Hors Série 41

R égions du S ud

Musique

La culture des provinces du Sud se distingue par de nombreuses coutumes, traditions et festivités. La musique a également son importance : hâtons-nous de connaître les Rways, poètes errants; l’univers de la guedra. Le Sud en rythme

P ar Rways, on entend des poètes chanteurs itinérants originaires du Souss. Ils sont aussi chorégraphes. Leur poésie, compo- sée de distiques (groupes de deux vers formant un sens complet) exalte la beauté de la nature et la grâce féminine, loue Allah et son Prophète, chante l’amour et épingle les plaies de la société. Le Rays ( «chef», «maître» ) s’accom- pagne au «rbab», instrument à une ou plusieurs cordes frottées par un archet monocorde. Il n’en a pas le monopole, puisqu’un autre joueur de «rbab» figure souvent dans une formation. Laquelle est formée aussi de deux joueurs de «loutar» (ins- trument à plectre comportant 3 à 4 cordes), d’un percussionniste tenant le «naqous» (tube en fer qu’on per- cute par deux baguettes de fer) et de quatre danseurs munis chacun de trois nwiqsat (cymbalettes en cuivre), deux dans la main gauche, un dans la main droite. Le spectacle des Rways se décom- pose en trois parties. Lors de la première, baptisée «astara» (pro- menade), le Rays fait accorder les instruments tout en jouant. Ensuite, il chante en jouant de son «rbab» . Chaque phrase est reprise par le chœur, dont les joueurs de «loutar» . A la fin interviennent le «naqous» , les «nwiqsat» et la danse. Le chant alors se tait. La danse prend le des- sus. Elle est exécutée en plusieurs figures, en cercle, en vis-à-vis, en tiroirs, en génuflexions, en flexions en arrière et en jetés de la jambe, et à l’aide de coups de talon ( «herd» ) et de battements de pieds ( «tamer- riqtoudar» ).

Une femme dansant la Guedra; une troupe de poètes errants, les rways.

Dansons la guedra ! Née entre les étendues désertiques et l’ondoiement poétique des dunes de sable, la guedra constitue un moyen d’expression très répandu dans les provinces sahariennes, d’une part, et fait partie intégrante de leur culture, de l’autre. Elle est le joyau de l’identité culturelle hassa- nie. Celle-ci a traversé des périples sans jamais vendre son âme, a subi des influences dont elle a su extraire la quintessence sans mettre en péril ses valeurs fondatrices. D’où la per- manence de ses traits distinctifs. La guedra, c’est d’abord un chant. Une mélodie pure, vite recouverte par les sonorités brèves des rythmes accélérés, obsédants, voire fréné- tiques. Puis vient une femme vêtue d’un Khnout (sorte de cotonnade bleue). La danseuse se tient debout. Ses mains verdâtres aux doigts vire- voltants enduits de henné dessinent des motifs dans l’air ou bougent comme des ailes d’oiseau. Des cla-

quements de mains s’y glissent pour donner la cadence. Lorsque le rythme atteint son paroxysme, la femme en question entre en transe, se met à genoux et fait rebondir ses mains, puis tombe d’épuisement, affaiblie par la surpre- nante offrande de son corps. A côté, se tient un homme qui fait remonter les ailes bleues de son ample Darâa. Une expression du métissage arabo- africain. En effet, danseuses et danseurs expriment leurs émotions de joie et de chagrin par une gestuelle rythmée et sensuelle des mains et des doigts. La danse sur la musique hassanie s’effectue sur fond de sons ryth- miques de tambours, certains à la forme d’un récipient fermé à son embout par un morceau de peau de chameau finement étendu. Et, la vir- tuosité des femmes sahraouies dans cette expression artistique apparaît dès qu’elles se mettent au tambour. Dansons la guedra ! u

70 FINANCES NEWS HEBDO [ HORS-SÉRIE N°41 ]

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