FNH N° 1049

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ECONOMIE

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 6 JANVIER 2022

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F.N.H. : Quels sont les types d’éva- luation des technologies de santé qui existent actuellement ? A. B. : Il existe différents types d’évaluations. • Primo, les analyses minimisation des coûts. Ces analyses sont réalisées dans le cas de l’évaluation comparative de 2 traitements qui sont supposés avoir des efficacités identiques et des effets indésirables comparables. On va alors comparer uniquement les coûts : l’objec- tif ici, étant de minimiser les coûts.

• Secundo, l’analyse coût-efficacité. Dans cette analyse, on compare les coûts médicaux et non médicaux générés avec l’efficacité des traitements dont les effets sont différents en termes d’efficacité sur la morbidité ou sur la mortalité (taux de guérison, nombre d’années de vie gagnées, nombre d’événements corona-

L’accès économique aux soins est tributaire de la qualité de la couverture sanitaire de la population, mais aussi des coûts des traitements.

riens évités, nombre d’infections VIH évitées, nombre de nouveaux cas de tuberculose correctement diagnostiqués…), mais dont les effets peuvent être mesurés par un critère identique. Le critère de jugement sera alors le rapport entre la différence de coûts entre les multiples stratégies thérapeutiques et la diffé- rence d’efficacité moyenne des 2 stratégies. C’est ce qu’on appelle le rapport coût-effica- cité incrémental (ICER ou Incremental Cost- Effectiveness Ratio). Il est évident que c’est la stratégie la plus efficace et la moins coûteuse qui sera choisie. Celle qui est la moins efficace et la plus coûteuse sera, bien entendu, rejetée. Par contre, les 2 stratégies restantes (la moins chère et la moins efficace et la plus chère et la plus efficace) (voir tableau) vont constituer des dilemmes. Il s’agit donc d’identifier l’intervention qui présente le coût le plus faible pour une unité d’efficacité supplémentaire. • Tertio, les analyses coût-utilité (ACU). Dans ce type d’analyses, il s’agit d’évaluer l’utilité du traitement en termes d’années supplémen- taires ajustées sur la qualité de vie (Quality Adjusted Life Years ou QALYs) et de les com- parer pour 2 ou plusieurs traitements, stra- tégies ou programmes. Les QALYs tiennent compte simultanément de l’impact d’un pro- gramme sur la durée de vie et sur la qualité de vie. Le QALY est le produit arithmétique de l’espérance de vie combiné à une mesure de la qualité des années de vie restantes. On pondère les années de vie gagnées par un facteur de qualité de vie liée à la santé avec un score compris entre 0 (la mort) et 1 (le meilleur état de santé possible). L’avantage de ce type d’études est d’intégrer à la fois la quantité de vie et sa qualité liée à la santé (mesure composite du bien-être physique,

la recherche. Toutefois, sur le terrain et sur le plan pratique, l’élaboration et l’utilisation des études pharmacologiques par les autorités en santé, à ce jour, restent marginales et il n’existe pas une agence gouvernementale dédiée à l’évaluation pharmaco-économique et d’évaluation des technologies de santé. L’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) vient de restructurer sa Commission d’évaluation économique et financière des produits de santé, pour intégrer des profils ayant une formation pharmaco-économique et pharmaco-épidémiologique afin d’évaluer les produits de santé à admettre au rembour- sement au titre de l’AMO. Certes, cette initiative va accompagner le chantier de l’extension de l’assurance maladie en cours, avec l’intégration de 22 millions de citoyens supplémentaires. Toutefois, il est capital de renforcer le rôle de cette commis- sion et de l’étendre même pour l’évaluation des produits de santé, dans la fixation des prix, le système de tarification des actes médi- caux et pour l’adoption de la tarification natio- nale de référence. Ce renforcement se traduira certainement par la mise en place d’agences gouvernementales dédiées à ces nouvelles technologies de santé et qui sont largement utilisées dans d’autres pays. Si l’économie de la santé analyse les coûts et les bénéfices directs et indirects liés à des programmes ou à des stratégies thérapeu- tiques en santé, la pharmaco-économie, elle, s’intéresse à l’évaluation des médicaments, des autres produits de santé et des pharma- cothérapies. L’augmentation des coûts de la santé face à des ressources financières

limitées rend impérative l’analyse des coûts et des conséquences des différentes straté- gies et technologies thérapeutiques (médica- ments, DM, actes médicaux et chirurgicaux, organisation des soins), en termes de santé. Il s’agit alors d’évaluer les coûts de leur mise en œuvre d’une part, et leurs apports en termes de santé publique. Ceci permet de confron- ter les coûts investis (investissements théra- peutiques) avec les effets et résultats obte- nus. Ce processus décisionnel n’est jamais facile à réaliser, car pour l’éclairer, d’autres notions entrent en ligne de compte, telles que l’éthique, la sociologie et les données de santé publique. Les coûts des maladies ou des indications nouvelles des technologies de santé nécessitent une évaluation de leurs coûts directs, indirects ou intangibles. Les coûts directs incluent les coûts médicaux (médicaments, transfusions, hospitalisations, consultations, examens, explorations, image- rie, actes chirurgicaux etc.). Les coûts directs non médicaux sont constitués par le transport, l’aide à domicile ou les frais d’aménage- ment des habitations. Les coûts indirects sont représentés par les pertes de productivité liées à l’arrêt du travail, les coûts de substi- tution tels que l’embauche du personnel du gardiennage et d’entretien par exemple. Cette perte de productivité peut concerner non seu- lement le patient, mais aussi son entourage. Enfin, les coûts intangibles sont représentés par la perte du bien-être du patient. Il s’agit du préjudice psychologique ou de l’altéra- tion de la qualité de vie du patient et de son entourage. Ces coûts intangibles sont les plus difficiles à évaluer vu leur caractère qualitatif.

Il n’existe pas une agence gouverne-

mentale dédiée à

l’évaluation pharmaco- économique et l’évaluation des technolo- gies de santé.

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