FNH HD

22

ECONOMIE

DU 26/27/28/29/30 MARS 2020 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

d’entreprises impactées par l’avancée du Coronavirus en bénéficie. Aux grands maux, les grands remèdes. Je suis de l’avis que cette mesure soit appliquée à toutes les entreprises sans exception. F.N.H. : L’activation d’une ligne supplémentaire de crédit de fonctionnement octroyée par les banques et garantie par la CCG est-elle de nature à amortir le choc induit par le coronavirus pour les sociétés ? A. E. : Cette nouvelle offre est pertinente d’autant plus qu’elle permettra au tissu entrepreneurial de faire face aux charges fixes pendant la période du confinement et même après. Cette ligne supplémentaire de crédit sera un réel ballon d’oxy- gène pour les entreprises les plus impactées, notamment celles qui seront dans l’impossibilité de demander à leurs salariés d’effectuer le télétravail. Je reste optimiste quant à la flexibilité des critères d’octroi de crédits issus de cette nouvelle ligne. Le programme Intelak, lancé récemment, conforte amplement les efforts de l’Etat et des établissements bancaires en matière d’assouplissement des conditions d’octroi de crédits bancaires. Aujourd’hui, il est sans conteste que l’offre de financement destinée aux entreprises est plus large et accessible. Ce qui constitue un rempart contre l’effritement du tissu entrepre- neurial, pourvoyeur d’emplois et créateur de richesse pour notre pays. F.N.H. : Cette période particulière a poussé des entrepreneurs à demander aux grandes entreprises d’avancer les paiements de leurs fournisseurs, notamment les TPE et PME ? Que pensez-vous de cette suggestion ?

Comment amortir le choc pour les entreprises ◆ Il faudra aller plus loin en ce qui concerne les mesures d’accompagnement des entreprises face au Coronavirus. ◆ Une réflexion doit être menée afin de trouver des solutions réalistes pour les employés percevant de gros salaires. ◆ Ahmed Elazraq, Directeur général de la société technolo-gique GTEL, qui alerte sur les implications de cette période exceptionnelle, propose quelques pistes.

A. E. : Le contexte actuel remet en selle le sempiternel sujet des délais de paiement au Maroc. Il ne faudrait pas se voiler la face. Même les grandes entreprises pour- raient alléguer le fait qu’elles ont également des difficul- tés de trésorerie dans les circonstances actuelles où l’activité économique est au ralenti. A mon avis, toutes les entreprises qui ont la capa- cité de régler leurs fournis-

Trois mois de diffé- ré est un délai non négligeable pour la trésorerie d’une TPE ou PME.

garder à l’esprit qu’une baisse prolongée de l’activité suite au confinement amènera bon nombre d’entreprises à ne pas pouvoir verser les gros salaires, notamment ceux supérieurs à 20.000 DH par mois. L’indemnité de 2.000 DH mise en place par le CVE en faveur des salariés affiliés à la CNSS, en situa- tion d’arrêt de travail, est une solution pour les petits salaires (SMIG) et non pour les grandes rémunérations. F.N.H. : Comment accueillez-vous l’instauration du moratoire pour le remboursement des crédits ban- caires et de leasing pour les entreprises en difficulté jusqu’au 30 juin 2020 ? A. E. : Cette disposition est intéressante car trois mois de dif- féré est un délai non négligeable pour la trésorerie d’une TPE ou PME. A mon sens, l’effort du Groupement professionnel des banques du Maroc (GPBM) est à saluer dans la période difficile que tout le pays traverse. Les conditions d’éligibilité doivent être claires, le plus flexibles possible et adaptées au contexte actuel pour qu’un maximum

seurs à temps doivent le faire. Le support financier de l’Etat est certes indispensable mais il est crucial, pour les jours à venir, que les entreprises fassent aussi preuve de responsabilité en s’acquittant de leurs dus envers leurs fournisseurs à temps. Ce qui pourrait contribuer à amortir le choc induit par le coro- navirus sur l’activité des sociétés. La question des avances doit être formalisée au niveau de la CGEM dans le cadre d’une convention entre les grands donneurs d’ordres et les TPE et PME, avec un appui politique de la part de l’Etat. Ceci dit, les chefs d’entreprise et les salariés seront confrontés à la réalité. Dans cette période difficile, il est clair que les patrons d’entre- prise ne pourront pas être larges comme avant. Les jours non travaillés risquent de ne pas être payés. L’hypothèse de la réduction des effectifs au niveau de certaines entreprises n’est pas à écarter. Cette période exceptionnelle doit être une invi- tation à la solidarité entre les chefs d’entreprise et les salariés qui en réalité sont dans le même bateau. Les employés doivent aussi constituer une force de propositions afin d’atténuer les effets de cette pandémie sur l’activité des entreprises. ◆

Propos recueillis par M. Diaou

Finances News Hebdo : Quelle appréciation géné- rale faites-vous des différentes mesures prises par le Comité de veille économique en faveur des entre- prises suite à la progression du coronavirus au Maroc ? Ahmed Elazraq : L’initiative est certes louable mais les mesures prises en faveur des entreprises restent insuffisantes car la période exacte de confinement est en réalité inconnue. Il en est de même pour celle de la mise entre parenthèses de l’activité de plusieurs TPE, PME et grandes entreprises (GE). Il faudrait une autre vague de nouvelles mesures d’accompa- gnement sur les volets social (cotisation CNSS) et fiscal afin de permettre aux entreprises de faire face aux conséquences de cette pandémie. Une réflexion doit être menée afin de trouver des solutions réalistes pour les employés percevant de gros salaires. Ceux- ci risquent d’être contraints à l’inactivité durablement. Il faut

Made with FlippingBook flipbook maker