le cas CFG illustre à l’ex- trême la situation actuelle des banques marocaines : une croissance rapide nour- rie par l’investissement, la consommation et la forte dynamique des marchés de capitaux, devenus un véri- table relais de croissance pour le secteur. Si la banque a su tirer parti de sa taille agile et de son positionne- ment hybride entre banque d’affaires et banque com- merciale, elle met surtout en lumière la transformation profonde du modèle ban- caire au Maroc. Une transfor- mation où les leaders histo- riques continuent de croître à un rythme modéré, tandis que les acteurs de taille inter- médiaires accélèrent leur croissance. Un avant-goût d’une année exceptionnelle pour les banques marocaines
CFG Bank a signé un premier semestre 2025 solide, porté par la collecte de dépôts et la vigueur des marchés. Des résultats qui poussent le management et les analystes à revoir leurs ambitions à la hausse.
Par A. Hlimi
Saham Capital Bourse a relevé son objectif de cours sur CFG Bank de 283 à 313 dirhams, soit un potentiel de hausse de 25% par rapport au dernier cours.
L
a collecte nette de CFG Bank a dépassé 4 milliards de dirhams sur un an, avec une part des dépôts à vue avoi- sinant désormais 50% contre 41% un an plus tôt. Cette dynamique s’est traduite par un produit net bancaire de 600 MDH, en hausse de 41% sur un an. Le résultat brut d’exploitation a progressé de 88% à 301 MDH, porté par une bonne maîtrise des charges, tandis que le résul- tat avant impôts a quasiment doublé (+95%), atteignant 268 MDH. Le résultat net part du groupe a bondi de 66% pour s’établir à 181 MDH.
Au-delà de la banque de détail, les métiers de marchés de capitaux ont joué un rôle clé. L’intermédiation bour- sière, le trading obligataire et actions ainsi que le corporate finance ont généré un PNB de 133 MDH, en hausse de 115% sur un an, bénéficiant de la vigueur des marchés actions (+23,8% pour le MASI au premier semestre) et obli- gataires.
La recommandation d’«acheter» a été maintenue, justifiée par la résilience de la collecte de dépôts, la soli- dité du mix de financement et l’amélioration structurelle de la marge nette d’intérêt. Les prévisions de résultat net part du groupe (RNPG) ont ainsi été relevées de 21,6% pour 2025 et de 12% en moyenne sur l’horizon 2029, traduisant la confiance dans la capacité de la banque à maintenir un ROE supérieur à 19%.
Les analystes revoient leurs prévisions
Ces performances ont surpris positivement les analystes. Dans une note publiée le 11 septembre, Saham Capital Bourse a relevé son objectif de cours sur CFG Bank de 283 à 313 dirhams, soit un potentiel de hausse de 25% par rapport au dernier cours.
Une guidance relevée par le management
Portée par ses résultats, CFG Bank a annoncé une révision de sa guidance pour 2025. Alors qu’elle tablait initiale- ment sur une croissance du résultat brut d’exploitation
L’intermédiation boursière, le trading obligataire et actions ainsi que le corporate finance ont généré un PNB de 133 MDH, en hausse de 115% sur un an.
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Morocco FinTech Center «Le véritable enjeu, c’est la fluidité entre l’idée et l’usage réel»
tation. Quand vous êtes une startup, vous sentez que cha- cun fait des efforts, que ce soit les universités, banques, centres technologiques, mais chacun le fait avec sa logique, ses délais, son agenda. Ce n’est pas par manque de volonté, c’est leur nature. Les startups, elles, n’ont pas le temps. Elles doivent tes- ter, échouer, recommencer, vite. Entre les deux, il y a un écart de rythme qui finit par essouffler les projets. Pour éviter que l’écosystème se disperse, il faut une boussole simple, réduire le temps entre l’idée et l’usage réel. Si une uni- versité, une banque et une startup jugent leur coopération à ce cri- tère, elles finissent par s’aligner. Parce qu’au bout du compte, ce qui importe, ce n’est pas le nombre de réunions, mais qu’un commerçant puisse encaisser plus vite, qu’un étudiant ouvre un compte sans blocage, qu’un investisseur souscrive à une IPO sans paperasse. Il faut aussi choisir des chantiers fédérateurs, qui dépassent cha- cun des acteurs pris isolément. Simplifier la gestion de trésorerie des PME avec des outils qui anti- cipent les flux. Rendre les IPO locales accessibles depuis un smartphone. Donner aux petits producteurs agricoles un accès rapide au microcrédit digital. Fluidifier les paiements transfron- taliers avec l’Afrique, qui restent aujourd’hui trop chers et trop longs. Ce sont des sujets concrets qui parlent aux Marocains et qui obligent naturellement banques, universités et startups à travailler ensemble. Chez Atela, nous avons vu qu’il suffit parfois de constituer une petite équipe sur un projet bien défini pour créer de la valeur très
L’écosystème fintech marocain passe à la vitesse supérieure, porté par une nouvelle dynamique d’initiatives publiques et privées. Derrière cette effervescence, une question persiste : comment passer d’actions dispersées à un écosystème cohérent, capable de livrer
des solutions à grande échelle ? Entretien avec Sofiane Gadrim, CTO et cofondateur d’Atela.
Propos recueillis par Ibtissam Z.
Finances News Hebdo : Le Morocco FinTech Center affiche une nouvelle dyna- mique, portée par plusieurs initiatives en cours. Pensez- vous que cette évolution peut réellement poser les bases d’un écosystème fin- tech structuré et favorable aux startups ? Quelle lec- ture en faites-vous ? Sofiane Gadrim : Quand on est une fintech au Maroc, on découvre vite que l’écosystème existe mais qu’il est fragmenté. Avec Atela, nous avons frappé à beaucoup de portes, incubateurs, programmes, institutions. Chacun a son utilité, mais mis bout à bout, cela res- semble à une carte incomplète qu’on doit redessiner soi-même à chaque étape. Le Morocco FinTech Center peut changer cela en devenant une sorte de bous- sole, un point d’entrée unique qui
évite aux entrepreneurs de perdre de l’énergie à chercher qui contac- ter pour avancer. Il ne faut toutefois pas le réduire à un rôle de guichet administratif. Son utilité sera aussi d’orienter les regards vers des problèmes concrets qui valent la peine d’être résolus. Prenons une scène du quotidien : les files d’attente inter- minables pour payer une facture d’eau ou d’électricité. Pourquoi ne pas rendre ce paiement instantané depuis n’importe quel téléphone ? Ou pensez à ce jeune de Khénifra qui vend via Instagram. Il a trouvé ses clients, mais il n’a pas toujours un moyen simple d’encaisser. Ces petits blocages sont des occa- sions d’innovation. De notre côté, chez Atela, nous avons commencé à constituer des banques de projets et à mobiliser des jeunes équipes pour en faire des spin-offs. Ce type de vivier peut nourrir le Centre, qui devien- drait alors non seulement un para- pluie, mais aussi un amplificateur d’initiatives. Parce qu’au fond, ce
qui manque souvent, ce n’est pas l’idée, mais la vitesse d’exécution et la continuité qui transforment l’idée en usage réel. Le Maroc a déjà de solides atouts. Les rails techniques existent, les banques et telcos sont prêtes à jouer, et la jeunesse fourmille d’énergie. Si le Centre parvient à donner de la lisibilité et de la cadence, alors les fintechs maro- caines cesseront d’être des pro- messes isolées pour devenir des solutions africaines. Et ce jour- là, on ne parlera plus seulement de startups locales, mais d’outils conçus ici qui simplifient la vie à Abidjan, Dakar ou Kigali. F.N.H. : La collaboration entre des entités aussi diverses que l’UM6P, Technopark ou les banques pose des enjeux de gouver- nance. Comment garantir une vision partagée et évi- ter la fragmentation des efforts ? S. G. : J’ai vécu cette fragmen-
Le Morocco Fintech Center se positionne comme l’espace où banques, régulateurs, startups et investisseurs cherchent enfin à travailler ensemble sur une même plate- forme.
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vite. Si le Morocco FinTech Center réussit à multiplier ce genre d’expé- riences et à leur donner une continuité, il deviendra un vrai catalyseur. La meil- leure gouvernance, ce n’est pas celle qu’on décrit dans un organigramme. C’est celle qu’on sent, parce que les solutions arrivent, tournent et amé- liorent le quotidien. F.N.H. : Pensez-vous que les conditions sont réunies pour que l’open banking prenne enfin forme au Maroc, avec des API concrètes et acces- sibles ? Quels seraient les déclencheurs phares ? S. G. : Avant de parler de condi- tions techniques, il faut d’abord se demander si l’open banking répond aujourd’hui à un vrai besoin au Maroc. Pour beaucoup, ce n’est pas une API qu’ils attendent, mais une solu- tion qui simplifie la gestion de leur argent. L’étudiant veut pouvoir suivre ses finances sans jongler entre plu- sieurs applications. Le commerçant veut encaisser ses clients sans perdre une journée à la banque. L’analyste veut comparer rapidement les offres de crédit ou accéder à des données fiables pour prendre ses décisions. En réalité, l’open banking est avant tout une question de fluidité plutôt qu’une affaire de technologie. C’est la possibilité de connecter ses finances à des outils plus intelligents que ceux proposés par la banque seule. Cela peut rendre l’épargne plus accessible, le crédit plus transparent, accélérer les paiements et même ouvrir la voie à de nouveaux produits financiers, du crowdfunding à l’investissement boursier. Les conditions techniques sont déjà réunies. Les banques disposent des systèmes, les startups des idées et les régulateurs progressent. Mais le véritable déclencheur ne viendra pas d’un décret, il viendra d’une preuve concrète. Le jour où une application locale démontre clairement la valeur de l’open banking, que ce soit pour une PME, un investisseur ou une famille, le marché basculera de lui-même. Il faut finalement arrêter de voir l’open banking comme un objectif en soi. Une API n’est pas une fin, c’est un ingré- dient. Ce qui compte, ce n’est pas la matière première, mais ce que les entrepreneurs en feront pour créer des usages qui s’imposent naturellement.
La vraie question est plus tranchante : voulons-nous être de simples consom- mateurs de modèles étrangers ou bâtir une intelligence qui comprend nos réa- lités locales ? C’est là que se joue la différence. Les modèles importés fonctionnent, mais pas pour mesurer la solvabilité d’un artisan à Ouarzazate ou détecter la fraude sur un transfert venant d’Europe via un compte collectif. Se contenter d’outils conçus ailleurs, c’est risquer
Si le Centre parvient à donner de la lisibilité et de la cadence, alors les fintechs marocaines cesseront d’être des promesses isolées pour devenir des solutions africaines.
F.N.H. : L’IA et la data sont au cœur de la prochaine vague fintech (scoring alternatif, finance prédictive, détection de fraude). Le Maroc dispose-t-il des talents et des ressources
pour jouer un rôle dans cette transition ? S. G. : Le vrai débat n’est pas de savoir si l’IA existe déjà dans nos usages; tout le monde le sait, elle infiltre nos paie- ments, nos crédits et nos assurances.
POUR NE RIEN RATER DE LA BOURSE @bourse_news @boursenews www.boursenews.ma Bourse news
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