Le déclin organisé du service public ferroviaire est bien antérieur à celui de la plupart des autres services publics : lors de la création de la SNCF en 1937, le réseau ferré français commence déjà à décliner. PAROLE NATIONALE CONVERGENCE NATIONALE RAIL - CNR
Préparer la contre-offensive en consolidant les convergences sociales, écologiques et industrielles Le choix de la route, mode de transport où il est beaucoup plus facile de séparer la gestion de l’infrastructure réseau avec celle de l’exploitation est, pour le ferroviaire, source de problèmes récurrents au point que plusieurs pays européens, ont dû revenir, au moins en partie, sur la privatisation et le démantèlement du rail, et que la Suisse, pays européen libéral mais attaché au chemin de fer, n’a jamais cédé à ces principes aberrants techniquement pour l’exploitation de leur réseau ferroviaire. Nous sommes donc face à un choix délibérément dogmatique. Le déferlement médiatique savamment entretenu à l’encontre des cheminot-e-s à chaque grève, qui ment par omission à l’usager en taisant que l’immense majorité des suppressions de trains ou retards sont dus aux suppressions de postes à la SNCF et aux conséquences de 30 années de sous- investissement dans le réseau ferré sur un grand nombre de lignes. Face à ce rouleau-compresseur nous ne manquons pourtant pas d’atouts. Le premier réside dans l’urgence écologique. Le choix de la route et de l’aviation comme modes de transport dominants est irresponsable. Les transports constituent la première source d’émission de gaz à effet de serre en France (30%), et la part des émissions liées au rail est totalement marginale (0,3%), bien en-deçà de sa part modale dans l’ensemble des transports. À cela s’ajoutent l’artificialisation des terres, une autre urgence écologique dont le développement du réseau routier et de l’étalement urbain,
Les élites économiques et politiques ont déjà fait le choix de la route contre le rail : même dans les années d’après-guerre qui voient de nombreux secteurs rejoindre le service public et se développer (énergie, hôpital public etc.), le réseau ferroviaire français ne retrouvera jamais la densité atteinte lors de l’apogée de l’entre- deux-guerres. Les pouvoirs publics préfèrent faire de l’automobile individuelle un moyen de transport de masse et investir de façon massive et constante dans la réalisation d’un dense réseau d’autoroutes et voies rapides. Ce choix politique de l’automobile est aggravé, plus tard, par une lame de fond néo-libérale et austéritaire qui se déploie notamment à partir des années 1990. Les traités européens notamment celui de Maastricht imposent progressivement le démantèlement des monopoles publics et la gestion des anciens services publics selon des critères de rentabilité financière, selon le principe de la « concurrence libre et non faussée » qu’ils gravent dans le marbre. Tout doit disparaître, des statuts protecteurs pour les salariés, de la gestion nationale unifiée et intégrée, de la priorité absolue à la qualité de service rendu aux populations sur tout le territoire. Les résultats sont tristement connus pour les secteurs des postes, de la télécommunication et de l’énergie mais la catastrophe n’épargne pas la SNCF, devenue société anonyme avec “ fermeture” du statut des cheminots le 1er janvier 2020, à la suite de la contre-réforme ferroviaire imposée en 2018 par le gouvernement Macron-Philippe.
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