FNH N° 1208 (1)

ECONOMIE

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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 SEPTEMBRE 2025

Croissance «Des politiques publiques de rééquilibrage territorial sont de mise»

ajoutée comme l'automobile (Tanger, Kénitra), l'aéronautique (Casablanca), l'offshoring et les services financiers. En outre, vu lesdits atouts, ces trois pôles sont devenus avec le temps un bassin de compétences qui attire les talents et la main- d'œuvre de tout le pays. Ils béné- ficient d'un cercle vertueux où la concentration de la population stimule la demande, et la dispo- nibilité des compétences attire de nouvelles entreprises. Le secon- daire et le tertiaire demeurent l’épine dorsale de ces métro- poles, ce qui explique davantage leur forte contribution à la forma- tion du PIB au Maroc. F.N.H. : Comment la note d’orientation du PLF 2026 compte-t-elle apporter des solutions à cette pro- blématique de disparités régionales au niveau éco- nomique et quelles sont les pistes à exploiter pour pallier cette croissance à «deux vitesses» ? E. F. R. : Avec l’hypothèse plus ambitieuse d’une croissance à 4,5%, adossée à de forts niveaux d’investissements publics, la lettre d’orientation relative au PLF 2026 met en avant la réduction des disparités sociales et régio- nales en matière de création des richesses et du développement. Avec plus d’équité territoriale, le levier budgétaire met en priorité la réduction des écarts entre les différentes régions du Royaume en matière de contribution à la formation du PIB et de rythme de la croissance économique en vue d’un développement territorial intégré. Des politiques publiques de rééquilibrage territorial sont alors de mise. Selon la lettre d’orientation, pour

Sur instructions royales, la réduction des disparités territoriales se place en haut de la liste des questions à résoudre pour les prochaines années. Le PLF 2026 en a consacré tout un pavé dans sa récente note d’orientation. Que prévoit-il et quels leviers actionner pour parvenir à une contribution régionale, du moins équitable, au PIB en valeur du pays ? Entretien avec El Fakir Rachid, expert en économie monétaire.

Propos recueillis par Désy M.

génèrent, à elles seules, 58,5% du PIB national. Et la contribu- tion à la formation du PIB des neuf régions restantes, large- ment étalées géographiquement, qui ne dépasse guère les 41,5%. Toutefois, en termes de rythme de croissance économique, trois de ces neuf régions ont enregistré les meilleures performances au niveau national aux côtés de deux des trois régions citées ci-dessus. Ce constat laisse présager une certaine tendance de concrétisa- tion des écarts interrégionaux en matière de création des richesses. Cette situation n’est ni conjonc- turelle ni le fruit du hasard. Elle demeure plus ancrée dans le paysage économique du Maroc depuis longtemps et résulte d'une combinaison de facteurs historiques, géographiques et économiques qui ont favorisé l'émergence de trois pôles éco- nomiques majeurs : Casablanca- Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima. Casablanca, capitale écono-

mique historique, a bénéficié très tôt d'infrastructures portuaires et financières qui ont attiré les investissements nationaux et étrangers. Capitale politique et administrative, Rabat concentre les institutions nationales, les grandes entreprises publiques ainsi que les emplois de la fonc- tion publique. Tanger, historique- ment zone internationale, est la porte par laquelle transitent la majorité des MRE et une grande partie de touristes et commer- çants entre l’Europe et l’Afrique. L'axe atlantique, où se situent ces trois régions, dispose des infras- tructures les plus développées du pays. Le port de Casablanca, le grand complexe portuaire de Tanger Med, ainsi qu'un réseau autoroutier et ferroviaire dense créent un environnement propice aux affaires, à l'industrie et au commerce international. Ces régions abritent les plus grandes zones industrielles du Royaume, spécialisées dans des secteurs à haute valeur

Finances News Hebdo : La note d’information du haut-commissariat au Plan (HCP) relative aux comptes régionaux de l’année 2023 montre que 3 régions contribuent à hauteur de 58% à la création du PIB en valeur. Cela démontre une certaine concentration de la richesse nationale. Comment expliquez-vous ce fait ? El Fakir Rachid : Les données du HCP montrent qu’en 2023, l’éco- nomie marocaine s’est caracté- risée par de grandes disparités territoriales. Une forte concentra- tion de la création des richesses dans les régions de Casablanca- Settat, Rabat-Salé-Kénitra et Tanger-Tétouan-Al Hoceima qui

Le port de Casablanca, le grand complexe portuaire de Tanger Med, ainsi qu'un réseau autoroutier et ferroviaire dense créent un environnement propice aux affaires, à l'industrie et au commerce international.

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