Magazine Junot n°7

STYLE - ARTISTE

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Your relationship with childhood is also very important in your work, isn't it? When I was a child, I had to become a teenager very quickly. When I was a teenager, I became an adult very quickly. I started working at 17. When my exhibition Le Peuple de demain was staged at the Centre Pompidou, I had the impression that I was the architect of my own childhood. And this childhood is constantly being reinvented because I have never had as many ideas as I do today. Votre rapport à l’enfance est également prégnant dans votre travail, n’est-ce pas ? Quand j’étais enfant, j’ai dû devenir adolescent très vite. Quand j’étais adolescent, je suis devenu adulte très vite. J’ai commencé à travailler à 17 ans. Quand mon exposition Le Peuple de demain a été montée au Centre Pompidou, j’ai eu l’impression d’être l’architecte de ma propre enfance. Et cette enfance est en perpétuelle réinvention, car je n’ai jamais eu autant d’idées qu’aujourd’hui. Qu’il s’agisse du concept de l’ upcycling ou de la dynamique de collaboration avec des marques, vous avez été précurseur. Plus que contemporaine, votre démarche a été quali- fiée de visionnaire. Qu’en pensez-vous ? Il me semble que seul le temps est juge. Il n’y a pas d’autre tribunal que celui du temps. Je n’ai pas l’impression de collaborer avec des marques, je collabore avec l’histoire, et je pense que c’est une clé pour toujours embrasser l’air du temps. J’ai presque un propos rétrofuturiste aujourd’hui, car je crois que le futur des jeunes générations a besoin de l’histoire comme pierre angulaire pour (se) construire. Dans un environnement qui de- vient digital, numérique, où l’intelligence est arti- ficielle, il est fondamental de se reconnecter aux racines de l’histoire. You have been a forerunner whether in terms of the concept of upcycling or the dynamics of collaboration with brands. More than contem- porary, your approach has been described as visionary. What do you think? It seems to me that only time is the judge. There is no court other than the court of time. I don't feel like I'm collaborating with brands, I'm collabora- ting with history and I think that's a key to always embracing the zeitgeist. I almost have a retro- futuristic offer today because I believe that the future of the young generations needs History as a for building - including building themselves. In an environment that is becoming digital, where intelligence is artificial, it is fundamental to recon- nect with the roots of History.

What do all these relationships mean to you? For me, these relationships are the equivalent of Jean-François Champollion discovering the Rosetta Stone. It is an immersion in the know-how or the crea- tion of others. When it comes to collaborating with artists - including Keith Haring, Imruh Asha or more recently Julien Granel who composed the music for my exhibition Le Peuple de demain - then it's something else: it's a dialog. If the collaboration is with a brand like Gien , with whom we are conducting a micro-revolution, for me it is about becoming as blue as the blue of this iconic Maison. This means that I first listen to the sound of their story and then I draw. My work must then be in perfect harmony with the age-old blue of Gien to participate in the re-emergence of a modernity at the heart of this extraordinary know-how. It is fascinating. The question that arises from each collaboration is: "How can I revive this know-how and make it known?”

Que représentent justement ces colla- borations pour vous ? Ces collaborations sont pour moi l’équiva- lent de Jean-François Champollion qui dé- couvre la pierre de Rosette. C’est une im- mersion dans le savoir-faire ou la création de l’autre. Quand il s’agit de collaborer avec des artistes – dont Keith Haring, Imruh Asha ou plus récemment Julien Granel, qui a composé la musique de mon exposition Le Peuple de demain –, alors c’est autre chose, c’est un dialogue. Si la collabora- tion est engagée avec une marque comme

Gien, avec laquelle je mène une microrévolution, c’est pour moi devenir aussi bleu que le bleu de cette mai- son iconique. Cela signifie que j’écoute d’abord le bruit de son histoire, puis je dessine. Mon travail se doit alors d’être en parfaite harmonie avec le bleu séculaire de Gien pour participer à l’émulsion nouvelle d’une modernité au cœur de ce savoir-faire extraordinaire. C’est passionnant. La question qui préexiste à chaque collaboration est : « Comment puis-je réveiller ce savoir-faire et le faire savoir ? »

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