FNH N° 1095

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 9 FÉVRIER 2023

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A la vie à la mode Confidences

◆ Fadila El Gadi a reçu, mardi 24 janvier, la médaille d’or des arts au titre de l’année 2023, en reconnaissance d’un parcours d’exception. De fil en aiguille, avec une créatrice qui s’est imposée comme figure de proue de la mode marocaine.

Propos recueillis par R. K. H.

Finances News Hebdo : Pourquoi avez-vous opté pour l’Italie pour vendre vos premières petites col- lections ? Fadila El Gadi : Au début, ce n'était pas un choix, juste le hasard, une rencontre. F.N.H. : Quand avez-vous pris goût pour l’art, la broderie et la mode ? F. G. : Depuis toute petite avec mes parents à Salé, j’aimais à la fois les vête- ments et l’artisanat; j’accompagnais ma mère et mes tantes chez les artisans brodeurs. F.N.H. : Votre père voyait-il d’un bon œil cet attrait pour l’art ? F. G. : Mon père vient du Sahara, d’une famille nomade avec une âme artistique, un grand rêveur…. Son seul souci était le bonheur de ses enfants. F.N.H. : Après le décès de votre père et de votre frère aîné, vous vous êtes tournée vers le prêt-à- porter sélectif pour subvenir aux besoins de votre famille… F. G. : On va dire que je n’étais pas très assidue à cause de ces raisons. A l’époque, je faisais une petite collection que je vendais en Italie, mais les choses ont évolué petit à petit à force d’exigence et de travail acharné. F.N.H. : Sept ans plus tard, une rencontre venait infléchir le cours de votre destinée : celle de Yves Saint Laurent… F. G. : YSL a joué un rôle dans mon par- cours sans le savoir. J’ai été très sensible à sa volonté de libérer la femme et pas de l’enfermer dans un carcan de tissu. Après, j’ai rencontré YSL par hasard et ça a été important pour moi.

YSL a joué un rôle dans mon parcours sans le savoir. J’ai été très sensible à sa volonté de libérer la femme et pas de l’enfermer dans un car- can de tissu.

YSL m’a confirmé dans mes choix de création, dans mes choix de coupe, c’était un honneur pour moi. Il ne m’a pas dit «je confirme ce que tu fais», mais il m’a dit que ça lui plaisait, ce qui chez cet homme discret était une reconnaissance énorme. F.N.H. : Pour s'épanouir dans le métier que vous exercez, la voca- tion, à elle seule, suffit-elle ? F. G. : Pour s’épanouir dans le métier, elle est primordiale, mais demande beau- coup de travail.

F. G. : Est-ce que c’était difficile de percer ? Oui, comme pour tous ceux qui croient en leur projet dans une société qui a des parcours de réussite bien tra- cés et que la majorité suit. Est-ce qu’en tant que femme, cela a été plus difficile ? Je pense que évidemment oui; vous connaissez toute l’histoire, qui est la même pas seulement au Maroc…, ça ne sert à rien de la répéter à chaque fois. La réussite est possible en tout cas; il faut beaucoup de volonté et de foi en ses rêves. F.N.H. : Le photographe d’art Paul Thorel a-t-il eu une incidence heureuse sur votre carrière ?

F.N.H. : Comment s’affirmer dans ce monde dur ?

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