FNH N° 1096

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 16 FÉVRIER 2023

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pour prétendre les fixer ou les contrô- ler directement, mais en amont, au risque dans le cas contraire de provo- quer une pénurie, là où il voudrait au contraire venir en aide aux ménages. Intervenir en amont revient à agir sur le coût des intrants à travers une réduction des tarifs douaniers, des impôts et taxes, ou encore à travers des subventions. Sur un plan plus systémique, il se doit de lutter contre tout schéma d’entente ou de cartel, qui viserait à saboter le jeu de la libre concurrence. Mis à part cela, parler de prix licite ou illicite équivaut ni plus ni moins qu’à du populisme ou à du coaching politique pour rassurer les ménages, quelques semaines avant le mois sacré de Ramadan. Concernant les exportations de tomates qui seraient trop importantes, nous avons là affaire à ce qu’on pour- rait qualifier d’injonction paradoxale. Puisque depuis 2008, date officielle du lancement du Plan Maroc Vert, le crédo officiel des différents gouver- nements fut celui du développement des exportations agricoles et agroa- limentaires, en vue d’en faire l’un des fers de lance de nos exportations. Toute la modernisation du secteur agricole a été pensée et faite dans cette perspective. Investissements, business plan, logistique, marketing, certification..., tous ces facteurs ont été réfléchis et déployés dans la pers- pective d’une conquête de marchés à l’étranger (Europe, Afrique, Asie,...). Une dynamique fortement saluée à plusieurs reprises, et qui a permis aux différents gouvernements d’afficher, à travers de jolies diapositives, des chiffres très flatteurs en termes de bilan politique. Venir aujourd’hui qualifier cette même dynamique de problématique en l’éri- geant en bouc émissaire, relève de l’injonction paradoxale. Car, si en tant qu’investisseur je désire investir dans le secteur de la tomate avec pour perspective le mar- ché ouest-africain, face à la récente décision du gouvernement d’interdire l’exportation de tomates, d’oignons et de patates vers cette même Afrique de l’Ouest, il y a de quoi me découra- ger, voire m’inciter à investir plutôt en Espagne. Comme a dit Bossuet : «Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes».

Ainsi soit, le tout export est problé- matique, et dans ce cas, il nous faut impérativement faire une critique radi- cale du Plan Maroc Vert, à l’aune de la réalité actuelle. Soit on défend ce plan bec et ongles, mais l’on s’interdit toute ingérence politique dans les destinations commerciales choisies par les producteurs marocains. Car, c’est tout notre modèle écono- mique qui se doit d’être interrogé, et

ce jusqu’à ses fondements mêmes. Parce qu’il est, me semble-t-il, temps de comprendre que les devises ne poussent pas dans les champs, mais devraient être la conséquence d’inno- vations et d’idées qui germent dans l’esprit de nos inventeurs, entrepre- neurs, ingénieurs et chercheurs. Et aux dernières nouvelles, nous avons, nous dit-on, un nouveau modèle de développement qui

tarde cependant à quitter son statut scriptural. L’inflation actuelle, qui se doit d’être combattue intelligemment et en amont du process productif, est également une occasion en or de repenser les fondements de notre système écono- mique, et d’entreprendre les réformes dures mais nécessaires, qu’il serait plus difficile de mener en temps d’ac- calmie. ◆

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