ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 SEPTEMBRE 2025
une intégration optimale de toutes les régions dans les chaînes de valeur nationales et internatio- nales, le gouvernement prévoit la consolidation des acquis et la poursuite des grands chan- tiers d'infrastructure. Et ce, afin de désenclaver les régions moins développées et y créer de l'acti- vité, notamment par l'achèvement du port de Nador West Med, le développement du port de Dakhla atlantique, et la création de nou- veaux corridors autoroutiers et de routes rapides. Dans le domaine de l’aviation, le plan stratégique ambitieux de la RAM pour la modernisation et l’élargissement du parc national aérien pourrait participer au désenclavement de plusieurs régions. Ces actions sont en mesure de créer une nouvelle dynamique dans les relations économiques entres les différentes villes du Maroc, avec des infrastructures de transport et de logistique bien diversifiées. En outre, au-delà des stratégies de développement sectorielles nationales en vigueur, et pour une croissance inclusive, la mise en place de stratégies secto- rielles régionales décentralisées est encore un levier de désen- clavement et d’intégration des différentes régions dans le tissu économique national, avec les effets d’entrainement et de syner- gie qui peuvent en découler entre les régions. Avec la capitalisation des atouts spécifiques de chaque région, l’Etat vise, entre autres, le soutien à l'agro-industrie dans les régions agricoles comme Fès- Meknès et Souss-Massa, le tou- risme durable dans les régions montagneuses ou désertiques comme Drâa-Tafilalet, et les éner- gies renouvelables dans les pro- vinces du Sud. La lettre d’orientation prévoit la mise à niveau des différents espaces territoriaux du Royaume à travers une approche de déve- loppement inclusive pour faire bénéficier des richesses les dif- férents citoyens sans aucune discrimination territoriale. Ainsi, dans le cadre du PLF 2026, des programmes de développement territoriaux qui valorisent les spé-
Avec plus d’équité territoriale, le levier budgétaire met en priorité la réduction des écarts entre les différentes régions du Royaume en vue d’un déve- loppement territorial intégré.
cificités et les atouts locaux de chaque région seront de mise. Et ce, dans le cadre de la régiona- lisation avancée. Le soutien de l’emploi, de l’initiative privée, du climat des affaires, des services sociaux et de l’investissement local, ainsi que l’orientation de plus en plus de l’investissement public vers les espaces territo- riaux fragiles, visent à encourager la production locale et l’intégra- tion de ces espaces dans la dyna- mique économique nationale. Enfin, à travers le PLF 2026, l’Etat essaie de renforcer le capital humain par la consolidation de l'État social équitable pour toutes les régions. Avec la généralisa- tion de programmes des écoles pionnières et le développement des cités des métiers et des com- pétences sur l'ensemble du terri- toire, l’accès équitable à une édu- cation et une formation de qualité pourrait limiter l'exode des com- pétences vers les grands pôles. Avec de telles actions et d’impor- tantes enveloppes budgétaires, le Maroc compte tirer son épingle du jeu d’une croissance durable fortement inclusive où la com- plémentarité, la concurrence et la solidarité entre les régions demeurent le moteur d’une créa- tion de richesses fortement équi- tables en termes de contributions régionales à la formation du PIB. Ces actions ne peuvent aboutir sans la complémentarité entre les investissements publics et privés,
et des initiatives de partenariat public-privé bien élaborées dans des activités à forte valeur ajoutée et génératrices d’emplois stables. F.N.H. : L’on entend cer- tains experts parler de politiques budgétaires et monétaires régionales comme solution probable pour apporter un réel équi- libre dans l’apport écono- mique des régions dans le PIB ? Est-ce réellement une option selon vous ? E. F. R. : Théoriquement, pour faire face aux problèmes régio- naux, l'hypothèse de politiques budgétaires et monétaires propres à chaque région d’un pays demeure intéressante. Cependant, l’application de telles politiques au Maroc se heurte à des obstacles majeurs. Au niveau monétaire, cette piste demeure non faisable au Maroc vu le caractère stratégique de la politique monétaire dont le monopole relève d’une autorité centrale. Cette prérogative réga- lienne et centralisée est du res- sort exclusif de Bank Al-Maghrib (BAM).
Instaurer des politiques moné- taires différenciées pour stimu- ler le crédit dans ces régions risque de créer des distorsions économiques insoutenables dans un espace monétaire uni- fié. Cependant, dans le cadre du maniement des instruments de la politique monétaire, BAM pourrait encourager le refinance- ment des banques conditionné par l’orientation des financements bancaires vers des régions moins favorisées. Au niveau budgétaire, avec la décentralisation avancée, chaque région dispose de budget local financé en grande partie par des dotations relevant du budget de l’Etat. Des politiques budgétaires régionales demeurent faisables à travers les incitations fiscales dédiées aux investissements orientés vers les localités moins favorables aux investisseurs pri- vés. Des projets en partenariat Etat-région font aussi partie d’une certaine budgétisation centrale à connotation régionale ou, en d’autres termes, une décentrali- sation budgétaire. Le fonds de solidarité entre régions et le fonds de mise à niveau sociale sont aussi un levier déterminant pour s’orienter vers plus de complémentarité écono- mique et sociale entre les dif- férentes régions du Royaume, capables de réduire les écarts flagrants entre régions dans la formation du PIB. ◆
Instaurer des politiques monétaires différenciées pour stimuler le crédit dans ces régions risque de créer des distorsions économiques insoutenables dans un espace monétaire unifié.
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