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LES PRISONNIERS DES INONDATIONS DE SAINT-ANDRÉ-D’ARGENTEUIL
FRÉDÉRIC HOUNTONDJI frederic.hountondji@eap.on.ca
nécessitait plus qu’un parcours du com- battant. La résidente Lyne Fortin en sait quelque chose. Grâce à la générosité d’un voisin, elle a pu traverser les 900 mètres d’eau pour arriver à l’autre bout de la rue Latour afin d’emmener sa fille à la garderie et répondre à l’appel de la Croix-Rouge. Elle a une dent, non pas contre la crue, mais contre les autorités municipales. « Ça prend quelqu’un pour nous aider à traverser. En 2017, on avait plus de ser- vices qu’aujourd’hui. Ils (Municipalité) venaient nous chercher, nous aidaient à traverser le chemin et ils revenaient nous déposer. Cette année, ils ne le font pas, on n’a aucune navette », a-t-elle réalisé. André Trudel ne comprend pas que, d’une part, tous les regards se tournent vers Rigaud, dont on parle des inondations, et que d’autre part, sa municipalité le délaisse au milieu d’un torrent. « On n’a même pas de transport sur la rue Latour, on n’a absolument rien. C’est comme si on n’existait pas. On a un voisin qui nous traverse avec son camion et il est en train de le bousiller complètement. Lui il nous traverse quand on veut sortir, mais la Ville ne peut rien faire. On le voit à Rigaud, c’est lemême cours d’eau, on a lamême situa- tion ici qu’à Rigaud. C’est même pire »,
Pour se rendre actuellement dans le secteur de La Baie, à Saint- André-d’Argenteuil, il faut soit une chaloupe ou marcher dans l’eau, dont la hauteur peut arriver jusqu’ à la hanche, selon sa taille. Certains conducteurs téméraires s’y aventurent parfois avec leur camion, mais L’Argenteuil a choisi la première option, c’est-à-dire y aller en chaloupe. Le jour- nal a pu voir, mardi, plusieurs maisons encerclées par l’eau qui a atteint un niveau inquiétant. Les résidents étaient littéra- lement enclavés. Sortir de leur secteur
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RENVERSANTE Propriétaires : Lucie Quenneville et Michel Campeau
RÉSIDENCE PRIVÉE POUR AÎNÉS, LACHUTE Le Médaillon
PRÈS DU PARC ET DE LA RIVIÈRE Enchanteur SITE
Il faut traverser 900 mètres d’eau pour accéder aux maisons dans le secteur de La Baie, à Saint- André-d’Argenteuil. Dans le secteur de La Baie, les résidents se disent oubliés ou délaissés par la municipalité.D’autres considèrent que le secteur de La Baie est le Rigaud de Saint-André-d’Argenteuil, du fait des inondations. —photos Frédéric Hountondji
a-t-il lancé avant de reconnaître que, par le passé, le gouvernement lui avait même donné de l’argent pour qu’il remonte sa maison de 32 pouces. « Si lamaison n’était pas montée de 32 pouces, on aurait de l’eau dans la maison », a-t-il réagi. FORCÉS DE DÉGUERPIR « En 2017, on avait tout. On les appelait quand on avait besoin de covoiturage. On avait de l’eau et tout ce qu’on demandait on nous l’amenait. Là on les appelle et on n’a rien. Ils veulent qu’on évacue et personne ne veut surveiller nos maisons. On est tout seul ici », s’est désolé un autre résident qui n’a pas voulu décliner son identité. Guy Altinier vit dans le secteur depuis 52 ans et est propriétaire d’une grande maison. Sa demande à lamunicipalité est de « désenclaver » la zone en remontant la rue Latour, pour permettre l’accès aux maisons. « Ça fait plus de 10 ans qu’on demande à lamunicipalité de le remonter. Une autre rue, la rue des Sables, a été emportée et a été refaite à neuf, mais à lamême hauteur. C’est aberrant. Par ailleurs, j’ai appelé la municipalité et on m’a dit que si je suis mal pris, on viendra me chercher, mais qu’on ne me ramènera plus. On paye nos taxes et ils se foutent de nous », a estimé M. Altinier. Cependant pour d’autres
résidents, la municipalité n’est vraiment pas à blâmer. « Que voulez-vous ? Je ne sais pas ce qu’ils pourraient faire. Ils pourraient remonter la rue Latour, peut-être qu’ils vont être obligés de beaucoup la remon- ter et combien de personnes vont rester ici après ça. L’année passée, il y avait la navette, mais cette année ils ont dit qu’ils ne nous donneraient rien parce qu’ils veulent nous forcer à partir. C’est le but de lamunicipalité : évacuer tout le secteur et c’est éventuellement ce qui va arriver », a pressé un habitant qui a préféré garder l’anonymat. À 80 ans, Gilles Meloche, qui vit dans le secteur depuis 1955, jure qu’il y mourra et que pour rien au monde il ne quittera sa maison. Cet avis est aussi partagé par M. Altinier. Même la somme de 200 000 $, proposée par le premier ministre François Legault pour faire quitter les zones inon- dées, ne fait pas recette chez certains rési- dents de La Baie, comme Paul Boucher. Pour le maire du village, Marc-Olivier Labelle, personne n’est délaissé dans la municipalité. « Tous les secteurs sont considérés, que ce soit la rue Latour ou les autres chemins. On a trois équipes d’intervention, police, services sociaux et pompiers, qui vont faire le tour aujourd’hui », a-t-il répété.
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