FNH N° 1095

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SANTÉ

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 9 FÉVRIER 2023

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prescriptions médicales et l'utilisation des ressources thérapeutiques aussi bien dans les secteurs public que dans le privé. De même, ces protocoles ainsi que d'autres mécanismes contribuent également au contrôle et à l'encadre- ment de l'assurance maladie obliga-

toire de base, en renforçant le contrôle médical des dépenses en vue de préserver les équi- libres des régimes de la cou- verture médicale. Ces protocoles concernent les moyens de diagnostic, mais aussi ceux thérapeutiques. Ils permettent de hiérarchiser ces

Le rapport entre le coût d’un accouchement par voie basse et celui d’une césarienne passe pratiquement de 1 à 10, car il inclut une opération chirurgicale avec tous les soins y afférents.

moyens en allant des plus simples et des moins coûteux, dits de première intention, vers les plus complexes et les plus onéreux. Cela évite les dépenses catastrophiques et coûteuses aussi bien pour le patient que pour les organismes gestionnaires de l’assurance maladie. Ces protocoles thérapeutiques sont élaborés par la Société marocaine des sciences médicales (SMSM) et d’autres sociétés savantes ainsi que des experts connus dans leurs domaines médicaux respectifs, ne présentant aucun conflit d’intérêt. Et ce, avec la participation du ministère de la Santé, du Conseil natio- nal des médecins et de l’Agence maro- caine de l’assurance maladie (ANAM). D’ailleurs, la dernière réunion consa- crée à la validation des 14 protocoles thérapeutiques a vu la participation des parties susmentionnées avec, en plus, les directeurs des CHU, des groupes de travail thématiques, des coordonna- teurs de groupes, ainsi que des cadres et responsables de l’administration cen- trale du ministère, à leur tête le ministre de la Santé et son secrétaire général. F.N.H. : Ces nouvelles mesures thérapeutiques prennent en compte l’accouchement (par césarienne) pour pallier les dépenses inutiles et préserver la santé des femmes. Quelle lec- ture en faites-vous ? A. B. : La césarienne est justement le bon exemple pour illustrer l’intérêt et l’importance des protocoles thérapeu- tiques. On sait que la césarienne est actuellement pratiquée sur une grande échelle; dans certains cas, elle peut être parfaitement justifiée et pas du tout dans d’autres situations où un simple accouchement par voie basse suffit. La question que l’on pourrait légitimement

poser est : «Est-ce que toutes les césa- riennes pratiquées sont justifiées» ? En effet, le rapport entre le coût d’un accouchement par voie basse et celui d’une césarienne passe pratiquement de 1 à 10, car il inclut une opération chirurgicale avec tous les soins y affé- rents et une hospitalisation en clinique ou en hôpital. Dans ce cas, le protocole va définir dans quel cas recourir de manière justifiée ou pas à la césarienne. F.N.H. : La maladie du cancer s’accapare la part du lion, car sur les 14 recommandations théra- peutiques, 10 concernent cette pathologie. Comment expliquez- vous cela ? A. B. : : Il serait plus judicieux de parler de cancers au pluriel. Ce n’est en effet pas une maladie, mais un groupe de maladies, avec certains points com- muns mais aussi des différences quant à leurs origines, leurs traitements et leurs évolutions. Si 10 protocoles thé- rapeutiques sur 14 ont été adoptés récemment, c’est parce que ces mala- dies sont les plus dangereuses, les plus complexes à soigner et surtout les plus chères, et donc les plus budgétivores pour les caisses de l’assurance maladie en raison des coûts exorbitants de leurs traitements. Il était donc important de mettre en place des protocoles théra- peutiques pour éviter des escalades inutiles vers les traitements les plus

coûteux sauf quand ils s’imposent vraiment. Les cancers concernés par ces pro- tocoles thérapeutiques sont ceux du sein, du col de l’utérus, des ovaires, de l’endomètre, du poumon, de la prostate, de la thyroïde, de la vessie, du colorectal et celui de l’estomac. En dehors des cancers, les protocoles thérapeutiques concernent le psoria- sis, la césarienne, le diabète et les infections bactériennes précoces chez les nouveau-nés. F.N.H. : Quelles sont les retom- bées économiques de l’optimi- sation de ces différents proto- coles ? A. B. : Les retombées économiques de ces protocoles thérapeutiques ne se limitent pas aux seules caisses des organismes gestionnaires de l’assu- rance maladie, mais peuvent aussi toucher les patients, puisque ces der- niers paient de leurs poches «le reste à charge». Dans certains cas, cela peut représenter jusqu’à 30% du coût des soins, voire plus. Aujourd’hui, dans les pays où il y a de bons systèmes d’assurance maladie, il y a des proto- coles thérapeutiques pour la majorité des pathologies. Ces protocoles sont remis à jour régulièrement à la lumière des évolutions des connaissances scientifiques concernant le diagnostic et les traitements de ces maladies. ◆

Il est impor- tant de mettre en place des pro- tocoles thé- rapeutiques pour éviter des escalades inutiles vers les traite- ments les plus coûteux, sauf quand ils s’imposent vraiment.

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