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ECONOMIE
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JEUDI 24 MARS 2022
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Discipline budgétaire
Un jeu d’équilibriste complexe pour le gouvernement
◆ Le déficit du compte courant devrait s’aggraver en 2021 sur fond de crise ukrainienne. ◆ La hausse des prix des matières premières pourrait coûter au Maroc entre 1% et 2% du revenu national cette année. ◆ Malgré une explosion de la charge de compensation, le déficit budgétaire devrait évoluer en ligne avec les prévisions de la Loi de Finances, selon la Banque centrale.
importations marocaines de pétrole, de gaz et de charbon équivalaient à 6,4%du PIB en 2019, soit environ le double des parts de l'Égypte et de l'Afrique du Sud. Plus encore, le Maroc est également
un gros importateur de céréales. Le coût des céréales importées en pourcentage du PIB était de 1,4% en 2019. Actuellement, en raison de la mauvaise récolte attendue en 2022, les importa- tions pourraient être 50% plus importantes, soit trois fois plus importantes que les importations de 2021. En somme, «cela signi-
Le Maroc est la grande économie
africaine la plus sus- ceptible de subir un choc négatif impor- tant à cause de la guerre en Ukraine.
fie que l'effet combiné de la hausse des prix du pétrole et des céréales, s'il se prolonge, pourrait coûter au Maroc entre 1% et 2% du revenu national cette année». Sous l’effet essentiellement de la flam- bée des cours des matières premières, Bank Al-Maghrib estime que «le défi- cit du compte courant se creuserait à 5,5% du PIB en 2022 (vs une prévision de 2,5% en décembre dernier : ndlr) après 2,6% en 2021, avant de revenir à 3,7% en 2023. Les importations pro- gresseraient en effet de 14,9% en 2022, en lien avec l’alourdissement de la fac- ture énergétique et l’augmentation des acquisitions des produits agricoles et alimentaires et des biens de consom- mation». Outre l'impact sur la balance extérieure du Maroc, la flambée des prix du pétrole et des denrées alimentaires s'ajoutera au déficit budgétaire déjà élevé, estimé à 6,5% du PIB cette année, pense le think tank. Toutefois, pour Bank Al-Maghrib, «en dépit de l’accroissement important
cette dotation est loin d'être suffisante pour amortir le choc de la hausse des prix. Sur le seul mois de février, la charge de compensation a augmenté de 80%. Pour rappel, le Budget 2022 a été pré- paré sur la base des hypothèses d'une récolte céréalière de 80 millions de quin- taux et d'un prixmoyen du gaz butane de 450 dollars/tonne. Aujourd'hui, la tonne du gaz butane s'échange à 856 dol- lars, renchérie par la guerre en Ukraine. D'ailleurs, le Maroc figure parmi les pays africains les plus exposés à la crise actuelle. Lui qui importe plus de 90% de son énergie et la moitié de ses besoins en céréales. «Le Maroc est la grande économie afri- caine la plus susceptible de subir un choc négatif important de la guerre en Ukraine» , a alerté Policy Center for the New South. Les raisons avancées : les
D écidément, le début d'année est sans répit pour le gou- vernement qui doit gérer plu- sieurs dossiers à haut risque. Avec des ressources finan- cières limitées et accusant un important déficit budgétaire, le Royaume doit faire face à la fois à la flambée des prix des matières premières et à la sècheresse. Un véritable casse-tête. L’État, qui place la préservation du pou- voir d'achat des citoyens à la tête des orientations de la Loi de Finances en 2022, a en effet consacré une enveloppe de 16 milliards de DH pour garantir la stabilité des prix des produits sub- ventionnés (gaz, sucre et farine de blé tendre) à travers la Caisse de compen- sation. Mais force est de constater que Par Y. Seddik
Pour BAM, le déficit du compte courant se creuserait à 5,5% du PIB en 2022 contre une prévision de 2,5% en décembre dernier.
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