FNH N° 1095

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 9 FÉVRIER 2023

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Marché du blé «En 2022, l’Etat a payé une restitution d’une valeur de 10 milliards de DH»

◆ En 2022, le Maroc a importé 52 millions de quintaux de blé. ◆ 80% des unités industrielles sont parfaitement intégrées en amont et en aval. ◆ Entretien avec Moulay Abdelkader Alaoui, président de la Fédération nationale de la minoterie.

On passe d’une formule de sou- tien indirect qui est coûteuse, à une autre directe qui est plus ciblée et plus efficace. F.N.H. : Comment se pré- sente la mise à niveau du secteur ? M. A. A. : La mise à niveau de notre filière est déjà opé- rationnelle. Nous avons lancé une étude pour la mise en place d’un plan comptable sectoriel afin d’assurer une transparence totale, que ce soit au niveau de l’importation ou de la distribu- tion des produits. Il est question d’avoir une idée sur les coûts de revient, la marge et être en règle avec les impôts et les autres administrations. L’objectif est de lever tous les amalgames ou les confusions qui peuvent exister. La mise à niveau revêt diffé- rents aspects. Elle est visible sur le volet industriel qui devient modernisé et n’a rien à envier aux pays développés en matière de qualité, de l’ou- til de production et aussi de la qualification des ressources humaines. L’Ecole spécialisée dans les métiers de la minoterie forme tous les profils dont la filière a besoin. De nombreux lauréats de cette institution dirigent actuellement des mino- teries à l’étranger, notamment en Afrique ou au Moyen-Orient.

destinée aux couches démunies pour un volume de 6,5 millions de quintaux. Ce produit est distribué notamment dans les régions enclavées. Tandis que la restitution a été instaurée suite à la flambée des prix du blé au niveau mondial. Elle représente le gap entre le coût de revient de l’importation et le prix de ces- sion au consommateur. Il faut rappeler que le pain est un pro- duit très sensible. Pour avoir la paix sociale, il est primordial de stabiliser son prix. F.N.H. : Faut-il maintenir la compensation pour le blé et la farine ? M. A. A. : En 2022, le Maroc a importé 52 millions de quintaux de blé. Un volume important sur lequel l’Etat a payé une restitu- tion d’une valeur faramineuse de 10 milliards de DH. Une enve- loppe qui aurait pu servir à des investissements dans d’autres secteurs. Mais vu l’urgence de la situation, le gouvernement a décidé de lutter contre la flam- bée des prix. Une fois que le registre social unifié (RSU) sera totalement opé- rationnel, il est possible dans ce cas d’arrêter la compensation dédiée au blé. Dans cette situa- tion, la population démunie aura une allocation mensuelle qui lui permettra de faire face aux ren- chérissements du coût de la vie.

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Comment se présente le marché du blé. Y a-t-il a un retour à la normale ? Moulay Abdelkader Alaoui : Le marché international de blé est dans une tendance baissière. Le programme des importations est toujours activé jusqu’à fin avril 2023. Les stocks sont suffisants pour couvrir les besoins. Nous espérons une bonne année agri- cole pour avoir plus de visibilité. Les opérateurs du secteur et le gouvernement ont pris toutes les dispositions nécessaires pour approvisionner le marché local dans de bonnes condi- tions. F.N.H. : Les mesures de soutien dédiées au sec- teur ont-elles donné les effets escomptés ? M. A. A. : Nous sommes un sec- teur qui opère dans un marché libre. Il n’y a pas de restrictions, sauf celles imposées lors de la collecte nationale de blé, et qui est tout à fait légitime pour protéger la production nationale et donner la visibilité aux opéra- teurs de la filière. La subvention allouée à la filière est destinée à protéger le consommateur et pas le pro- ducteur. Elle est octroyée pour fixer le prix de la farine nationale

Dans les autres activités liées à notre secteur, nous avons éga- lement des écoles spécialisées dans la pâtisserie et la chocola- terie. Nous travaillons pour que notre intégration à l’aval soit adéquate. Notre secteur est très concur- rentiel, ce n’est pas comme en Egypte, Tunisie ou Algérie. Pour être compétitif, il faut avoir une certaine taille et une assise industrielle et financière impor- tante, d’autant plus que la plu- part des opérateurs investissent toute la chaîne de valeur. 80% de nos unités industrielles sont parfaitement intégrées en amont et en aval. Elles font par- tie des groupes qui disposent de leurs sociétés d’importation et de commercialisation. Ces groupes englobent également des entreprises de production de pâtes, de couscous, de bis- cuits et autres produits. ◆

Nous avons lancé une étude pour la mise en place d’un plan comptable sectoriel afin d’assurer une transparence totale, que ce soit au niveau de l’importa- tion ou de la distribution des produits.

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