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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 JUILLET 2020

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Exportations marocaines

◆ Les exportateurs affichent un pessimisme patent quant à la dynamique des ventes à l’étranger qui devraient reculer de 10,9% en 2020 contre une hausse de 5,8% enregistrée en 2019. Les professionnels retiennent leur souffle R ares ont été les secteurs nationaux qui n’ont pas subi de plein fouet les multiples consé- quences de la crise liée Par M. Diao

Le gou- vernement table sur un recul de la

demande mondiale

adressée au Maroc (hors produits de phosphates et dérivés) de 20% en 2020.

au coronavirus. Les données dis- ponibles montrent que les expor- tations marocaines ont fait les frais de la pandémie, qui a littéralement mis à genoux l’économie de bon nombre de pays développés et émergents. Rappelons que l’enquête qualita- tive auprès des entreprises, réa- lisée par le haut-commissariat au plan (HCP) dans le cadre des tra- vaux de suivi des effets socioéco- nomiques de la pandémie Covid- 19, met en évidence, entre autres, le fait que près de 67% des entre- prises exportatrices ont été impac- tés par la crise sanitaire. Autres données édifiantes : une entreprise exportatrice sur cinq a arrêté défi- nitivement son activité et 5 sur 9 ont procédé à un arrêt temporaire. Au pic de la crise, plus de 133.000 emplois ont été réduits dans le sec- teur des exportations nationales. Toujours selon les experts du HCP (Budget économique exploratoire 2021), en tenant compte de la contreperformance des échanges de services, notamment ceux du voyage et du transport en raison des restrictions mises en place et du recul du transit lié aux échanges de marchandises, le volume des exportations de biens et de ser- vices en 2020 devraient enregistrer un repli de 10,9% par rapport à une hausse de 5,8% enregistrée 2019. Interrogé sur les perspectives des exportations nationales forte- ment chahutées en 2020, Hassan Sentissi, président de l’Associa- tion marocaine des exportateurs (Asmex), est beaucoup plus pessi- miste que le HCP.

Une crainte à peine voilée «Cela aurait été une bonne chose si le recul du volume des expor- tations de biens et de services en 2020 se limitait à 10,9%. Mais je crains que la baisse soit beaucoup importante que les prévisions», révèle l’homme d’affaires, qui sou- ligne dans le même temps une reprise lente et laborieuse pour la plupart des activités exportatrices, hormis le secteur automobile. En mai 2020, l’industrie automobile, principale locomotive des expor- tations nationales, a accusé une chute brutale de ses ventes à l’étranger de l’ordre de 89%. Il en est de même pour l'industrie aéronautique, qui a enregistré un recul de ses ventes à l’étranger de l’ordre de 76%. A en croire Sentissi, les expor- tations nationales continueraient de pâtir de la faiblesse de la demande. Pour rappel, le gouver- nement table sur une contraction de la demande mondiale adres- sée au Maroc (hors produits de phosphates et dérivés) de l’ordre de 20%, et ce dans un contexte marqué par de fortes incertitudes sur l’évolution de la croissance

économique et du commerce au niveau mondial. Cette situation risque d’avoir des conséquences sur la dynamique de croissance économique pour l’année en cours. D’ailleurs, les experts du HCP prévoient que la demande extérieure nette devrait dégager une contribution néga- tive de -1,4 point à la croissance du PIB en 2020 au lieu d’une contribution positive de 0,6 point en 2019. L’autre conséquence du repli des ventes à l’étranger est que le déficit du compte cou- rant de la balance des paiements devrait également culminer à 6,9% du PIB en 2020. Ce qui constitue une détérioration de 2,3 points de pourcentage par rapport au niveau enregistré en 2019. Une déception perceptible Interpellé sur l’absence de mesures fiscales dans la Loi de Finances rectificative 2020, notamment en faveur de la promo- tion des exportations nationales, Hassan Sentissi ne cache pas sa déception. «En dépit des multiples efforts déployés, l’Asmex n’a pas été acceptée au sein du Comité

de veille économique (CVE)» , s’of- fusque-t-il, tout en déplorant le manque de considération jusque- là affiché au niveau étatique pour l’export. Ainsi, du côté de l’Asmex, l’on reste convaincu que l’accrois- sement de la résilience des expor- tations ainsi que l’augmentation de celles-ci passent par une meil- leure promotion des produits du Royaume. L’enjeu est de taille, d’autant plus que le Maroc ne pèse que 0,14% des exportations mondiales. En définitive, l’essor des ventes à l’étranger du Maroc est également tributaire de la diversification des débouchés des exportations largement limitées à l’Europe qui en captent près de 70%. ◆ Selon Sentissi, cela aurait été une bonne chose si le recul du volume des expor- tations de biens et de ser- vices en 2020 se limitait à 10,9%.

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