FNH 992

55

POLITIQUE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 30 JUILLET 2020

www.fnh.ma

actuelles ne paraissent être les plus opératoires. La fonction tradition- nelle des partis est d'encadrer les citoyens, de prendre en compte la multiplicité de leurs demandes, de leurs attentes et de leurs aspi- rations; puis, de les agréger et de les structurer pour en faire des pro- positions de politiques publiques pouvant peser sur l'action gouver- nementale. De deux façons : soit au sein d'une majorité, soit comme opposition pour en faire un domaine d'interpellation, voire de censure. Un tel schéma est, disons, «institu- tionnel», décliné autour du suffrage, de résultats, d'alliances majoritaires de soutien à un gouvernement. Mais si ce modèle est toujours valable, il fonctionne à côté - voire même en face ou contre ? - d'un univers digital qui, lui, est régi par d'autres règles. Qu'y trouve-t-on ? Un cadre d'expression d'internautes à travers les réseaux sociaux - on en compte quelque 18 millions... Avec quel contenu ? De tout et n'importe quoi, sans doute, mais aussi un nouveau statut d'un citoyen digital, géné- ralement anonyme, qui s'exprime, dénonce, s'insurge quand il ne cède pas à l'émotionnel. Le subjectivisme supplante le choix censé être rai- sonné et délibéré, comme l'est en principe le bulletin de vote dans l'urne. Les partis sont pratiquement déca- lés par rapport à cette nouvelle forme de communication; ils sont souvent à la remorque des réac- tions du monde numérique, peu réactifs donc et partant considérés comme défaillants dans la représen- tation des droits et des intérêts des citoyens. Combien d'affaires ont été médiatisées dans les réseaux sociaux et réglées d'une manière ou d'une autre par les partis politiques formant la majorité ! C'est dire que les partis doivent s'adapter à ces changements. Comment ? En utili- sant eux aussi tous les moyens du numérique, en activant et en actua- lisant le flux de leurs sites élec- troniques, enfin en élargissant leur base électorale. Mais il y a plus encore dans la perspective d'une réforme du champ politique. L'ossature devrait être la qualité,

la représentativité et la dimension du système partisan. Une restruc- turation s'impose à l'évidence à cet égard. De temps à autre, le discours officiel y fait référence - de moins en moins d'ailleurs... L'on compte aujourd'hui 34 partis, alors que l'on n’en dénombrait qu'une vingtaine voici deux décennies.

Pourquoi un tel processus de bal- kanisation ? N'est-il pas voulu parce qu'une thèse sujette à caution pré- gnante ici et là, considère que le renforcement de la monarchie doit s'accompagner de l'affaiblissement des partis, a fortiori de ceux héri- tiers du mouvement national. La revitalisation des partis peut être

activée par des mesures techniques comme le scrutin majoritaire à deux tours qui pousse à des alliances et, à terme, à des pôles. Le relèvement du seuil de représentation est éga- lement une piste à étudier. Mais il reste pour tout cela un prérequis : celui d'une volonté politique réfor- matrice. Et structurante. ◆

Made with FlippingBook flipbook maker