FNH HD

S OCIÉTÉ

28

DU 26/27/28/29/30 MARS 2020 FINANCES NEWS HEBDO

www.fnh.ma

Coronavirus Aux premiers jours du confinement

◆ Epidémie oblige, les Marocains sont contraints de rester chez eux, entre quatre murs, dans l’attente de jours meilleurs. Les témoignages recueillis en disent long sur leur état d’esprit actuel.

Par R. K. Houdaifa (Stagiaire)

Casablanca, quasi-déserte, un nour de confinement.

S ur le marché de Benjdia, il y a moins de monde que la veille (samedi 21 mars 2020), mais les clients s'agglu- tinent autour des étals. « Et en plus quelques-uns toussent », se plaint un homme, la quaran- taine pimpante. Les masques généralisés, les commerçants gantés nous servent. Certaines personnes sont extrêmement vigilantes, d'autres ne le sont pas, s’in- surge une femme, avant d'ajou- ter «i ls sont adultes. On ne peut pas éduquer des adultes ! ». En passant, un homme lance « Dieu est en colère, la preuve est là ! ». Certains de nos compatriotes ont eu du mal à rester confinés. D’aucuns avaient un sac pour les courses mais ne semblaient pas pressés d’entrer, d’autres étaient juste là profitant du bon temps, un air de vacances que

la police a interrompu bien sûr. Les forces de l’ordre ont dès lors commencé à vider progres- sivement les lieux. Le confinement décidé par l'Etat afin de freiner la transmission du virus est une mesure qui exige de renoncer à des libertés individuelles pour le bien de la collectivité en premier lieu. Est- ce difficile pour les individus

de penser aux autres avant de penser à eux-mêmes ? Oui, selon Meriyem, qui témoigne que certaines per- sonnes n'ont pas compris ce qu'est un confinement. Pis encore, l’ampleur de la gravité. « Wa Lmgharba (ô Marocains ndlr), le monde entier est en crise, mensonge ou pas, ce sont des vies que nous per-

dons chaque jour, ce sont des cas en augmentation. Il est où votre sens de responsabilité. Nous sommes en guerre, et cette fois-ci vous n’êtes pas appelés à sortir défendre votre pays, mais à rester tout simple- ment à la maison ! Profitez-en, et réconciliez-vous avec vous- mêmes », s’indigne-t-elle suite aux scènes vues dans plusieurs régions du Maroc (Fès, Tanger) qui laissent pantois. Une telle vision est partagée par un comptriote, qui déplore que « les gens ne comprennent pas qu'il faut avoir un seul document par foyer. Et ce, afin d’éviter au maximum la circula- tion; mais malheureusement on trouve 4, 5 voire 6 documents par maison. Résultat, plusieurs personnes sortent…Quant à moi, j'essaie de lire, de me connecter avec moi-même…, je m’occupe. J'ai commencé à découvrir la vie et sa beauté ». Il faut comprendre que si on se confine, c'est pour cerner le virus. Tant que les gens n’au-

ront pas bien saisi la situation, les mesures seront difficiles à mettre en place, lance un offi- cier. Les forces de l'ordre se chargeront de faire comprendre les consignes aux Marocains rapidement, dit ironiquement un jeune au visage masqué. Imane, coach production, affirme quant à elle être «heu- reuse d'apprendre la décision du confinement». « Je passe le week-end confinée chez moi, et quand je sors pour travailler, je prends toutes les précautions nécessaires. J'espère que tout le monde fera de même : sor- tir seulement par obligation et avec précaution », poursuit-elle. Balzac, dans «Eugenie Grandet», disait «la foi qui sauve n’est rien d’autre que la connaissance». Armez-vous de connaissance. Jean-Gabriel Zufferey dans «Les corps» résuma la vie comme «invi- sible à l’œil nu», et Maupassant écrivait «n’est jamais si bon ni si mauvais qu’on croit» … Ne baissons pas les armes. ◆

L’injonction est claire : «Restez chez vous». Mais des exceptions sont tolérées, à condition de produire une attestation sur l’honneur dûment signée par les agents d’autorité (moqadem) de votre commune. Sont autorisés les trajets entre le domicile et le lieu de l’activité professionnelle, les «déplacements pour motif de santé». On peut donc continuer à aller chez le médecin. Sont également autorisés les «déplacements pour effectuer des achats de première nécessité». On peut se rendre dans des magasins alimentaires, aux pharmacies, banques, bureaux de tabac et stations-service. Dans la file d’attente, il faut respecter le mètre de «distanciation sociale». Mieux vaut rester dans son quartier et faire tous ses achats d’un seul coup. Dorénavant, pour circuler, obligation de produire l'autorisation de déplacement exceptionnelle

Made with FlippingBook flipbook maker