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PORTRA I T

Les 50 nuances de… Julie

VICKY CHARBONNEAU vicky.charbonneau@eap.on.ca

Médecin à Embrun depuis 20 ans, Julie Lockman est une femme aux talents mul- tiples performant dans deux domaines qu’on croirait aux antipodes : lamédecine et maintenant le théâtre. Disposant de plu- sieurs cordes à son arc, elle n’hésite jamais à relever de nouveaux défis et son parcours en est la preuve concrète. Issue d’une famille franco-ontarienne d’Ottawa-Vanier, elle a étudié enmédecine à Sherbrooke. Aumoment d’entreprendre sa résidence, elle est retournée à Ottawa pour continuer à étudier en français et travailler à l’urgence de l’Hôpital Montfort. De plus, elle y a été impliquée politiquement pendant de nombreuses années et elle y pratique toujours des accouchements. En 1993, lors de son premier stage, elle a été jumelée à un précepteur qui pratiquait à Embrun. Depuis lors, elle y pratique la médecine familiale. « Je me suis retrouvée ici et je suis totalement tombée en amour avec la pratique de village, où tu connais tout le monde. Jamais je ne repartirais en ville. J’y habite, mais professionnellement c’est beaucoup plus enrichissant ici. » De nouveaux horizons Son conjoint, lui-mêmemédecin en soins palliatifs et artiste visuel, lui a un jour sug- géré de participer aux auditions duThéâtre de l’Île. « Il m’a toujours encouragé à expri- mer ma créativité. C’est super bon pour la santé mentale. C’est vraiment grâce à lui que je l’ai fait. » Après avoir fait ses débuts dans la pièce La Salle à manger, présentée de mai à juin 2016, elle a été invitée à se joindre à une autre En 1993, lors de son premier stage, elle a été jumelée à un précepteur qui pratiquait à Embrun. Depuis lors, elle y pratique la médecine familiale. « Je me suis retrouvée ici et je suis totalement tombée en amour avec la pratique de village, où tu connais tout le monde. Jamais je ne repartirais en ville...» pièce de théâtre intitulée Le gars de Québec, deMichel Tremblay. Elle vient tout juste de terminer les 24 représentations de ladite pièce, où elle incarnait le rôle d’Anne-Marie Petit, la femme d’unmaire des années 1950 qui se donnait des airs de hauteur. Bien qu’à deux extrêmes du spectre, la médecine l’a aidée à faire la transition au théâtre. « J’ai bénéficié de la rigueur de la forma- tionmédicale pour transposer ça à l’appren- tissage d’un texte, a-t-elle expliqué. De plus, commemédecin de famille, tu travailles avec des humains et des émotions. En ayant de l’expérience à détecter des choses au niveau non verbal, ça m’a également permis de transposer ça dans mon jeu pour exprimer des choses de façon plus subtile. » Le plus difficile pour elle a cependant été de laisser aller la rigidité de la science et de se permettre de sortir de son élément. « Ça fait 20 ans que je pratique ; je suis très à l’aise dans ce que je fais, autant ici qu’à

Not only is Julie Lockman a family doctor in Embrun since 1994, but she’s also a multi-talented woman with many strings to her bow. This year, as a challenge to herself, she took on theatrical acting and just finished two back-to-back plays in Gatineau. Time to let her hair down… —photo courtesy of Maxime Légère

la salle d’accouchement. Là, je m’expose vraiment, c’est très vulnérabilisant de faire ce que j’ai fait. » Rien à son épreuve Le fait de prendre des risques et de sauter dans l’inconnu n’est pas chose nouvelle pour Julie. « J’avais une chroniquemédicale pour Montfort au journal Le Droit. Ensuite, je suis allée à Radio-Canada à Ce soir en cou- leurs, après le téléjournal. J’avais un segment médical de sixminutes et c’était en direct. » Par la suite, elle a occupé le poste de pré-

sidente du Conseil des médecins pendant plusieurs années et enseignemaintenant aux médecins résidents à l’Université d’Ottawa. Julie se lance constamment des défis personnels : courir un demi-marathon ou suivre un cours de plongée sous-marine. Elle envisage même de d’obtenir sa licence de pilote. « Je suis assez chanceuse. Je ne suis pas phénoménale dans rien, mais jeme débrouille bien dans beaucoup d’affaires. » À cet effet, les langues figurent parmi ses autres attributs ; en plus de l’anglais, elle

parle couramment l’espagnol, se débrouille en italien et est en train d’apprendre le créole haïtien. « Une fois que j’ai maîtrisé quelque chose, on dirait que je suis prête pour d’autres choses. » Julie est elle-même un personnage, certes différent de son rôle de « pimbêche, snob et inculte » du Gars de Québec, mais qui trouve incontestablement son équilibre dans les contrastes.

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