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ECONOMIE

DU 26/27/28/29/30 MARS 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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cette conjoncture difficile où l’économie est en quasi arrêt, est la situation des employés de l’informel. Cette catégorie de travailleurs est dans une précarité telle que dans la conjoncture qui prévaut, marquée par le confine- ment obligatoire (cession de la plupart des activités), elle est dépourvue de revenus pour faire face aux dépenses de première nécessité. Objectivement, il est impossible de demander le confi- nement des salariés du secteur informel sans assurer à ceux-ci une source de revenu. F.N.H. : Justement dans le cadre de la réforme de la Caisse de compensation, il était question de procéder au ciblage des personnes vul- nérables afin d’instaurer un système d’aides directes. Existe-t-il un lien entre le retard de la création du Registre national de la population et celui du dispositif d’aide aux personnes travail- lant dans le secteur informel auquel vous faites allusion ? N. A. : Il est clair que la réforme de la Caisse de compensation allait impacter le pouvoir d’achat des classes pauvres et moyennes. D’où l’idée à l’époque de procéder aux aides directes au profit des populations vulnérables économiquement. Le système des aides directes n’a pas été mis en place. Ce qui m’amène à dire que les pouvoirs publics ne procèdent pas aux réformes nécessaires en temps opportun.

« Les employés de l’informel, l’élément fondamental»

L’instauration du méca- nisme des aides directes dans le sillage de la réforme de la Caisse de compensation aurait per- mis d’aller très vite dans la situation actuelle où il est crucial d’adopter les mesures d’accompagne- ment au profit des salariés non affiliés à la CNSS qui exercent dans l’informel. Pour rappel, dans l’optique

Aujourd’hui, il existe un indice de taille traduisant une forte pression sur les réserves de change du pays.

◆ Dans cette période de confinement obligatoire, le mécanisme de soutien au profit des salariés du secteur informel pourrait, dans un premier temps, se ser- vir de la liste des bénéficiaires du Ramed. ◆ En élargissant la cible des bénéficiaires à 2 millions de ménages (entre 8 et 10 millions de personnes), le coût mensuel de cette aide ponctuelle se chiffre à 4 Mds de DH. ◆ Dans cet entretien, Najib Akesbi, professeur et économiste, aborde égale- ment l’impact du quasi arrêt de l’activité économique sur le taux de croissance et la pression sur les réserves de change.

de mettre en place le système précité, l’établissement de la liste des bénéficiaires était proposée, sachant que celle-ci pouvait s’appuyer sur celle du Ramed. F.N.H. : Aujourd’hui comment gagner du temps pour identifier les salariés du secteur informel qui ont besoin d’un coup de pouce financier dans cette période de confinement ? Et qu’en est-il de l’implémentation de ce soutien sur le plan opérationnel ? N. A. : Le mécanisme de soutien au profit des salariés du secteur informel peut dans un premier temps se ser- vir de la liste des bénéficiaires du Ramed. Il est évident qu’aujourd’hui, ceux-ci ont besoin d’aide. Très concrètement, en s’alignant sur les mesures prises au profit des salariés du secteur formel, avec le ver- sement mensuel de 2.000 DH au profit d’1 million de ménages (4 à 5 millions de personnes), le coût total de cette mesure s’élève à 2 Mds de DH par mois. En élargissant la cible à 2 millions de ménages (entre 8 et 10 millions de personnes), le coût mensuel de cette aide ponctuelle se chiffre à 4 Mds de DH. Ce qui est tout à fait soutenable au regard des sommes susceptibles d’être collectées au titre du Fonds de solidarité pour la

prise de conscience suffisante de la gravité de la situa- tion. Ce qui n’occulte pas le fait que le secteur de la santé a été négligé pendant des années sous le poids de l’orthodoxie néolibérale. Pour ce qui est de l’accompagnement des entreprises dans cette période en proie à la pandémie du coronavi- rus, l’inquiétude ne doit pas être de mise car la CGEM continuera de faire le nécessaire. D’ailleurs, l’on voit très bien que les premières mesures prises par le Comité de veille économique (CEV) afin de soutenir les secteurs impactés par le coronavirus concernent les entreprises ainsi que les salariés exer- çant dans le secteur formel. A mon sens, l’élément le plus fondamental pendant

Propos recueillis par M. Diao

Finances News Hebdo : Quelle lecture faites- vous sur l’ensemble des mesures prises par l’Exécutif et aussi dans le cadre du Comité de veille économique afin de permettre au pays d’atténuer les chocs induits par la progression du coronavirus ? Najib Akesbi : Dans les circonstances actuelles, les efforts de l’Etat doivent être orientés à trois niveaux. Il s’agit de l’aspect médical, l’accompagnement des entreprises et l’aide aux ménages. Sur le plan médical, j’estime aujourd’hui qu’il y a une

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