Finances News Heebdo N° 1057

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BOURSE & FINANCES

FINANCES NEWS HEBDO

JEUDI 10 MARS 2022

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dans l’affaire, ce qui explique la confusion des patrimoines. Cet état de fait a été parfois entretenu par les banques dont les prêts sont conditionnés par la présentation de garanties personnelles. De plus, l’effet de levier résultant des crédits à court terme et le recours récurrent au crédit interen- treprises n’incitent pas au renforcement des fonds propres. Il y a ensuite une pro- fonde méconnaissance des mécanismes

de la cotation et de ses apports. On retrouve également la crainte liée à l’obligation de partager sur la place publique la stratégie de l’entreprise et de compromettre la discrétion qui est une caractéristique de l’entreprise fami- liale. Enfin, on retrouve le souci des dirigeants de ne pas devoir partager le pouvoir avec un tiers et diluer les actionnaires familiaux en ouvrant leur

A côté des facteurs techniques, il y a aussi des fac- teurs culturels qui expliquent le com- portement rétif des entreprises à l’égard de la Bourse.

capital. Or, l’introduction en Bourse peut répondre à cette attente, puisqu’elle doit permettre à une entreprise de lever des fonds, tant au moment de l’introduction que dans les années suivantes, afin d’accompa- gner son développement sans pour autant en bouleverser l’organisation managériale et le pouvoir en son sein; l’ouverture du capital à la Bourse n’excédant que rarement le seuil de 25%. F.N.H. : Les réformes engagées ces dernières années par l'AMMC sont- elles suffisantes pour faciliter l'ac- cès des PME au marché boursier ? R. B. : En l’état actuel des choses, la place de Casablanca dispose d’un dispositif légis- latif et réglementaire évolutif et d’une infras- tructure technique performante qui n’ont rien à envier aux Bourses des Valeurs de niveau comparable, ce cadre permettant d’assurer la sécurité de l’épargne investie en valeurs mobilières. Les investisseurs tant particu- liers qu’institutionnels ont démontré de leur côté leur intérêt et leur engouement pour la Bourse à l’occasion des IPO réalisées au cours de ces dernières années. Nous avons également pu remarquer au cours de la période récente une forte mobilisation et implication des autorités de marché et de l’ensemble des parties prenantes ou consti- tuantes (AMMC, Bourse de Casablanca, APSB, Maroclear, CGEM, CRI, Ordre des experts-comptables…) pour promouvoir la Bourse sur le terrain auprès des entre- prises, sans compter le travail important et permanent mené en matière de vulgarisa- tion et de promotion d’une culture financière et boursière (Guides didactiques édités par l’AMMC et la Bourse de Casablanca, école de la Bourse, programme Elite…); toutes ces

Bourse de Casablanca, qui marque une avancée majeure dans la modernisation du paysage boursier marocain. Concernant les PME, un marché alternatif leur a été dédié avec plus de flexibilité en termes de critères d’admission, d’informa- tions à diffuser aux investisseurs et de dis- positif de gouvernance à adopter; un mini- mum de règles devant toutefois être respec- tées pour créer la confiance avec les inves- tisseurs et préserver l’intégrité du marché. Dans ce cadre, est considérée comme PME toute entreprise avec un chiffre d’affaires inférieur à 500 MDH, ou dont le total bilan est inférieur à 200 MDH ou qui compte un effectif de moins de 300 salariés. De concert avec la Bourse de Casablanca, Maroclear et l’APSB, l’AMMC a promu l’offre suivante dédiée aux PME avec les incitations sui- vantes en leur faveur: réduction de moitié du coût d’accès au marché, optimisation des procédures d’accès au marché avec notam- ment un guichet unique auprès de l’AMMC pour la centralisation et la coordination des démarches à effectuer, dispositif de forma- tion et d’accompagnement. Il convient de noter la possibilité pour les PME de recourir au marché à partir de 5 MDH pour les titres de capital et de 10 MDH pour les titres de dette. Ces dernières sont aussi dispensées de produire par exemple les informations sectorielles et environnementales requises dans les prospectus, de publier des indica- teurs trimestriels financiers et d’activité et les informations liées aspects aux dimen- sions environnementales et sociales. Enfin,

la deadline de publication des comptes annuels est prorogée d’un mois. Si les pouvoirs publics et l’ensemble des parties prenantes se sont fortement enga- gés et mobilisés dans un processus de réforme des marchés financiers, leurs efforts n’ont malheureusement pas dégagé l’impact souhaité auprès des entreprises. A titre d’exemple, 45 sociétés ont été intro- duites en Bourse entre les années 2000 et 2018, parmi lesquelles 8 seulement ont inté- gré le troisième compartiment de la Bourse réservé aux PME. La dernière décennie, quant à elle, a connu une moyenne d’une IPO par an ! F.N.H. : Comment expliquer cette désaffection des chefs d’entreprise qui sont très peu nombreux à fran- chir le pas de la Bourse ? R. B. : Tout d’abord, n’entre pas en Bourse qui veut ! Pour être éligible, la société doit s’inscrire dans un cercle vertueux de crois- sance et de rentabilité. Elle doit passer avec succès un examen économico-juridico- financier et doit se conformer ensuite à cer- taines règles de transparence notamment. A côté des facteurs techniques évoqués plus haut, il y a aussi des facteurs culturels qui expliquent le comportement rétif des entreprises à l’égard de la Bourse. Il s’agit pour l’essentiel d’entreprises familiales. La quasi-totalité des fonds propres pro- vient d’arrangements personnels avec des parents et partenaires. Une part importante du patrimoine de la famille est engagée

Pour être éligible au

marché bour- sier, la société

doit s’ins- crire dans un cercle

vertueux de croissance et de rentabilité.

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