Marie-Claire et André Lalonde, les bâtisseurs d’espoir
comme chez nous là-bas. Nousmangeons à la
très mauvais état, davantage des abris que des
gés, des stylos, des cahiers, qu’ils distribuent
benjamin.vachet@eap.on.ca
cubaine avec les gens de là-bas. Nous tra-
endroitspourvivre.«Onavaitdéjàfaitdestours
égalementdanslevoisinagepouressayerd’évi-
S T
-I SIDORE
vaillons pendant la journée et rentrons le soir
organisés où ils nous faisaient visiter des mai-
ter les jalousies.
à l’hôtel. »
sons et où on laissait de l’argent sans savoir à
Pour les aider dans leur mission, ils ont pu
S’ils avaient déjà contribué à aider des
Depuisquatreans,Marie-ClaireetAndré
quoi il servait. Là, c’était différent. On a discuté
compter sur le client qui leur a fait connaître
familles dans leur communauté, ces résidants
Lalonde ne font pas qu’aider une famille de
avec la jeune femme qui parlait un peu anglais.
Alinaetqui,àdeuxnouvellesreprises,leurafait
deSt-Isidoreneregrettentpasdes’êtreengagés
Cuba.Depuisquatreans,ilsluibâtissentun
Pour le reste, sa jeune fille de 11 ans traduisait.
passer de l’argent. D’autres personnes à qui ils
danscetteaventure.«J’aidûexpliqueràAlina
avenir et lui donnent bien plus que de
»
ontparlédeleuraventureontégalementvoulu
que nous n’étions pas millionnaires et qu’au
l’argent.
Touchés par l’histoire d’Alina et par ses
participer financièrement. Modestes, ils préci-
Canada aussi, il y a des gens pauvres, raconte
Comme beaucoup de leurs concitoyens,
deux enfants, Ana-Maria et le nouveau-né Les-
sent : « Chaque contribution compte. Et puis,
Marie-Claire. Mais je conseille aux gens qui
Marie-Claire et André Lalonde délaissent
ter,lecouplen’hésitepasunesecondeàvouloir
nous ne sommes pas les seuls gens à aider une
veulentaideretappuyerunefamilledenepas
souvent le rude hiver canadien pour aller se
aiderAlina.«Nousvenionsdeluiremettreune
famille là-bas. Par contre, nous sommes les
le faire une seule fois, car les résultats sont
somme de 883 pesos convertibles, ce qui repré-
ressourcer au soleil. Pas tant par goût des
seuls à travailler! ».
presque nuls. Il faut continuer pour bâtir quel-
sports de mer, ni pour le charme des plages,
sentaitbeaucoupquandonserendcompteque
Tout juste de retour de leur dernière visite à
que chose de vraiment solide, qui va les aider
son mari, qui travaillait dans une fromagerie,
bienquel’îlecubaineprésentebiendesattraits
Cuba, ils ont encore pu apprécier les progrès
et fera vraiment une différence ». Une maison
gagnait 10 pesos par mois. C’était près de huit
touristiques.
accomplisetprojettentdepeut-êtreyretourner
est sans doute un bon exemple.
Au cours d’un de leur récent voyage, en
ans de salaire.Mais on savait aussi que, si on se
au printemps. « Nous nous sentons un peu
contentait seulement de donner cet argent, elle
2008, c’est un autre aspect de Cuba qu’ils ont
nepourrait jamaisfinirsamaison,commenous
découvert,dugenrequivouschangeàjamais.
«UndemesclientsquirevenaitdeCubanous
en avions vues plusieurs autour. Ça n’aurait
avait confié la mission de remettre un don à
servi à rien et ça ne l’aurait pas aidée. Nous
une jeune femme qu’il avait rencontrée en
avons donc décidé de continuer à la soutenir ».
marchantdanslamontagnealorsqu’elleétait
En filigrane, le couple de St-Isidore évoque
accompagnée de son enfant. Ils avaient dis-
aussi leur jeune fille, décédée à l’âge de 14 ans
cuté et elle lui avait expliqué que, depuis le
etqueleurrappellela jeuneAna-Maria.«Nous
dernier ouragan, le toit de samaison avait été
voulons pouvoir l’aider, lui donner un avenir,
luipermettred’alleràl’universitéetdevolerde
arraché.Illuiavaitalorspromisdeluienvoyer
de l’argent pour l’aider à s’en construire une
sespropresailes.Récemment,ellenousaconfié
vouloir devenir professeur d’anglais. Ça nous
nouvelle.Ilssavaientquenousdevionsyaller,
touche! »
alors il nous a demandé de l’apporter pour
êtresûrquelasommeseraitutiliséepourça»,
Bâtir un avenir
En retournant chaque année dans le village,
raconte Marie-Claire.
Fidèles à leur engagement,Marie-Claire et
Marie-Claire et André Lalonde apportent des
AndréLalondeontainsidécouvertunepartie
fonds pour poursuivre la construction de la
de l’île qu’ils ne connaissaient pas. « Mon
maison, mais ils relèvent aussi leurs manches
client m’avait fait un plan avec un dessin et
et aident au travail sous la supervision d’un «
donné quelques indications sur la personne.
spécialiste » local.
Aprèsavoircherchéetvérifiéavecunephoto,
« Elle pourrait d’ores et déjà y vivre, et nous
nous l’avons finalement trouvée. C’était à 45
espérons que la maison soit bientôt terminée.
minutes de marche de notre hôtel, dans un
Elle fait près de 1 200 pieds carrés, avec trois
petit hameau de Santiago de Cuba, au sud de
chambres, une salle de bains, un petit coin
l’île », se souvient André.
cuisine, une salle à manger et un salon »,
Dans cette partie moins touristique, ils
détaille, dans un sourire, Marie-Claire.
découvrent une autre réalité : des maisons en
Ils apportent également des vêtements usa-
Photo : Benjamin Vachet
Marie-Claire et André Lalonde, de Saint-Isidore.
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