Carillon_2018_06_07

DOSSIER

MAINTENANT DES DIPLÔMES COLLÉGIAUX EN PRODUCTION DE CANNABIS

EVELYNE BERGERON evelyne.bergeron@eap.on.ca

entreprises de production de cannabis à des fins médicales sont enmarche depuis plusieurs années déjà ? À cette question, la directrice des études au Cégep de l’Outaouais, Jacqueline La Casse, répond que c’est maintenant que le besoin en main-d’œuvre se fait sentir. « Quand on parlait seulement de cannabis médical, ils (les producteurs) prenaient principalement des diplômés universitaires », a-t-elle fait remarquer lors d’une entrevue téléphonique. Ceux- ci étaient appelés à effectuer plusieurs tâches, de la serre jusqu’au laboratoire. « Maintenant qu’ils vont produire en plus grande quantité, ils ont besoin de techniciens », a-t-elle fait valoir. C’est là que les institutions collégiales peuvent fournir un apport important à l’industrie. Selon Mme La Casse, 770 emplois dans le domaine du cannabis seront créés dans la grande région de l’Outaouais dans les prochaines années. Ceci est sans compter les emplois envisagés dans la région de Lachute avec les deux entreprises en démarrage, Aurora et Evexia. À Gatineau, l’entreprise Hydropothicaire se présente comme un joueur important de l’industrie et a de grandes visées d’expansion pour les prochaines années. Il y a également Artiva, une filiale de LiveWell

Foods qui a des projets à Ottawa ainsi qu’à Litchfield dans le Pontiac. « Le contexte de boomdans l’industrie fait en sorte que le besoin pour une formation se fait plus ressentir. On a vu une occasion à saisir avec un collaborateur régional très important », a témoigné Mme La Casse. Ce collaborateur c’est Hydropothicaire. « On s’est assis avec eux pour vraiment voir où sont leurs besoins », a-t-elle expliqué. Le domaine de la production du cannabis est soumis à plusieurs normes et mesures de contrôle. Les producteurs doivent être autorisés par Santé Canada. Ainsi, le Cégep de l’Outaouais s’est associé à l’entreprise gatinoise afin de pouvoir offrir aux étudiants la possibilité d’effectuer certains travaux de laboratoire directement sur les lieux de l’entreprise. Des stages pourront également y être réalisés. Sinon, Mme La Casse a expliqué que le plant de cannabis a de grandes similitudes avec d’autres variétés de plantes que le Cégep pourra cultiver. C’est avec celles- ci que les étudiants pourront faire l’apprentissage de techniques d’extraction d’huile, de mesure, etc. Comme pour tous les AEC, la formation offerte sera spécialisée. Dans ce cas-ci, la spécialisation sera orientée vers le contrôle de qualité et la transformation du cannabis. Toutefois, le Cégep de

l’Outaouais a d’autres projets. Il souhaite développer une formation technique menant à un diplôme d’études collégiales (DEC). « On veut que le technicien ne soit pas seulement un technicien de laboratoire. On veut qu’il ait une vision globale de toute l’industrie », a déclaré Mme La Casse. Ainsi, en plus des compétences de laboratoire, la formation couvrirait des aspects éthique, légal et de gestion. Les débouchés seraient donc plus nombreux que seulement les producteurs de cannabis. Les détenteurs du DEC pourraient s’orienter vers des emplois dans la sécurité publique, le service des douanes, les centres de recherche, les services gouvernementaux responsables de l’inspection, etc. Dans le regard du Cégep de l’Outaouais, l’avenir apparait prometteur dans le domaine du cannabis. L’institution estime qu’il est de la responsabilité publique d’éviter le développement de « pseudo formations » par des entreprises privées. « Nous souhaitons que ce soit reconnu comme un domaine nécessitant une attestation ou un diplôme d’études collégiales », a déclaré Jacqueline La Casse.

Avec la légalisation prochaine du cannabis à des fins récréatives, certaines institutions d’enseignement développent des programmes de formation pour satisfaire les besoins grandissants de main-d’œuvre dans le domaine. Depuis l’automne dernier, le Niagara College Canada offre un programme d’un an en Production commerciale de cannabis. Dans les Maritimes, le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick offre, quant à lui, une formation de douze semaines pour former les techniciens en culture de cannabis médical. Plus près de nous, le Cégep de l’Outaouais, situé à Gatineau, est en attente de l’autorisation duministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur (MEES) pour offrir une formation menant à une attestation d’études collégiales (AEC). Il s’agirait d’une formation de 18mois axée principalement sur le contrôle de qualité et la transformation du cannabis. Le Cégep espère obtenir l’accord du gouvernement rapidement et ainsi pouvoir lancer la première cohorte dès l’automne prochain. Pourquoi développer un programme de formation maintenant, alors que des

Made with FlippingBook - professional solution for displaying marketing and sales documents online