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ECONOMIE DU 26/27/28/29/30 MARS 2020 FINANCES NEWS HEBDO

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gestion de la pandémie du coronavirus (40 Mds de DH). En d’autres termes, il suffirait de consacrer le tiers de ce Fonds à la catégorie de travailleurs précitée pour couvrir la période critique pouvant durer 3 mois. Sur le plan pratique et opérationnel, un système articulé autour d’un nom pour chaque ménage, un numéro de téléphone et un code de retrait peut faire l’affaire, sans l’existence de lourdeurs administratives et de risques de fraude. Un simple sms indiquant l’heure et le code, adressé à l’intéressé, permettrait le retrait sécurisé du montant de 2.000 DH. A l’évidence, il faudra veiller à ce qu’il y ait plusieurs points de distribution (agences bancaires, poste, éta- blissements de paiement, etc.) afin d’assurer la facilité des transactions. La rapidité de l’opération de retrait est un critère fonda- mental dans cette période de confinement où les sorties sont strictement limitées et les attroupements fortement déconseillés voire interdits. F.N.H. : Quel crédit accordez-vous aux prévi- sions du Centre marocain de conjoncture (CMC) qui table sur un fort repli du taux de croissance pour l’année 2020 (0,8% du PIB) à cause de la sécheresse et de la propagation de la pandémie aussi au bien au Maroc qu’à l’échelle interna- tionale ? N. A. : Tout exercice prévisionnel ne vaut que par les hypothèses sur lesquelles il a été fondé. En l’état actuel des choses, toutes les institutions de prévisions écono- miques sont dans le flou total. Aujourd’hui, les hypo- thèses permettant de déterminer le taux de croissance de notre pays sont toutes très incertaines. Aussi paradoxalement que cela puisse paraître, la seule chose que l’on sait est que la campagne agricole de cette année sera très mauvaise. Cette certitude remonte au mois de février. Les années précédentes, jusqu’au mois de mars, il était encore difficile de savoir si la campagne agricole allait être bonne ou mauvaise. Les

pluies de ces derniers jours ne sauveront pas la situation agricole de cette année. Au mieux, ces précipitations seront bénéfiques pour le végétal, notamment pour l’aliment du bétail. Ceci dit, les modèles économétriques permettant de déterminer le taux de croissance intègrent parfaitement la particularité de la variable agricole dépendante de la pluviométrie. En revanche, le quasi arrêt de l’activité économique auquel on assiste actuellement, sera lourd de conséquences sur le niveau du taux de croissance qui reste très incertain. Faudrait-il rappeler qu’il existe quatre canaux de trans- mission de la crise internationale à l’économie maro- caine. Il s’agit du commerce extérieur, le tourisme, les transferts des MRE et les IDE. Pour l’heure, on constate que les principaux partenaires économiques du Maroc (Espagne, France, Chine) sont les plus impactés par la progression du coronavirus. L’une des conséquences de la sécheresse sera éga- lement l’importation massive de produits alimentaires (céréales). Pour ce qui est du tourisme, certaines pré- visions font d’ores et déjà état d’un recul de 40% du nombre de touristes. A mon sens, il faudra s’attendre à une baisse supérieure à celle annoncée. L’année 2020 risque d’être catastrophique pour le tourisme même si la situation s’améliore d’ici le mois de mai. La pandémie gagne énormément de terrain au niveau de l’arc latin (Europe), composé de l’Espagne, l’Italie et la France. Ces trois pays qui abritent le plus grand nombre de MRE sont les économies les plus impactées par la propagation du coronavirus. Cette situation ne sera pas sans conséquence sur le niveau des transferts des MRE qui diminueront cette année. Toujours dans le cadre des canaux de transmission évoqués plus haut, les IDE observaient déjà un trend baissier, sous l’effet de la crise mondiale. Aujourd’hui, on assiste à une reconfiguration mondiale des stratégies d’investissements internationaux ainsi que celle des chaînes de valeur. La régionalisation prend le pas sur

En l’état actuel des choses, toutes les institutions de prévisions éco- nomiques sont dans le flou total.

la mondialisation. La nouvelle donne internationale se traduit négativement sur les flux d’IDE. Au regard de ce qui précède, il est clair que la situation économique du pays sera lourdement impactée par les quatre canaux de transmission. F.N.H. : Les réserves de change ne risquent- elles pas de fondre substantiellement à cause de la configuration économique qui prévaut ? N. A. : La situation décrite plus haut est défavorable aux réserves de change. D’ailleurs, j’estime que le deuxième élargissement de la bande de fluctuation du Dirham, acté récemment, est inopportun voire imposé sans raisons objectives par le FMI, lors de la visite de sa Directrice générale, Kristina Georgieva en février au Maroc. Pour preuve, il y a près de deux ou trois mois, le wali de Bank Al-Maghrib avait lui- même annoncé que toutes les conditions n’étaient pas réunies pour procéder au deuxième élargissement de la bande de fluctuation du Dirham. Aujourd’hui, il existe un indice de taille tra- duisant une forte pression sur les réserves de change du pays, qui doivent d’abord servir pour l’importation des produits énergétiques et alimentaires. Le Directeur général de l’Administration des douanes et des impôts indirects a exhorté récemment les importateurs de voi- tures de réduire au maximum leurs achats de véhicules à l’étranger. ◆

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