Finances News Hebdo N° 1068

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BOURSE & FINANCES

JEUDI 9 JUIN 2022 FINANCES NEWS HEBDO

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Sur ce point des réserves, là aussi l’analogie est troublante avec 1929. Après la chute du marché boursier, plusieurs banques ont fait faillite. Les particuliers souhaitent retirer leurs liquidités (pour rembourser des emprunts avec effet de levier par exemple), mais les réserves des banques étaient placées sur ce même marché boursier en baisse : elles se sont volatilisées. Incapables de rembourser les dépôts, elles ont fait faillite, les unes après les autres. La crise de 1929 n’a pas marqué la fin des introductions en Bourse, ni des prêts avec effets de levier, ni du système bancaire à réserves fractionnaires. Toutes ces innova- tions ont continué à exister, et ont prospéré. Mais cette crise a ramené la régulation au cœur du débat. On en est sorti par le haut, car une régu- lation adaptée a traité chacun de ces points. Après la crise de 1929, fut créé la Securities and Exchange Commission (ou SEC), le gendarme de la Bourse. Désormais, tout maté- riel d’information et tout placement financier destiné au public doivent faire l’objet d’un accord pour vérifier sa conformité. Impossible dès lors de refaire des campagnes menson- gères incontrôlées. L’effet de levier autorisé pour les particuliers par les courtiers a fait l’objet d’une régula- tion adaptée. Aujourd’hui, il est limité à 2 pour les actions aux Etats-Unis, et à 2,55 en France. C’est-à-dire que pour acheter une action à 10$, vous êtes désormais obligé de payer 5$ aux US et 4$ en France. Enfin, le Glass Steagall Act a régulé les banques, en séparant notamment les banques de détail et les banques d’investissement, pour créer une barrière entre les dépôts des par- ticuliers et les marchés financiers. Cette régulation a disparu depuis, car elle ne correspond plus aux mar- chés bancaires d’aujourd’hui où les deux volets sont inextricablement interconnectés. Mais il en reste tou- tefois l’attention particulière portée à la gestion des réserves. J’ai la conviction que pour que les cryptomonnaies et les innovations qu’elles portent puissent se déve- lopper et apporter du bienfait à l’en- semble de la société, il est néces- saire d’avoir une réglementation adaptée. La Banque centrale euro-

péenne a soulevé dans son dernier rapport sur la stabilité financière, les risques croissants des cryptoactifs. Ces risques ne sont pas encore devenus systémiques, mais sont en voie de l’être, car désormais ces actifs digitaux intéressent les inves- tisseurs institutionnels. Un exemple de cela : les fonds d’investissement allemands sont désormais autorisés à y allouer jusqu’à 20% de leur por-

tefeuille, et plusieurs fonds améri- cains le font déjà. La BCE annonce que la volumétrie des échanges sur les cryptoactifs a dépassé par moment celle du New York Stock Exchange, ou du marché des obliga- tions souveraines de la zone Euro ! A l’heure où 10% des adultes en Europe et aux Etats-Unis ont déte- nu des cryptoactifs, il est temps de réguler ce marché, non pour le

vider de son essence (celui d’une finance souple et décentralisée créa- trice d’innovation), mais au contraire, pour lui garantir sa survie à long terme. Sinon, de futurs scandales auront raison de lui. ◆ (*) : Omar Fassal travaille à la stratégie d’une banque de la place. Il est l'auteur de trois ouvrages en finance et profes- seur en Ecole de commerce. Retrouvez le sur www.fassal.net.

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