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JEUDI 30 JUILLET 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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sur scène. Je me rappelle de son premier enregistrement… du groupe Mafia-c ». Elle avait à peine onze ans, l’âge où le futur n’a pas de terme et où la volonté n’est pas inhibée. « On s’est toutes et tous vu naître. Sauf que moi, à ce moment-là, il n’y avait pas d’acting ». Bac en poche, elle part à l’étran- ger pour intégrer Pierre Mendès France Grenoble 2. « Là, j’ai opté pour des études qui m’ont fait bâiller d’ennui ». Cancre surdouée, elle réalise tôt son incompatibilité d’humeur avec la psychologie et l’économie. « Or, entre-temps, il y avait du théâtre ». Exilée loin de ses amarres, Fatima Ezzahra El Jaouhari découvre, par inad- vertance, qu’elle a la bosse du « jeu ». « Sincèrement, je suis deve- nue artiste, car on a trouvé que je jouais super bien ! Et peut-être même, parce que je suis différente dans ma façon d’interpréter ». Dès lors, elle se met à cultiver sa voca- tion naissante, puis décide de l’af- finer sous plusieurs cieux. Autant émotionnel que sensuel Un metteur en scène sur deux jette son dévolu sur miss Faty. Mais d’être ainsi convoitée incommode sensiblement Fatima Ezzahra El Jaouhari, non fière de son image de pousse-au-jouir. En fait, l’ac- trice, sur l’anatomie de laquelle certains s’étendent complaisam- ment, est une incorrigible roman- tique. Tout en étant consciente du magnétisme de ses avantages naturels, elle n’est pas encline à en jouer, sauf si elle est dirigée par Hicham Lasri. « Car je crois qu’il est l’une des rares personnes qui va pousser ma folie à bout. Et je trouve que c’est quelqu’un qui arrive à maîtriser avec son regard - de caméra -, l’absurdité et la maladie de cette société ». Le véritable profil de bourgeoise rangée et d’apparence superfi- cielle qui a fait des études, mais n’a jamais travaillé de sa vie, Fatima Ezzahra El Jaouhari va le trouver dans « Hyati » de Yassine Fennane. Anouar Moatassim avait tout aussi mis la belle à l’épreuve dans « 1001 nuits ». Tout au long de cette série

Fatima Ezzahra El Jaouhari

L’enchanteresse ◆ Sa popularité, sans cesse croissante depuis ses débuts, est inversement proportionnelle à sa cote chez certains, qui n’y voient qu’un cliché incarné. Considérable méprise, portant tort, injustement, à une actrice généreuse sous tous les rapports. Rencontre sans fard.

lui dire, et par où commencer ? J’avais perdu ma belle conte- nance. On n’interviewe pas son fantasme… La trentaine pimpante, Fatima Ezzahra El Jaouhari avait été tôt pris de fièvre artistique. « On ne devient pas artiste, Reda, on nait artiste ! Très jeune, quand j’étais encore au lycée, j’ai produit de la musique sans le vouloir. J’ai milité pour le rap. D’ailleurs, tous mes amis sont des rappeurs et des rockeurs. Je ne chantais pas, mais je m’évertuais plutôt dans la prod : toquer chez les gens, réveiller ‘flann’ (untel), l’emmener au studio pour qu’il enregistre, prendre la bonde, la mettre sur CD, et enfin marketer pour qu’on le booke dans des kermesses,

parce qu’à l’époque il n’y avait pas de concert. Ceci dit, on ne se voyait pas des artistes, mais plutôt ‘potes’. Mon kiff, c’était de les voir sur scène… Il faut dire que je viens vraiment de la musique. Mais je n’ai jamais vu ça en tant que bou- lot, en tant que vocation… au fait, non ! On était juste une bande de jeunes qui créait des choses nou- velles, des plateformes nouvelles qu’on a sobrement intitulées, par la suite, ‘Nayda music’ et ‘Hayha music’. C’était-là, la nouvelle scène de la musique marocaine (sourire) ». Sollicitée de citer quelques noms : « Il y avait Apoka, Double A, Aminoffice…une panoplie de gens. Je me rappelle de la pre- mière fois où Don Bigg est monté

Par R. K. Houdaïfa (stagiaire)

A près l’avoir admirée sur les écrans de cinéma et sur le papier glacé des magazines, j’allais la voir en chair, ser- rer ses menues menottes, plon- ger mes yeux dans les siens, lui faire la causette, sentir son par- fum, capter ses émotions. Autant de perspectives enchanteresses qui surchauffèrent mon imagina- tion. Chez J. B., Fatima Ezzahra El Jaouhari était-là, resplendis- sante, radieuse, belle à damner un saint. Elle me regarda droit dans les yeux, ceux-ci se dérobèrent; elle me parla, j’étais incapable de bredouiller un mot. Que vais-je

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