FNH N°1008

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POLITIQUE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 28 JANVIER 2021

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bien céder le leadership à Pékin. La recherche et la création de nouveaux marchés ? C’est déjà fait. Et avec plus d’1 milliard et demi de citoyens, les Chinois peuvent revenir derrière leur grande muraille et oublier le monde et ses tracas. Mais ils ont planté de solides intérêts en Afrique. Ils ont compris que l’avenir se jouera dans ce continent. Ils multiplient les par- tenariats. Ils développent des projets communs avec des pays en phase de construction. Ils prennent une place délaissée, pour un temps, par les vieilles puissances coloniales, puis refusée par certains gouverne- ments locaux, justement à cause de ce rapport de colonisateur-colonisé. La Chine se glisse dans toutes les brèches. Là où il y a un marché à prendre, elle y va et met le prix. Avec une double main-d’œuvre bon marché (les Africains et les Chinois contractuels sur place), le travail est fait, à frais réduits, à grande vitesse, sans atavismes coloniaux éculés. Il est évident aujourd’hui que dans le monde qui se dessine, c’est l’Afrique

qui sera la plaque tournante. Ceci, le Maroc l’a bien compris, au moins depuis deux décen- nies. De nombreuses visites royales dans plusieurs pays de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est, d’excellentes relations politiques et économiques avec la majorité des pays, des liens historiques

Il est évident aujourd’hui que dans le monde qui se dessine, c’est l’Afrique qui sera la plaque tournante.

solides, nourris par ce passé com- mun de colonisé, mais qui a décidé de prendre son destin et son ave- nir en main, un engagement mutuel pour s’entraider, un désir réel de se construire tous ensemble et surtout la volonté claire de rejeter toute tutelle de cette vieille Europe. C’est le pari réussi par le Maroc, avec la vision du Roi Mohammed VI, qui a bien vu que l’avenir du monde se jouera de manière régionale et que ce nouvel ordre mondial ne peut se bâtir que par d’efficientes relations Sud-Sud. L’équation est claire. Un chapitre du nouveau monde se tourne. Un nou- veau chapitre est en train de s’écrire, mais dans un monde nouveau, avec de nouveaux intérêts et de nouveaux rapports de force. Dans ce nou- veau monde, se dégage déjà une constante: c’est la banlieue du globe qui dicte déjà l’avenir. ◆

idée de course à la suprématie. Perte d’argent. Perte d’énergie. Perte de vision à long terme. Vladimir Poutine et son dauphin Vladimir Medvedev sont des gens du terroir. Le reste du monde ne les regarde pas du tout ou alors pour enquiquiner les autres. De Kaliningrad à Vladivostok, c’est un territoire immense, avec des mil- lions de kilomètres carrés, à gérer. Quel intérêt a Moscou d’aller s’occu- per des problèmes régionaux des Africains, à titre d’exemple ? Aucun. L’Union européenne, quant à elle, est un géant malade, très malade. Il agonise même. Le Brexit devait être lu comme une sortie d’un conglomé- rat qui ne marche plus. L’arrivée au pouvoir d’un homme du bas comme Boris Johnson explique ce retour à une vision insulaire de l’avenir. Car l’Europe est aujourd’hui un club vieil-

lot, qui a fait son temps et qui a atteint ses limites. L’Europe en tant que pôle de puissance, c’est périmé. Elle ne fait plus le poids. D’où la montée en puissance, un peu partout dans cette vieille Europe, de mouvements locaux et régionaux d’extrême droite. Autrement dit, on s’occupe de nos poules et de nos porcs. Quant aux brebis perdues sur d’autres territoires géographiques, ça ne fait plus par- tie de nos pensées. Reste la Chine, qui est la seule puissance donnant encore des signes d’hégémonie. Mais dans quel but ? La croissance écono- mique ? Elle l’a et elle est sans concur- rent. Surtout que les Américains ont décidé de nettoyer devant leur porte et n’ont plus aucun intérêt dans ce type de bras de fer politico-écono- mique avec aucune autre puissance réelle ou fictive. Washington veut

L’ère des faux missionnaires qui veulent rendre ce monde soi- disant meil- leur est révo- lue. Personne n’y croit plus.

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