FNH N° 1096

34

CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 16 FÉVRIER 2023

www.fnh.ma

◆ A l’occasion de l'exposition «Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de la Restitution à la Révélation» qui se tient jusqu’au 15 mai au musée Mohammed VI d’art moderne et contemporain de Rabat, nous avons rencontré le président de la Fondation nationale des musées, Mehdi Qotbi. «Il a fallu laisser du temps à l’art africain pour trouver son public» Mehdi Qotbi

Propos recueillis par R. K. H.

Finances News Hebdo : L'exposition «Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de la Restitution à la Révélation» s'est ouverte en février 2022 à Cotonou, au Bénin. Un événement culturel phare pour le pays, qui a mis en dialogue les 26 trésors royaux de retour sur leurs terres ancestrales et 106 œuvres contem- poraines. Que signifie pour un pays d’avoir été privé de sa mémoire pendant plusieurs années ? Mehdi Qotbi : Il convient d’abord de rappe- ler que la mémoire est une identité culturelle qui constitue le noyau central d’un pays. Elle regroupe son passé commun pour l’ai- der à mieux comprendre et à se positionner dans son avenir. Les manières de vivre, les croyances, les coutumes… font partie de cette mémoire dite collective, qui joue un rôle primordial pour qu'une société puisse se comprendre et se reconnaître et trans- mettre son héritage aux générations futures. Se priver de sa mémoire pendant plusieurs années est une situation déplorable, car elle est le témoin de l’histoire d’une nation. Cependant, ce sujet est aujourd’hui au cœur de l’actualité et semble être repensé dans plusieurs pays qui revendiquent la restitution de leurs mémoires. F.N.H. : Pendant que des biens culturels sont restitués, d’autres continuent à quitter les pays afri- cains de manière illicite ? Comment y remédier ? M. Q. : Face à l’intensification de ces menaces contre les biens culturels, la com- munauté internationale se mobilise, et l’on

Se priver de sa mémoire pendant plu- sieurs années est une situa- tion déplo- rable, car elle est le témoin de l’histoire d’une nation.

assiste, aujourd’hui, à une multiplication d’initiatives. En sa qualité de gardienne du patrimoine mondial, l’UNESCO, par exemple, a élaboré une convention en 1970 à propos des mesures à prendre pour inter- dire et éviter les usages illégitimes de tout transfert de biens culturels pour préserver ainsi le patrimoine mondial. Afin de remé- dier à ces actes illicites, je pense que les pays concernés doivent adopter des réso- lutions spécifiques en stipulant des textes de lois et des règlements qui interdisent ce trafic et prévoir aussi des sanctions pénales en la matière. F.N.H. : La question de la sécurité des œuvres dans les musées afri- cains représente un gros défi… M. Q. : Les œuvres appartenant aux col-

lections des musées sont des trésors pré- cieux et les vestiges de notre histoire et de notre identité. La sûreté des musées repose sur un plan de protection combinant des moyens aussi bien techniques qu’humains, adaptés au contexte de chaque établis- sement. Cela doit faire partie intégrante de l’organisation générale de tout espace muséal, afin de permettre la préservation et la transmission du patrimoine. Il me semble que les musées africains sont en pleine transformation structurelle et sont désor- mais conscients des différentes menaces qui peuvent mettre en péril leurs objets culturels. F.N.H. : Après le succès de l’expo- sition-évènement intitulée «Art du Bénin d’hier et d’aujourd’hui : de

Made with FlippingBook flipbook maker