ECONOMIE
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FINANCES NEWS HEBDO JEUDI 18 SEPTEMBRE 2025
Lutte contre l’habitat insalubre Un effort budgétaire colossal pour des résultats mitigés
lisée au niveau central, alors qu’il aurait fallu qu’elle soit déployée dans un cadre régio- nal et local, car chaque zone ou ville a ses propres spécifici- tés et ses propres contraintes. On ne peut appliquer le même modèle à Casablanca, puis à Marrakech. Il est essentiel de prendre en considération de nombreux éléments déter- minants. Parmi les facteurs pénalisants, figure le gonfle- ment de la population éligible pour bénéficier du programme Villes sans bidonvilles (VSB). Cette pratique est devenue très fréquente. En cause, cer- tains agents d’autorité, aidés par des élus locaux qui veulent élargir leur assise électorale et gagner de l’argent, participent activement à ce genre de tra- fic». La ministre a reconnu que « ce genre de pratique retarde le programme VSB et engloutit des sommes énormes. Il est temps de redoubler de vigi- lance pour que le programme ne concerne que les personnes qui remplissent les conditions exigées». Par ailleurs, il est rappelé que l’exode rural figure parmi les facteurs qui participent à la prolifération de l’habitat clan- destin. Pour fixer les paysans dans leurs lieux d’origine, il est utile de leur proposer des solutions d’habitat. Cette solu- tion devrait réduire la pression sur les villes et éviter plusieurs problèmes liés à l’urbanisa- tion des métropoles d’une façon anarchique. De même, il est recommandé de doter les métropoles de nouveaux documents d’urbanisme afin de faire face à la limite de l’aménagement foncier. La plu- part des projets de relogement ou de recasement ont bénéficé de mesures dérogatoires pour être réalisés. Afin de favoriser l’habitat rural, le département de tutelle a pris une série de mesures conjointement avec le ministère de l’Intérieur. Les communes et les agences urbaines accordent plus de facilités en matière d’autorisa- tion de construire. ◆
La lutte engagée par le gouvernement se heurte à des limites structurelles et à des pratiques qui ralentissent l’efficacité du programme Villes sans bidonvilles. Par C. Jaidani
La prolifération des bidonvilles a été réduite de 35%, mais on est toujours loin des objectifs.
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habitat insalubre reste l’un des défis majeurs auxquels se heurtent les gouvernements successifs au Maroc. Malgré les multiples programmes et politiques engagés, aucun n’a réussi à éradiquer durablement ce phénomène qui engendre de nombreux problèmes pour la collectivité, don notamment l’insécurité et le désordre urba- nistique. La persistance de ces habita- tions précaires s’explique par plusieurs facteurs. L’exode rural massif, la précarité et le faible pouvoir d’achat de larges franges de la population en sont les principaux. Ces
réalités limitent considérable- ment l’accès des citoyens à un logement décent. A cela s’ajoute le coût élevé de pro- duction des habitats, qui agit comme une barrière supplé- mentaire et rend l’acquisition d’un logement inaccessible pour une grande partie de la population ciblée. Le gouvernement Akhannouch a fait de la lutte contre l’habi- tat insalubre l’un des axes de son mandat. A la Chambre des représentants, Fatima Ezzahra El Mansouri, ministre de l’Aménagement du territoire, de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a mis en exergue le bilan des réalisations dans ce domaine. Elle a noté «que le nombre de ménages ayant bénéficié du programme de lutte contre l’habitat insalubre s’élève en
2025 à 16.300. Les efforts four- nis ont permis de réduire de 35% la prolifération des bidon- villes». Dans le même ordre d’idées, Mohamed Alaoui, expert en immobilier, explique pour sa part qu’ «il est primordial de lutter contre les facteurs ayant permis la croissance de l’habi- tat insalubre au lieu d’allouer de grosses sommes d’argent pour reloger la population. Dans le nouveau programme de recasement, il est budgé- tisé 40 milliards de DH. Cette somme aurait pu servir à soute- nir d’autres secteurs plus prio- ritaires afin de créer de l’em- ploi ou de réduire des déficits dans des branches à caractère social », relève Alaoui. Il poursuit que «la politique de lutte contre l’habitat anar- chique a été conçue et fina-
Il est primordial de lutter contre les facteurs ayant permis la croissance de l’habitat insalubre au lieu d’investir de grosses sommes pour reloger la population.
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