FNH N° 1095

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 9 FÉVRIER 2023

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Entretien «La convergence des politiques publiques ne peut se faire qu’au niveau des territoires» ◆ L’Etat territorial est une notion forte pouvant avoir un effet majeur sur l’acte d’investir. ◆ Entretien avec Abdellatif Maâzouz, président de la région de Casablanca-Settat.

l’économie mondiale depuis le début du millénaire. Le décalage entre les rythmes de reprise de la demande, après la levée des restrictions sanitaires, et de l’offre, ainsi que les difficultés logistiques se sont traduits par des perturba- tions des chaînes d’approvision- nement et une flambée des prix. Cette dernière a été par la suite exacerbée par le renchérissement des produits énergétiques et ali- mentaires induit par le conflit en Ukraine et les sanctions imposées à la Russie». Selon les dernières projections de BAM, la croissance économique aurait été faible en 2022, se situant à 1,1%, et devrait ressortir autour de 3% au cours des deux pro- chaines années. Avec une pro- gression démographique de près de 1%, il est difficile d’envisager, si de tels rythmes de croissance se maintiennent, une améliora- tion tangible des niveaux de vie même à moyen terme. D’ailleurs, tous les classements internatio- naux le confirment, en particulier celui en matière de développe- ment humain, qu’on peut certes critiquer sur certains volets, mais force est d’admettre que le Maroc stagne au-delà de la 120ème posi- tion depuis au moins une dizaine d’années. «C’est un constat frus- trant au regard de la volonté affi- chée et de l’effort de réforme et d’investissement économique et social que déploie notre pays depuis de longues années», s'est désolé le Wali. Jaouhri pointe du doigt cer- tains dysfonctionnements comme le taux de chômage structurelle- ment élevé à cause d'une crois- sance insuffisante pour embarquer tout le monde, mais aussi le poids de l'informel. «Pour résumer ces constats, je dirais que le Maroc consent un effort d’investissement important et constant, mais qui donne lieu jusqu’à présent à une croissance économique insuffi- sante, en tendance baissière, avec un contenu en emploi de plus en plus faible et dont les retom- bées ne profitent pas de la même manière à toutes les régions» , explique-t-il. ◆

Propos recueillis par C. Jaidani

Finances News Hebdo : Quel regard portez-vous sur ce symposium dédié à l’investissement et le rôle de l’Etat territorial ? Abdellatif Maâzouz : C’est un événement qui est venu au bon moment. Ce symposium est un rassemblement d’intelligence collective. L’objectif est de donner une nou- velle impulsion à l’investissement. Il est question d’initier une vision claire sur ce qui va être réalisé au cours des prochaines années. La Charte de l’investissement est une bonne nouvelle, elle donne plus d’assurance et de visibi- lité aux opérateurs. La réforme des CRI loge à la même enseigne. C’est la première fois que j’entends l’Etat terri- torial, qui est une notion très forte pouvant avoir un effet majeur au niveau de l’acte d’investir. F.N.H. : Quel rôle peuvent alors avoir les Conseils régionaux dans ce cadre ? A. M. : La convergence des politiques publiques en matière d’investissement ne peut se faire qu’au niveau des terri- toires. Elle ne peut être effectuée au niveau central, et ce pour différentes raisons. Il est donc pertinent de clarifier le rôle des conseils régionaux en matière d’investissement. Tout ce qui est développement économique et création d’emploi relève des compétences propres de ces conseils. Il faut leur laisser plus de marge de manœuvre pour qu’ils puissent s’acquitter adéquatement de leurs missions. Il est donc important de multiplier les initiatives qui ne peuvent

émaner uniquement de Rabat, mais des 12 régions.

F.N.H. : Les régions ont-elles suffisamment de moyens pour répondre à leurs ambitions ? A. M. : Dans le cadre des programmes de développement, les régions ont besoin que les choses soient claires tant au niveau du choix des chantiers, du mode de fonctionnement que des dotations budgétaires allouées. Les mécanismes de déploiement ont besoin de temps pour être actifs. Avec la réalisation de ces deux conditions, nous trouvons tous les moyens qu’il faut pour mener à bien les différents chantiers. Malheureusement, nous disposons de moyens qui ne sont pas suffisamment utilisés car les mécanismes de déploie- ment n’ont pas eu assez de temps. Nous pouvons réussir le partenariat public-privé dans de bonnes conditions une fois que tous les ingrédients nécessaires seront réunis. ◆

VERBATIM Chakib Alj, président de la Confédération générale des entreprises du Maroc

«Cette conférence était l’occasion de discuter des actions concrètes à entreprendre pour accélérer la dynamique d’investissement privé, créateur d’emplois et de valeur ajoutée, et ce sur l’ensemble des territoires du Royaume. Parmi ces actions, les PPP, notam- ment dans les secteurs straté- giques, l'amélioration des com- pétences, la facilitation de l'accès à un foncier adapté et équipé, ou

encore le lancement du Small Business Act. La Charte de l’investissement et le Fonds Mohammed VI pour l’investissement viendront sans aucun doute donner une forte impulsion à l’investissement et faire de notre pays un hub indus- triel régional et continental, sous le leadership de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu l’As- siste».

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