FNH N°1008

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CULTURE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 28 JANVIER 2021

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Musique

◆ Quarante ans après sa naissance aux Etats-Unis, trente ans après son épanouissement en France, le hip-hop, dans sa composante rap, s’est imposé au Maroc et n’a pas manqué de motifs d’enthousiasme. Petite histoire du rap made in Morocco

Par R. K. Houdaïfa

“L e rap, c’était mieux avant ». Nous enten- dons ou lisons ceci quasiment tous les jours. Avant quoi ? Ce à quoi certains esthètes rétorquent : « c’était mieux avant le rap commercial, avant le vocodeur et l’autotune qui défor- ment les voix; c’était mieux avant, quand les rappeurs étaient de vrais mecs de la rue, quand les discours étaient engagés, quand le rap servait à cela justement, à embrasser une cause, la revendiquer, en faire sa promotion, dans une perspective

autant rassembleuse que pédago- gique. Quand c’était une culture à part entière, issue d’un milieu particulier, destinée à un public en particulier, pour qui le rap est un instrument de lutte ».

Khtek, Figoshin : étoiles montantes du rap marocain. On y croit !

C'était mieux avant le rap commer- cial, avant le vocodeur et l’autotune qui déforment les voix.

Mais revenons aux origines. Au début des années 1980, les teenagers, comme on disait au temps des yé-yé, découvrent, émerveillés, le smurf et le break, et s’y exercent avec la ferveur des novices. Esplanades, allées des jardins publics, passages des immeubles et souterrains sont envahis par des breakers au mépris des forces de l’ordre qui veillent à les en chasser. Les jeunes se convertirent, par milliers, à ces danses de la rue. Mais il faudra attendre les années 1990 pour que la sauce hip-hop prenne réellement. Ce sera Youss, Abdelghani et Naïm, rappeurs en diable, qui vont s’illustrer en premier. Ensuite, viennent Aminoffice ainsi qu’Ahmed, les «Double A», et le pre- mier album de hip-hop marocain paraît. Cet événement marque un moment cru- cial de l’épopée du hip-hop. Jusque- là, ses amateurs officiaient en catimini. Grâce au duo, ils vont sortir de l’ombre. Avec le Boulevard des jeunes musiciens, en 1999, le hip-hop connaît son essor.

Le festival s’est vu investir par les hip- hopeurs résolus à se faire une place au soleil de la musique. Reste que tous les rappeurs «révélés» n’étaient pas logés à la même enseigne. Pendant que certains continuaient de manger de la vache enragée sur le bitume de leur quartier, d’autres com- mençaient à voir la vie en rose. Ceux-là

se comptaient sur les doigts d’une seule main : H-Kayne, Fnaïre, Casa-Crew et Bigg. Normal, ils se détachèrent du lot. Ils devinrent les icônes d’une jeunesse qui se retrouve dans leurs messages désespérés.

Une fois la brèche ouverte C’est un véritable raz-de-marée qui va

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